La «Lucha» dénonce la présence des Sud-Soudanais en RDC

Jeudi 15 septembre 2016 - 09:53
La «Lucha» déclare ne pas voir clair dans la présence des ressortissants sud-soudanais qui ont trouvé refuge au parc Garamba depuis près d’un mois. Il s’agit en fait de civils et combattants fidèles à l’ex-vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar,  qui ont fui les combats le mois dernier, et auxquels la Monusco a décidé de porter une assistance humanitaire. Dans un communiqué publié hier mardi 14 septembre 2016 à Bunia, la «Lucha» se dit inquiète de la manière dont la mission onusienne et le gouvernement gèrent cette situation. D’autant plus que ces groupes composés des militaires qui ont combattu contre les troupes gouvernementales sud-soudanaises et ont été vaincus, n’ont pas été désarmés dès leur entrée sur le sol congolais  afin d’être cantonnés et traités comme des demandeurs d’asiles. Par ailleurs, la «Lucha» se demande pourquoi les autorités congolaises n’ont-elles pas informé l’opinion publique de cette présence, et de l’information tardive venue de la Monusco. Elle craint les jours avenirs, ces ressortissants sud-soudanais, dont on ne connait pas le nombre exact, deviennent  une véritable gangrènes sécuritaire et humanitaire en RDC comme c’est le cas pour les FDLR. Perside DIAWAKU Accueil des rebelles Sud-Soudanais en RDC : à quoi jouent la Monusco et le Gouvernement congolais ? 1. Dans un communiqué rendu public le 10 septembre 2016, la Monusco affirme avoir extrait du Parc National de la Garamba (Province du Haut Uélé, au Nord-Est de la RDC), « A la demande des autorités congolaises et pour des raisons humanitaires, plusieurs centaines des personnes ». Plus loin, le communiqué de la Monusco indique que ces personnes (479 au total, à la date du communiqué) sont au fait des combattants de la rébellion sud-soudanaise « Sudan People’s Liberation Mouvement/Army » (SPLM/A), y compris le chef rebelle et l’ex-Vice-président sud-soudanais, Rick Machar, et plusieurs de ses proches. 2. Ces rebelles seraient arrivés à la Garamba depuis juillet 2016, pourchassés par l’armée loyaliste à la suite d’affrontements dans la capitale sud-soudanaise. Leur extraction par la Monusco aurait commencé depuis le 17 août, et semble se poursuivre encore à ce jour. Ces centaines des Sud-Soudanais extraits de la Garamba sont, de l’aveu même de la Monusco, gardés  dans ses bases sur le territoire congolais (sans autre précision), soignés et nourris aux frais de l’ONU, tandis que 117 Sud-Soudanais dont Rick Machar et ses proches auraient été remis aux autorités de la RDC il y a plusieurs jours. 3.  La Lucha, tout en étant sensible au respect de la dignité humaine, est cependant préoccupée par l’opacité et la grave légèreté avec lesquelles la Monusco ainsi que les autorités congolaises traitent cette question. Pourquoi ces rebelles n’ont-ils pas été désarmés dès leur entrée sur le territoire congolais, afin d’être traités comme des demandeurs d’asile conformément au droit international ? Depuis quand la Monusco joue-t-elle le rôle du Haut-commissariat aux Réfugiés et de la Commission National des Réfugiés ? Combien reste-t-il à ce jour des combattants sud-soudanais dans le parc de la Garamba et ses environs, avec quels armements, et sous quel contrôle ? Pourquoi le gouvernement congolais n’a-t-il jamais informé l’opinion publique de cette présence, et pourquoi la Monusco le fait tardivement ? 4. Les autorités congolaises et la Monusco n’ignorent pas la lourde tribu que les populations congolaises continuent à payer aujourd’hui à la suite d’une situation similaire au Nord et au Sud Kivu entre avril et juillet 1994, lorsque pour des raisons humanitaires, des milliers de miliciens Interhamwe et des membres de l’armée rwandaise défaite déferlèrent sur le territoire congolais, avec armes, munitions. 22 ans plus tard, les FDLR et les réfugiés hutu-rwandais sont devenus une véritable gangrène sécuritaire et humanitaire en RDC et dans la sous-région. Ces deux dernières décennies, elles ont servi de prétexte à l’agression et à la déstabilisation de RDC par le Rwanda d’une part, à l’émergence des rebellions et des groupes armés dites d’auto-défenses d’autres part, avec leur lot des morts, des viols, des déplacements forcés, des pillages et des destructions. 5. La Lucha redoute la répétion de cette tragique histoire. La RDC ne peut continuer à être le déversoir de toutes les rébellions de la région, au nom d’une ingrate et surtout désordonné hospitalité. Le gouvernement congolais et la Communauté internationale sont en train de laisser se constituer sous nos yeux de nouveaux Hutus FDLR qui, indomptés et armés, pourraient très vite s’en prendre aux populations congolaises et à ses ressources, et peut être un jour justifier une invasion de la RDC par le Sud-Soudan, au nom du « droit des poursuites ». 6. C’est pourquoi la Lucha : – Attire l’attention de l’opinion publique nationale et appel les Congolais à se mobiliser pour exiger le départ pur et simple de ses rebelles sud-soudanais du sol congolais ; – Demande que si, pour quelques raisons, ces Sud-Soudanais retournent pas dans leur pays, les Nations Unies leur trouve le plus rapidement possible un autre pays d’accueil en dehors de la RDC qui n’a manifestement pas la capacité de les maîtriser et de les empêcher de devenir nuisibles à la sécurité des populations locales et de leur pays d’origine ; – Exige que le Gouvernement explique à l’opinion nationale comment des miliciens armés ont pu entrer par centaines ou par milliers sur le territoire national sans être immédiatement désarmés, identifiés et cantonnés. Il est évident qu’il y a eu encore, comme trop souvent, négligence et incompétence grave dans le chef des responsables de la sécurité nationale à différents échelons.  Les conséquences doivent être tirées par le Chef de l’Etat et/ou le Parlement dont la dernière session ordinaire doit s’ouvrir ce mercredi 15 septembre ; – Exige à la Monusco  de rendre public  le nombre précis des Sud-Soudanais qu’elle prend en charge, les sites où ils sont gardés, leur statut (Combattants ? civils ?) ainsi que le nombre de ceux qui sont encore dans le parc de la Garamba ; – En attendant leur rapatriement ou relocalisation, la Lucha exige l’extraction complète de tous les Sud-Soudanais  du Parc de la Garamba qui est une zone protégée, leur désarmement total, et leur remise à la disposition de la Commission nationale des réfugiés et du HCR ; – Demande afin à la Monusco de faire preuve d’autant de professionnalisme et d’empathie envers les civils congolais qu’elle a la responsabilité de protéger ; comme par un exemple nos compatriotes qui  se font  massacrer de façon répétée dans la région de Beni, et d’autres victimes d’attaque par les groupes armés. Fait à Bunia, le 14 septembre 2016 Pour la Lucha, Luc Malembe, Militant