Le carton jaune du Conseil de sécurité, à l’initiative de samy badibanga

Vendredi 12 décembre 2014 - 09:22

Après les Etats-Unis d’Amérique qui par la voix du secrétaire d’Etat John Kerry ont toujours clairement dit leur op¬position à tout tripatouil¬lage de la constitution dans le but d’accorder un troisième mandat à Joseph Kabila, après les Britanniques, et l’Union européenne qui sont sur la même ligne, c’est au tour de l’ONU de s’inviter dans le débat. Par la voix du président du Conseil de sécurité, la puissante organisation mondi¬ale exige l’organisation d’élections conformé¬ment à l’ordre consti¬tutionnel. Plus grave, elle conditionne, pour la première fois, tout sou¬tien logistique à la trans¬parence du processus électoral, notamment par la publication d’un calendrier global, clair et budgétisé. Les thuriférai¬res du régime, chauds partisans de la révision de la constitutionnelle, ont froid dans le dos. A la manoeuvre depuis plu¬sieurs mois pour obtenir des pressions accrues, voire des sanctions, con¬tre le régime s’il s’entête dans le schéma pro-révision, Samy Badiban¬gaest heureux de voir son combat couronner de succès. Pour autant, il appelle à redoubler de vigilance.

L’ONU vient donc de rejoin¬dre le camp anti-révision constitutionnelle en RDC. Dans sa déclaration du mois de novembre, le président du Conseil de sécurité, le diplomate australien Gary Quinlan, a été on ne peut plus clair : «Le Conseil rap¬pelle qu’il incombe au gou¬vernement de la République démocratique du Congo et à ses partenaires nation¬aux d’assurer un proces¬sus électoral transparent et crédible. Il demande la pub¬lication d’un calendrier élec¬toral et d’un budget détaillé, et souligne qu’il importe de planifier et préparer pleine¬ment et en temps utile les prochaines élections parle¬mentaires et présidentielle. Le Conseil rappelle réaffirme l’importance d’élections li¬bres, régulières, pacifiques et ouvertes à tous, qui re¬spectent la volonté du peu¬ple congolais et soient con¬formes aux engagements que la République démocra¬tique du Congo a pris dans l’Accord-cadre en vue de favoriser la réconciliation, la tolérance et la démocratisa¬tion».

Elections conformes à la constitution
Déjà, l’organisation mondi¬ale prend le gouvernement congolais à contre-pied en insistant sur la tenue des élections législatives et présidentielle alors les Kabilistes, l’abbé Apollinaire MuholongoMalumalu et sa CENI en tête, privilégient les élections locales dans le secret dessein de repouss¬er la présidentielle au-delà de 2016.Ça, c’est pour les principes généraux. Mais le président du Conseil de sé¬curité précise : «Le Conseil souligne que le bon déroule¬ment d’élections crédibles et conformes à la Constitu¬tion nationale sera déter¬minant pour la poursuite de l’action visant à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit en République démocratique du Congo et à établir une paix et une stabilité dans la ré¬gion». Insister sur la «con¬formité des élections à la constitution» indique claire¬ment l’opposition au tripa¬touillage de la loi fondamen¬tale. Traduction libre : deux mandats, et puis s’en va !

Détail d’importance capitale : pour la première fois, la communauté internation¬ale menace et conditionne son aide. La déclaration du président du Conseil de sé¬curité poursuit : «Le Conseil rappelle par ailleurs que la MONUSCO ne pourra ap¬porter un soutien logistique qu’après l’adoption d’une feuille de route et d’un bud¬get pour les élections. Il rappelle également que cet appui sera évalué et réex¬aminé en continu au regard des progrès accomplis par les autorités congolaises dans la gestion du pro¬cessus électoral, selon les critères énoncés au para¬graphe 16 de sa résolution 2053 (2012)».

