Véritable denrée rare comme l’électricité à Kinshasa, la sécurité dans certains recoins de la capitale, notamment à Masina, Ndjili, Kimbanseke et Kinkole, comme on ne cessera de le dire, suscite aujourd’hui moult commentaires et soulève maints critiques quant aux méthodes policières qui ne privilégient plus la prévention. Et pour ce qui est de l’aspect répression, là aussi il y a beaucoup à redire, au point que le plan de sécurisation de la ville de Kinshasa, tel qu’il est exécuté ces temps derniers, nécessite quelques retouches.
On sait qu’au cours de cette saison sèche, on a enregistré et on continue d’enregistrer une éruption du banditisme urbain. Le taux de criminalité est monte de plusieurs crans et ce sont les paisibles citoyens qui s’en plaignent au quotidien, juste après des attaques des voleurs à main armée, et des agressions des marginaux.
La contagion de l’insécurité a touché également les communes de Ngaliema et de Mont Ngafula, considérées comme de nouveaux foyers du banditisme urbain entretenu principalement par des éléments incontrôlés. Avant de s’en, ressentir dans certains coins de Selembao, particulièrement à Ngafani.
A travers quelques plaintes des populations, l’inquiétude se dévoile sans détours. Mulondelwa Asumany, fonctionnaire de l’Etat, garde de l’intervention ‘policière, un goût .très amer. Dans la nuit du 22 juillet 2015, pendant qu’une bande des malfaiteurs armée cassait l porte de sa maison, sur avenue de la Mission, quartier Mama Remo, à Ngaliema, il avait pris la précaution d’appeler la police à son secours. Un premier appel, l’interlocuteur semble avoir pris note. Des minutes s’écourtent, aucune intervention. Un second appel, le policier de garde le rassure qu’une équipe est en route pour rejoindre son domicile.
Près d’une heure plus tard, Mulondelwa parvient à s’échapper par une fenêtre et à escalader le mur de la clôture. Et hop, il glisse dans une parcelle voisine et rampant à côté des murs de maisons, il est parvenu à atteindre en courant à toute vitesse, le sous-commissariat Munganga situé à quelques lieues de là. Tout essoufflé et en sueur, il reprend son récit pathétique croyant apitoyer les policiers trouvés au sous- commissariat. Nouvelle promesse : rentrez, une équipe va descendre là bientôt ! Question de réunir les éléments disponibles !
Après des appels désespérés des victimes, les bandits ont accompli leur sale besogne
Trente minutes plus tard, avant qu’il rejoigne son domicile, des coups de balle étaient tirés et sa jeep sortait en trombe de l’avenue Mission. Trop tard, Mulondelwa ne trouvera que ses enfants en pleurs et quelques taches de sang. Son épouse Adeline Mulasi blessée par balles, a été conduite dans un hôpital de la place.
Binza, une nuit, témoin de l’attaque à main armée d’une maison de change, un jeune homme alerte un poste de police. Les policiers qui interrogent l’informateur occasionnel sur la localisation du lieu du braquage, semblent s’intéresser au fait. Mais aucun élément ne bougera d’une semelle. Motif inavoué, ils n’ont pas de transport et ne peuvent pas pourchasser à pied des malfrats armés: En réalité, signale un habitant du quartier, les éléments de la police se sont désintéressés de ce cas, parce que personne n’a payé ce que l’on appelle souvent «frais de déplacement ».
Quartier Mfumu Nkento, à Kimbanseke, la nuit est déjà tombée. Il est 3 heures. Les rues sont désertes. Des tirs d’armes à feu crépitent dans un quartier voisin au poste de police. Les policiers qui n’ont pas fermé l’œil, savent que quelque part, il y a probablement une attaque des malfaiteurs.
Comme il n’y a aucune plainte et aucun informateur, personne ne bouge. Pour l’OPJ de garde, il demande à ses hommes d’être sur leur garde. Restons vigilants ! Certainement, qu’on viendra nous chercher pour intervenir!
Le matin, les habitants du quartier visité par des bandits, n’ont que leurs larmes pour pleurer. Que pensent-ils de la police ? Elle est là pour dissuader des malfaiteurs par sa présence, mais pas pour intervenir. En quoi sécurise-t-elle les populations des environs ? Telles sont les questions qui circulent à longueur des journées sur toutes les lèvres et qui à notre avis, interpellent les responsables des uni- tés territoriales déployées dans la ville de Kinshasa.
Sécuriser les habitants des quartiers et leurs biens, une mission importante que les policiers ont accepté de remplir volontairement, ne semble plus une priorité, mais une tâche à accomplir quand cela enchante.
Nous croyons qu’avec la montée des plaintes et l’accumulation des déceptions, signe que la confiance de la population : l’égard de la police s’érode au fil des jours, il y a donc lieu que la police provinciale puisse multiplier des campagnes de réarmement moral, de conscientisation et de responsabilisation de ses éléments œuvrant dans les unités territoriales. Cela éviterait que les populations déçues ne puissent pas prendre en charge, leur propre sécurisation avec des moyens rudimentaires et des méthodes répréhensibles.
Par J.R.T.