La réplique de Matata sur le social des Congolais très attendue

Mercredi 28 octobre 2015 - 16:26

Des imperfections par rapport aux investissements dans les provinces, l’insuffisance des prévisions à 1’EPSP et le manque de financement de la Chute Katende ont été notamment relevés.

 

Sauf imprévu, le 1er ministre Augustin Matata Ponyo répond, ce mercredi 28 octobre, aux préoccupations soulevées par les députés nationaux lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale consacrée à la présentation et au débat général sur le projet de loi de finances de l’Etat pour l’exercice 2016.

 

Un des députés ayant pris la parole au cours de ce débat, Claudel André Lubaya, a déploré la manière dont le budget de l’Etat a souvent été adopté et la “singulière légèreté” avec laquelle ce document a toujours été exécuté en République Démocratique du Congo, estimant qu’il s’agit là d’une gouvernance à haute intensité de malversations.

 

Il a, ensuite, interpellé la représentation nationale sur la responsabilité qu’elle porte, en tant qu’autorité budgétaire, sur la vie, l’avenir et le devenir de la nation, avant d’observer que le gouvernement de la République ne prend nullement soin de lire ou de vérifier les documents qu’il signe. Selon Claudel André Lubaya, sur le fond comme sur la forme, le projet de budget 2016 est truffé de beaucoup d’imperfections.

 

A titre d’exemple, pour la seule province du Kasaï Central, dans la rubrique consacrée aux “ dépenses d’investissements sur transfert aux provinces “, le gouvernement prévoit la construction d’un tribunal de paix dans e territoire de Feshi, alors que ce territoire se trouve plutôt dans la province du Kwango. Le gouvernement prévoit la construction, au Kasaï Central, du stade Kashala Bonzala, dans la ville de Mbuji-Mayi, alors que cette ville se trouve dans la province du Kasaï Oriental. Dans les dépenses réservées au ministère de l’Environnement et conservation de la nature, le gouvernement prévoit des fonds pour investir près de 116 millions de Francs congolais pour construire la prison du territoire de Luiza, alors que la construction et la gestion d’une prison ne relève pas de la compétence de ce ministère.

 

Insérer le financement de la chute Katende

 

Dans le même ordre d’idées, Claudel André Lubaya a démontré que le gouvernement a classé la police judiciaire des parquets dans la rubrique des dépenses du pouvoir judiciaire, alors que ce corps relève plutôt du ministère de l’Intérieur.

 

A la lumière de ces observations, Claudel André Lubaya a conclu que le gouvernement fait comme si le budget était une simple formalité d’usage. Il a accusé l’exécutif national d’être totalement insensible aux aspirations légitimes de la population congolaise, particulièrement les habitants de nouvelles provinces issues du démembrement du grand Kasaï, où le problème d’électrification se pose âprement. Ce problème peut être résolu grâce à la construction de la centrale hydroélectrique de Katende, ainsi que la ligne de transport du courant électrique vers les centres de consommation. Le député est surpris de constater que, dans le budget 2016, aucune prévision n’est réservée à la construction de cette centrale dont les travaux ont été lancés depuis cinq ans par le président de la République. Il a demandé au gouvernement de remédier à cette situation, même si le financement desdits travaux provint des ressources extérieures.

 

Recettes non reprises dans le budget

 

A en croire e député Claudel André Lubaya, les prévisions budgétaires allouées à l’éducation nationale, notamment au sous-secteur de l’Enseignement primaire et secondaire, sont trop insuffisantes, alors que ce sous-secteur génère des ressources, à travers les imprimés de valeur qu’émet et vend le ministère de tutelle.

 

Ces imprimés sont notamment les bulletins des élèves, le certificat de fin d’études primaires, le diplôme d’Etat ou l’attestation tenant lieu dudit diplôme, le formulaire d’examen d’Etat, la participation à l’examen et au TENAFET, l’arrêté d’agrément ou l’autorisation de fonctionnement des écoles privées.., qui sont des actes générateurs de recettes dûment perçues par le ministère de l’EPSP, mais non reprises dans le budget sous examen.

 

L’élu de Kananga a demandé au 1er ministre d’expliquer à la représentation nationale le nombre d’élèves congolais bénéficiant de l’assurance pour laquelle chaque parent paie 100 FC ; le nombre d’écoles publiques informatisées et le nombre d’écoles publiques assainies pour lesquelles chaque parent paie 250 FC.

 

Il voudrait également connaître la raison pour laquelle chaque parent paie 300 FC par élève pour la supervision des activités scolaires, alors que l’Etat alloue à la rubrique” autres dépenses” les 2/3 des 15 % du budget. 2016 prévus pour le secteur de l’éducation.

« Savez-vous que, bien que payés par les parents, les certificats de fin d’études primaires ne sont pas délivrés en RD Congo depuis 4 ans ? “, a encore interrogé le député.

 

Ce dernier est convaincu que ces frais demeurent la barrière la plus importante à la scolarisation des enfants et constitue la preuve que le gouvernement met tout en oeuvre pour empêcher la gratuité de l’enseignement primaire et que cette gratuité est discriminatoire, car elle exclut les élèves des villes de Kinshasa et de Lubumbashi, ainsi que les élèves de 4ème, 5ème et 6ème primaires de l’ensemble du pays.

 

Par Marcel TSHISHIKU