Etape de sanctions
Le président du plus grand groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, le groupe UDPS et Alliés, et de ce fait leader de l’opposition parlementaire congolaise, Samy Badibangas’est dit satisfait par cette prise de position. Contacté par notre journal, il rappelle son in¬terview au site de Jeune Af¬rique en juillet dernier, qu’il avait conclue par ces propos péremptoires : «je ne pense pas que les pressions actu¬elles sont suffisantes. Nos partenaires devraient pass¬er à l’étape de sanctions». C’était après avoir réalisé une tournée de plusieurs capitales européennes pour obtenir davantage de pres¬sions sur le régime afin de le dissuader de réviser – ou de changer – la Constitution. En février 2014, il était pas¬sé au Parlement européen où il avait rencontré le coor¬donnateur de l’Union euro¬péenne, M. Verbeeck, avant d’animer une conférence sur le thème: “RD Congo, quel avenir?” C’était dans la salle 3G3 du Bâtiment Spinelli au parlement européen. C’était sur invitation du député socio-démocrate allemand Norbert Neuser, sous la mo¬dération de l’ancien dépu¬té européen Ecolo, Frank Schwalba-Hoth, qui a dirigé par le passé le groupe Ecolo au Parlement européen.
À l’issue du Sommet Af¬rique-USA où il a été in¬vité, M. Badibanga a multi¬plié des rencontres de haut niveau aussi bien avec les dirigeants américains que les responsables de l’ONU. Il a ainsi rencontré Mme Linda Thomas Greenfields, secrétaire d’Etat adjointe chargée des Affaires afric¬aines, la numéro un des Affaires africaines au Dé¬partement d’Etat, ainsi que son adjoint David Gilmoor, le sous-secrétaire d’état américain chargé des Affair¬es africaines.Par la suite, il se rend au Sénat rencontrer six sénateurs membres de la commission des affaires étrangères, avant d’aller au cabinet du SG de l’ONU Ban Ki-Moon. Partout, il a ap¬porté le même message : plaider pour des pressions accrues sur le régime Kabila pour le respect de la Consti¬tution.

Un Tsunami vient de Par¬is
Pendant que l’ONU entre vigoureusement dans le débat constitutionnel rd¬congolais, un autre tsu¬nami souffle violemment depuis Paris en direction de l’Afrique. Dans le viseur : les dirigeants du continent qui veulent changer la con¬stitution pour se maintenir perpétuellement au pou¬voir. A la veille du XVème sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Dakar, tout comme à la tribune dans la capitale sénégalaise, le président français y est allé à l’artillerie lourde. D’abord : «Là où les règles constitu¬tionnelles sont malmenées, là où les libertés sont ba¬fouées, là l’alternance est empêchée, les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace fran¬cophone le soutien néces¬saire pour faire prévaloir la démocratie, le Droit et la justice». Avertissement on ne peut plus clair sur le sou¬tien que la France apportera aux forces pro-démocratie. Ensuite : «La Francophonie est soucieuse des règles en démocratie, de la liber¬té du vote, du respect des lois constitutionnelles et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples à des élec¬tions libres». En enfin : «Ce qu’a fait le peuple burkinabè doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel».
Pour peu, il ne faudrait nul¬lement prendre ces propos à la légère. La France, est ce pays qui a eu le courage de demander prestement à Blaise Compaoré de respect¬er la constitution de son pays. Avant de l’héliporter vers la Côte d’Ivoire pour l’empêcher de réprimer son peuple et de finir capturé ou tué. La France, c’est encore le pays qui vient d’abriter la première rencontre d’opposants africains. Ve¬nus du Congo-Brazzaville, de République démocratique du Congo, du Burundi, de Centrafrique, du Bénin, du Gabon, du Sénégal et de Guinée équatoriale, les op¬posants réunis à Paris ont exigé le respect des textes fondateurs, l’organisation d’élections libres et le re¬spect du caractère républic¬ain des armées. On y a noté, notamment, la présence de Samy Badibanga (président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, RDC), Pan¬crace Cimpaye (Front pour la démocratie au Burundi, FRODEBU, Burundi), le Dr Jean Aimé Kongbre (président du Conseil des Centraf¬ricains de l’étranger, Centra¬frique), SidyFall (président pour la France du Mouve¬ment pour le socialisme et l’unité, MSU, Sénégal), RaimundoElaNsang (SG de la Coalition d’opposition pour la restauration d’état démocratique, CORED, Gui¬née Equatoriale).

 

Bannière 1xBet Catfish