Maintien des filles enceintes à l'école : Des avis partagés au sein de la société civile

Mercredi 16 juillet 2025 - 08:30
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Le ministère de l'Éducation nationale a recommandé aux établissements scolaires, à travers une note circulaire rendue publique, lundi 14 juillet 2025, de maintenir les filles enceintes à l'école, s'appuyant sur les engagements nationaux et internationaux en faveur de l'éducation inclusive et de l'égalité de Genre, en vue de barrer la route à l'abandon scolaire des filles une fois grosses.

Une mesure approuvée par une frange de la société civile qui a longtemps milité pour l'égalité de Genre dans tous les domaines de la vie.

« Nous saluons cette décision avec responsabilité et espoir, car cette décision constitue une opportunité de renforcer notre mission d'accompagnement et de plaidoyer des personnes vulnérables. Nous l'accueillons comme un signal fort en faveur de la justice, de l'équité et du respect des droits humains. Notre rôle sera d'assurer que cette décision produise des effets sur le terrain », a laissé entendre Carlin Vese Pindi, sociologue et Expert en Genre.

Pour Ruphine Kanza Ndolumingu inspecteur d'État à l'Éducation nationale, cette décision rend justice à la jeune fille enceinte autrefois stigmatisée.

« Je considère qu'accepter les filles enceintes à l'école, c'est le moindre mal. C'est dans la mesure où cela va promouvoir l'éducation pour tous. Je me dis si on doit vraiment punir la jeune fille, c'est parce qu'elle est enceinte ou parce qu'elle a eu des relations sexuelles avant le mariage. Par ce que l'égalité voudrait que la fille et le garçon qui l'a engrossée soient punis », a-t-elle expliqué.

Tout est question d'encadrer cette mesure, suggère Josiane Mpolo Balemgbe activiste sociale œuvrant dans l'éducation.  D'où cet appel à l'endroit des décideurs et des écoles.

« La grossesse n'efface en rien le potentiel. J'ai eu à lire différents commentaires comme quoi cela serait la porte ouverte aux grossesses dans les écoles. Je comprends les craintes. À l'État d'être responsable en créant un cadre pour renforcer la sensibilisation, la prévention à la vie affective et sexuelle. Et cette mesure remet l'école dans son rôle principal qui est d'instruire, d'éduquer et d'émanciper et non de juger d'une situation », a-t-elle laissé entendre.

S'il faut respecter les engagements pris en termes d'égalité du Genre à travers cette décision, Guylain Murhula, coordonnateur du programme pour le Congo, un programme d'éveil de la conscience nationale en RDC, voit en elle une brèche ouverte à la dépravation des mœurs.

« Je pense que le gouvernement devrait réfléchir sur la création des structures spécialisées devant accueillir ces enfants. Cet enfant aura quel rendement ? Par ce que frustré devant les autres en classe. Il faudrait qu'on donne aussi à ces écoles les moyens d'organiser les cours de suivi rapprochés et spécialisés à ces enfants primipares. Les caprices de la grossesse, cet enfant portera quel uniforme par rapport aux autres? quelle éducation on veut donner aux autres assis à ses côté ? », indique-t-il .

Ce dernier a par ailleurs fustigé une acculturation européenne  sur tous les plans.

Christel Insiwe

 

AfroPari Juillet 2025