Le gouvernement a mis les petits plats dans les grands pour célébrer ce mercredi le 40e anniversaire de l'indépendance de l'Angola. Quelque 7 000 invités, dont 100 représentants de pays étrangers doivent assister au défilé militaire organisé sur la Marginale, le grand boulevard qui longe la baie de Luanda. Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l'économie anglaise s'est consolidée, mais n'a pas encore réussi à transformer la vie de la majorité de la population.
Après 40 ans d'indépendance, dont 27 ans de guerre civile, l'Angola s'est hissé lors des dix dernières années à la deuxième place des économies d'Afrique australe après l'Afrique du Sud, et à la cinquième place sur le continent, grâce au pétrole.
Le pays est aujourd'hui le deuxième producteur africain d'or noir après le Nigeria. II en tire 75% de ses recettes fiscales. Cette situation rend vulnérable l'économie angolaise, qui compte aussi sur d'autres produits d'exportation comme le gaz et le diamant.
Mais les 27 ans de guerre civile ont mis à genoux le secteur agricole. Alors que le pays est fertile, sa capitale, Luanda dépend de l'extérieur pour se nourrir et le pays importe aussi la majorité de ses biens de consommation et d'équipement.
Avec la baisse de la production pétrolière depuis fin 2013 et la forte chute du cours du pétrole depuis septembre 2014, les dirigeants angolais ont pris conscience de la nécessité de transformer une économie basée sur la rente en une économie ouverte et facilitant la compétitivité entrepreneuriale, notamment locale.
Mais il y a aussi un autre défi à relever : la bonne répartition des fruits de la croissance, qui restent aujourd'hui aux mains d'un petit cercle autour du pouvoir.
■ 40 ans d’indépendance… dont 36 ans de pouvoir de José Eduardo dos Santos
C’est en septembre 1979 que José Eduardo dos Santos accède à la présidence de l’Angola. 36 ans donc, sans élection présidentielle : celle 1992 est annulée à cause de la reprise de la guerre civile.
Puis en 2010 une réforme constitutionnelle est adoptée : le candidat du parti majoritaire accède automatiquement à la magistrature suprême. Ce parti, c’est le MPLA, une structure qui se confond aujourd’hui avec l’appareil étatique.
Après 27 ans d’une guerre civile alimentée par les deux grands blocs de la guerre froide, l’ex-rébellion de l’UNITA s’est rangée dans une opposition parlementaire sans grand pouvoir de décision.
Les revenus du pétrole ont permis à dos Santos de reconstruire le pays et ses infrastructures. Toutefois, un tiers des Angolais vit au-dessous du seuil de pauvreté. Cette situation s’aggrave aujourd’hui avec la chute des cours du pétrole qui a des conséquences graves sur l’emploi et le coût de la vie.
Les tentatives de contestations sont réprimées par une police dont Amnesty International dénonce régulièrement les méthodes. Mais une frange de la jeunesse qui n’a pas connu la guerre réclame plus de liberté et des voix contestataires commencent également à se faire entendre au sein du MPLA. Pour nombre d’observateurs l’Angola pourrait bien être à un tournant de son histoire.
Pour nous, cet anniversaire est entaché par des décennies de peur et de répression. De nombreux activistes, journalistes et militants des droits de l’homme sont en ce moment en prison pour avoir interpellé l’Etat angolais sur le respect des droits de l’homme. L’Etat angolais utilise la police et l’appareil judiciaire pour générer la peur et faire taire toutes les voix critiques qui s’élèvent.
Térésa Pina
Directrice d'Amnesty International Portugal