La rénovation de l’aéroport international de Goma préoccupe au plus haut point la Banque mondiale. Soucieux de contribuer aux efforts de consolidation de la paix en République démocratique du Congo (RDC), le Conseil des administrateurs de cette institution financière a approuvé, le 13 mars dernier, un don de 52 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) pour améliorer la sûreté, la sécurité et le fonctionnement de cet aéroport de Goma.
Jugé stratégique, l’aéroport de la capitale du Nord-Kivu est aujourd’hui considéré comme la principale porte d’accès à l’Est du pays pour le trafic international. Jouant un rôle vital pour le reste du territoire national, cette piste aérienne avait été gravement endommagée en 2002 par l’éruption du volcan Nyiragongo.
Théâtre de plusieurs décennies de conflit, tombé à plusieurs reprises sous le contrôle de différentes factions rebelles, cet aéroport, souligne une dépêche de la Banque mondiale, ne réunit plus les normes élémentaires de sûreté et de sécurité aérienne. Son état a dû donc limiter l’acheminement de l’aide humanitaire et des opérations des Nations Unies ainsi que le trafic passager et de fret.
Aux dires d’Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC, ’’l’isolement géographique de l’Est du pays, totalement enclavé, conjugué au délabrement des infrastructures aéroportuaires consécutif aux décennies de conflit, est une menace sérieuse pesant sur les efforts actuels de consolidation de la paix. Le projet entend soutenir les initiatives internationales pour briser le cercle vicieux du conflit et de la fragilité dans l’Est de la RDC’’.
AMELIORER LES MESURES DE SURETE ET DE SECURITE
Le don approuvé le 13 mars dernier financera le Projet d’amélioration de la sécurité de l’aéroport de Goma, dans le double objectif d’améliorer les mesures de sûreté et de sécurité afin qu’elles soient conformes aux normes internationales en la matière. Ce sera aussi l’occasion de remettre en état les infrastructures aéroportuaires.
Selon des sources proches de la Banque mondiale, les fonds mobilisés permettront de réparer la piste et l’aire de trafic, l’actuelle aérogare et le système électrique. Ils permettront, en outre, de construire une tour de contrôle et monter des équipements susceptibles d’optimiser la navigation aérienne.
L’occasion sera aussi propice pour achever les travaux de la clôture de sécurité du site, parallèlement à la fourniture d’équipements et à la formation des pompiers et des urgentistes attachés à l’aéroport.
STIMULER LE DEVELOPPEMENT
Un autre volet du projet consistera à renforcer l’organisation aéroportuaire, à partager les enseignements d’interventions sur d’autres aéroports du pays et à réduire les risques liés à l’activité volcanique dans la région. Il consistera également à promouvoir des dispositions permettant aux communautés vivant à proximité du site, dans des zones touchées par le conflit, de profiter de ses retombées sociales positives et à apporter un soutien à sa mise en œuvre.
"Dans un pays aussi vaste que la RDC - sa superficie équivalant pratiquement à celle de l’Europe de l’Ouest - le transport est un facteur essentiel pour développer l’agriculture, améliorer les échanges commerciaux, soutenir l’expansion du secteur minier, surmonter les obstacles économiques et sociaux qui isolent certaines communautés et assurer la sécurité sur tout le territoire", relèvent les analystes de la Banque mondiale.
"Seul un aéroport totalement fonctionnel permettra de relier les habitants de l’Est de la RDC au reste du pays, de stimuler le développement du secteur privé et de relancer les échanges, qui sont autant de facteurs clés pour stabiliser la sous-région et la sortir de son isolement ", rappelle Mohammed Dalil Essakali, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale. Yves KALIKAT