Après la publication du Gouvernement Matata II
Loin d’amener la cohésion nationale tant recherchée, le Gouvernement Matata II dont la publication est intervenue le 7 décembre 2014 suscite plutôt des mécontentements même au sein de la Majorité présidentielle.
Pour preuve, le Bureau politique de l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), parti membre de la Majorité présidentielle (MP) et qui se considère comme la troisième force politique (avec 43 députés nationaux et 3 sénateurs) au sein de cette famille politique se dit victime de plusieurs frustrations et injustices et solliciter l’arbitrage du Chef de l’Etat, Autorité morale de la MP, pour obtenir réparation.
C’est ce qui ressort de la réunion extraordinaire que le parti cher à Modeste Bahati Lukwebo a tenue le jeudi 11 décembre 2014 à la paroisse Notre Dame de Fatima, à Gombe, dont la salle de conférence a été prise d’assaut pour la circonstance par des milliers de militantes et militants venus de différents coins de la capitale.
Mécontents de voir que le poids politique de leur parti n’a pas été pris en compte dans la composition de la nouvelle équipe gouvernementale où l’AFDC ne se retrouve qu’avec un ministère de l’Economie dépouillé d’une partie de sa substance (le Commerce), les sympathisants de ce parti de la Majorité ont profité de cette rencontre pour exiger des explications à la direction du parti sur les nombreuses frustrations subies au sein de la MP.
Outre le président national a.i Placide Tshisumpa Tshakatumba, cette réunion extraordinaire a été aussi rehaussée par la présence de l »autorité morale de l’AFDC, M. Modeste Bahati Lukwebo, et des députés nationaux et sénateurs membres de ce parti.
Prenant le premier la parole, le président national a.i. a rappelé les multiples frustrations subies par l’AFDC au sein de la MP et les promesses non tenues depuis mai 2012.
Car, le poste de questeur de l’Assemblée nationale ainsi que les trois ministères promis à ce parti lors de la formation du Gouvernement Matata I n’ont jamais été concrétisés. La même frustration a été relevée concernant la présence souhaitée de l’AFDC à la CENI (Commission électorale nationale indépendante), ainsi que dans la composition de la nouvelle équipe Matata II où le poids politique de l’AFDC n’a été visiblement pris en compte.
La colère était tellement perceptible parmi les sympathisants de ce troisième parti de la Majorité que l’assistance a exigé que l’autorité morale s’exprime pour calmer les esprits.
Prenant la parole, Modeste Bahati a réaffirmé la loyauté du parti au Chef de l’Etat, Autorité morale de la MP. Et tout en appelant la base au calme, il a laissé entendre que la direction politique du parti a décidé d’adresser un mémorandum au Chef de l’Etat pour l’informer des préoccupations des militantes et militants de l’AFDC.
Ce mémo signé par Placide Tshisumpa, président national a.i. de l’AFDC, épingle quelques cas illustrant ce que ce parti considère comme des injustices. Il rappelle notamment que l’AFDC siège au Bureau politique de la Majorité présidentielle avec un seul membre pendant que les autres partis y siègent avec deux ou plusieurs membres. Situation qui n’a jamais été corrigée malgré les revendications et promesses faites par le Secrétaire général de la MP.
Le mémorandum rappelle aussi que le poste de questeur de l’Assemblée nationale initialement attribué à l’AFDC lors de la constitution du bureau de la Chambre basse a été injustement attribué à une autre formation politique qui n’a pas le poids de l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo.
Il relève aussi la réduction de l’unique ministère (Emploi, Travail et Prévoyance Sociale) attribué à l’AFDC sous le Gouvernement Matata I au rang de simple ministère alors qu’il devait avoir rang de ministère d’Etat ou de Vice-primature.
Le document épingle également le fait que l’AFDC a été privée du droit d’avoir un membre au bureau de la CENI, sans oublier la non prise en compte de la liste de ses délégués aux concertations nationales, à l’Inspection générale de la territoriale, au Conseil économique et social, dans la petite territoriale, et à l’ONIP.
Le parti cher à Bahati dit aussi n’avoir pas encore oublié les injustices et la confiscation des sièges de ses candidats régulièrement élus aux élections de 2011 par déni d’examen par la CENI.
Il considère aussi comme mépris le fait qu’il n’obtient que le ministère de l’Economie dépouillé du Commerce dans le Gouvernement Matata II, alors que le ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance Sociale est élevé au rang de vice-primature et confié à un parti qui a moins de députés et sénateurs que l’AFDC.
Tirant leçon de toutes ces injustices, ce parti de la Majorité réitère sa loyauté à Joseph Kabila et entend s’assumer face au mépris dont il est victime.
Par Dieudonné Mbuyi K.