La DC dénonce un processus électoral non inclusif et le découpage territorial aux colorations politiques

Lundi 9 mars 2015 - 11:22

Cette formation politique s’indigne de l’exclusion de cinq générations de jeunes congolais de certaines échéances électorales

Dans un communiqué du Bureau politique de la Démocratie chrétienne (DC) du 7 mars 2015, signé par son porte-parole Jean-Pierre Boka Kapella, cette formation politique chère à Eugène Diomi Ndongala dénonce un processus électoral non inclusif et le découpage territorial aux colorations politiques. Ce constat malheureux a été fait lors d’une réunion tenue le vendredi 6 mars pour prendre position par rapport à l’actualité politique du moment.

En effet, peut-on lire dans ce communiqué, la Démocratie Chrétienne manifeste toute sa préoccupation et indignation par rapport au choix » inconstitutionnel » de l’actuel Bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), d’exclure cinq générations de jeunes congolais de certaines échéances électorales.

La DC souligne que » le droit de vote » et le » droit à se porter candidat » des citoyens congolais est un droit civil et politique garanti par l’art. 5 de la Constitution et par le » Pacte International relatif aux droits civils et politiques » et il ne peut être restreint que dans les cas prévus par la Loi fondamentale actuellement en vigueur en RDC.

Le Bureau politique de la DC souligne que l’utilisation de l’ancien fichier électoral de 2011 qui contenait, selon certains experts et observateurs, presque 9 millions d’électeurs fictifs, est inadéquat pour constituer la base d’un énième cycle électoral, ayant été à l’origine de la fraude électorale massive des élections de 2011. Raison pour laquelle elle invite les jeunes congolais à rester vigilants et refuser d’être traités comme des citoyens de deuxième zone à cause de prises de position inconstitutionnelles de ceux qui ont élaboré un » calendrier électoral irréaliste et basé sur la discrimination des citoyens congolais « .

Toujours par rapport à l’exclusion de certains Congolais du droit de vote, la DC note qu’un grand nombre de citoyens se plaignent de l’impossibilité de se procurer des duplicata de leurs cartes d’électeurs, le processus prévu à cet effet par la Ceni s’estompant au niveau des dépôts de plaintes de perte de cartes d électeurs. » La majorité des citoyens n’obtiennent pas le duplicata de la carte d’électeur indispensable tant pour voter que pour être élu « , regrette-t-elle.

Ainsi, la Démocratie Chrétienne réitère sa demande de revenir sur les fondations de l’actuel processus électoral en prévoyant l’identification des électeurs, d’autant plus qu’au moment présent, deux organes se disputent l’organisation d’un recensement général de la population. Pourtant, la population congolaise s’est déjà exprimée les 19, 20 et 21 janvier 2015 par des manifestations de masse.

D’un côté, l’Onip, qui n’a pas encore démarré son travail de recensement faute de moyens logistiques, et le BCR, le Bureau Central du Recensement qui, selon l’actuel ministre du Plan, aurait la charge de démarrer un recensement général de la population, mais, souligne-t-on, sans lien avec le processus électoral. On en sait plus qui fait quoi et pourquoi.

Dans ce conteste flou et dangereux pour la paix en RDC, la DC réitère sa proposition d’invertir l’ordre du calendrier électoral, donnant priorité à l’élection présidentielle prévue, selon le timing constitutionnel de l’art. 73 de la Constitution, en septembre 2016, et cela après une nouvelle identification des électeurs qui ne prive personne de son droit légitime au vote. On donnerait ainsi au nouveau président élu la lourde charge d’organiser, selon les règles, les autres scrutins à venir.

La DC prévient qu’en cas de non-respect des préalables indispensables pour un processus électoral transparent, » notre parti appellera la population au boycott, refusant que les citoyens congolais soient appelés, encore une fois, après les précédents de 2006 et de 2011, à voter mais pas élire leurs dirigeants « .

En cas de persistance de la part de l’actuel bureau de la Ceni, dans sa volonté d’exclure des citoyens congolais du vote, la DC se réserve le droit de porter plainte contre la RDC et la Ceni, auprès du Comité des Nations Unies Chargé du Contrôle du respect des dispositions du Pacte International relatif aux droits civils et politiques par les Etats signataires, et cela pour violations dudit traité international, en vertu de son » Protocole facultatif » souscrit par la RDC.

