Kingakati : Kabila confirme le Dialogue

Jeudi 14 mai 2015 - 11:24

« Autorité morale » de la Majorité Présidentielle, Joseph Kabila a réuni, hier mercredi 13 mai 2015 dans sa ferme de Kingakati, dans la banlieue de Kinshasa, les membres de son Bureau politique. Selon des indiscrétions parvenues au Phare, il s’est agi en fait d’une communication focalisée sur l’unique point inscrit à l’ordre du jour : le Dialogue national. A cette occasion, le Chef de l’Etat a confirmé à tous que c’est lui qui avait personnellement chargé Kalev Mutond, Administrateur général de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements), de prendre contact avec plusieurs partis de l’Opposition (UDPS, UNC, MLC, Ecidé, Envol...) en vue de l’organisation prochaine de ce forum.

En sa qualité d’initiateur, il s’est dit pleinement d’accord avec la démarche de son émissaire, qu’il compte du reste élargir aux confessions religieuses, dont l’Eglise catholique, à la Société civile et même à la Communauté internationale.

Joseph Kabila a indiqué avoir adressé des courriers aux leaders de plusieurs partis politiques de l’Opposition, en leur demandant de lui faire parvenir leurs cahiers de charges en rapport avec les différents thèmes ou sujets qu’ils souhaiteraient débattre lors du Dialogue national, le format et la durée de celui-ci. Son souci est de voir ses futurs interlocuteurs lui faire part, de manière franche et claire, de leur vision de cette future rencontre.

Pour sa part, il croit avoir répondu à l’attente de la même Opposition, qui ne cessait de réclamer, depuis des lustres, ce Dialogue national. S’agissant des objectifs à atteindre, Joseph Kabila a souligné qu’ils sont au nombre de quatre : 1°) la paix et la sécurité ; 2°) la stabilité économique ; 3°) la bonne organisation des élections afin d’éviter des contestations ; 4°) la cohésion avant, pendant et après les élections.

S’adressant singulièrement aux hauts cadres de sa famille politique présents à Kingakati, l’«Autorité morale » de la Majorité Présidentielle leur a fait savoir qu’il exerçait, à travers les consultations qu’il venait d’initier, l’une dès prérogatives constitutionnelles de sa fonction de Chef de l’Etat, à savoir tâter le pouls de la Nation à travers les représentants de ses forces vives. Aussi les a-t-il invités, à ce stade, à apprendre à se faire confiance et à prendre leur mal en patience. Le moment venu, ils seront eux aussi associés aux consultations en cours sur les termes de référence du futur Dialogue national. Il attend les résultats des contacts en cours avant de lever l’option de discuter, en interne, avec ses affidés.

Réactions positives

Après avoir livré le fond de sa pensée à l’auditoire, il a cherché à savoir si des participants voulaient y réagir. Apparemment, le climat ne se prêtait pas au débat. Toutefois, une personnalité ayant demandé et obtenu la parole a souligné que 1e message de Joseph Kabila était tellement clair qu’il n’exigeait pas de commentaire, au risque de créer des interférences inutiles avant la discussion des questions de fond. Un autre ténor de la Majorité Présidentielle ayant succédé au premier intervenant a abondé dans le même sens, soulignant au passage qu’il y avait lieu de laisser les mains libres à l’Autorité morale, dans sa volonté de s’ouvrir aux forces politiques et sociales autres que celles de sa famille politique. Bref, au terme d’une vingtaine de minutes, Kabila à pris congé de ses « invités ».

Pas glissement de calendrier électoral ?

Des analystes politiques mis au courant du contenu de la communication du Chef de l’Etat s’efforcent de la décrypter à leur manière. Beaucoup se demandent si le précité a réellement tiré un trait sur les velléités de glissement du calendrier électoral observées dans son camp politique, à travers des initiatives sans -lendemain telles que le projet avorté d’organisation d’un référendum constitutionnel et la tentative manquée de révision de la loi électorale. Joseph Kabila cherche-t-il à ramener les siens sur le terrain du respect des règles du jeu démocratique respect de la Constitution, du nombre et de la durée des mandats présidentiels, de la neutralité de la CENI, élaboration d’un calendrier électoral consensuel, audit du fichier électoral, enrôlement de nouveaux majeurs, etc?

Ou, comme cela se raconte dans certains états-majors politiques, s’acheminerait-on vers une énième transition politique avec comme point d’orgue un nouveau « partage équitable et équilibré » des postes de responsabilité? L’avenir nous le dira bientôt.

Par KIMP

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