Un découpage territorial aux contours politiques

Le Bureau politique de la DC tient à alerter l’opinion nationale et internationale sur les conséquences fâcheuses d’une application tardive, après 9 ans de retard et sans aucune préparation, du découpage administratif débouchant sur le démembrement de plusieurs provinces de la RDC.

Ce processus, lancé sans être budgétisé, risque de déboucher sur une multiplication d’entités administratives sans légitimation démocratique et qui ne seront pas la matérialisation du principe de la décentralisation administrative restée lettre morte jusqu’à ce jour en RDC.

Privées jusqu’à présent de ressources et même d’autonomie réelle de gestion financière et sécuritaire, poursuit cette formation politique, les provinces formation politique, les provinces sont restées pendant 9 ans des entités essentiellement » burocratiques et budgétivores « , incapables de lancer le développement local des 11 provinces de la RDC.

En réponse aux menaces indépendantistes de certaines provinces, comme le Katanga, estime la DC, Kinshasa cherche à neutraliser cet élan en se rappelant, avec 9 ans de retard, de la décentralisation administrative. » Plutôt que soigner le mal, les actuels dirigeants, essayent d’effacer les symptômes des velléités indépendantistes « , précise le communiqué.

Vu le soubassement politique de cette décision non programmée (l’exécutif se donne 5 ans pour rendre les nouvelles entités administratives viables ), le bureau politique de la DC se demande sur les conséquences de ce choix » politique » dans le cas où les provinces visées par le démembrement refuseraient de coopérer, au niveau des Assemblées provinciales, en vue de leur propre mise à mort…

La Démocratie Chrétienne appelle les Congolais à la vigilance surtout dans le cas où aucun consensus national ne soit dégagé aussi bien sur la formation du bureau de la Ceni, le calendrier électoral que sur les préalables incontournables pour des élections inclusives, transparentes et démocratiques.

La Démocratie Chrétienne invite les autres forces politiques et sociales à ne pas chercher des solutions palliatives comme la proposition d’un calendrier qui exclut la participation des citoyens congolais au vote, ou lançant des propositions qui sont toujours en contradiction avec la loi électorale dernièrement modifiée et qui maintient le recensement général de la population comme nécessité incontournable pour la tenue de certaines élections.

En ce qui concerne l’élection présidentielle, la DC se demande toujours sur quel fichier électoral cette élection cruciale pourrait se tenir, vu qu’elle est déconnectée aussi bien du recensement général des électeurs que de toute nouvelle identification des électeurs…

Car, au stade actuel, l’élection présidentielle comme les élections locales ou provinciales, ne pourraient se tenir que sur la base de l’ancien fichier électoral lequel exclut aussi bien cinq générations de citoyens congolais récemment devenus majeurs d’âge que, dans les faits, tous les Congolais qui auraient égaré leur carte d’électeur, le mécanisme pour les duplicata mis en place étant onéreux et inefficace.

Egalement, le Bureau politique de la Démocratie Chrétienne invite les partis de l’opposition ayant des membres au bureau de la Ceni à les retirer en conformité à leur engagement plusieurs fois rendu public, mais jamais respecté.

Le non respect des engagements du gouvernement de cohésion nationale

Le parti cher à Eugène Diomi Ndongala fustige le non respect, de la part de l’actuel gouvernement dit de cohésion nationale, de son programme politique qui est la mise en application des décisions du forum politique appelé » Concertations nationales « , particulièrement de la résolution exigeant la libération des prisonniers politiques nommément cités. Car, pour ce parti, cette libération est un préalable d’inclusivité » incontournable « .

Malheureusement, jusqu’à ce jour, l’honorable Eugène Diomi Ndongala, Eric Kikunda et Firmin Yangambi croupissent toujours au Cprk.

La Démocratie Chrétienne invite l’exécutif dit de » cohésion nationale » issu des concertations nationales à plus de cohérence et au respect de ses propres engagements pour sa propre crédibilité politique, en libérant les prisonniers politiques, et la Ceni à reconnaitre le droit de vote ainsi que l’éligibilité des jeunes congolais qui ont entre 18 et 23 ans.

Par Stone

 

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