Nestor Kolela wa Tshibangu est directeur de l’école primaire Don Bosco de Masina. Le Salésien est dépité voire révolté par la situation sociale de ses compatriotes employés par les sociétés minières. Dans la tribune qu’il signe à Forum des As, Kolela raconte la dure vie des travailleurs des mines. Mais aussi du taux de déperdition scolaire dû au travail de petits enfants, devenus chefs de ménage malgré eux. Lorsqu’un religieux humaniste passe d’un coup de coeur à un coup de gueule.
LA NATION ENTIERE EST SUR LE CHARBON ARDENT (BRAISE ARDENTE) !
Depuis quelques années, plusieurs sociétés minières sont créées et disséminées à travers le pays, elles exploitent des minerais recherchés à nos jours tels que Coltan, Cobalt, diamant, cuivre etc…
Les filles et les fils du pays au service de ces nouveaux colons sont exploités jusqu’à la moelle, ils sont traités en animaux de trait. Ils ne jouissent d’aucun avantage social, aucun dossier n’est constitué pour eux. Ils ont un semblant de salaire hebdomadaire ou mensuel qui n’est inscrit nulle part.
Les exigences de service n’ont rien de comparable avec le salaire donné, par faute de mieux, les pauvres se résignent au risque de leur vie. Aucune autorité n’intervient et même pas les inspecteurs du travail affectés à cette tâche bien spécifique pour défendre les ouvriers. Eu égard à cette injustice flagrante, il y a de quoi penser à des pots- de-vin qui font taire toute la filière.
ILLUSTRATION
Le 29 février 2004, un accident se produit au nouveau concentrateur de Kipushi (NCK) au Katanga causé par un mélange accidentel de deux acides (le sulfhydrique et le sulfate d’ammonium) qui a tué sur le champ trois agents et évanoui trois autres que Mr Etienne Masangu, l’infirmier en poste à l’usine a sauvés de justesse. Après avoir secouru les accidentés, l’infirmier présente à son tour les signes d’intoxication au gaz, conduit au Centre médical de la communauté (CMC) à Lubumbashi, il est admis aux soins intensifs sous oxygène par intermittence pendant dix-huit jours sans traitements appropriés comme ce doit être fait au centre toxicologique ou de pneumologie.
Le médecin du travail, qui a interprété la radiographie, a constaté une pneumopathie chimique due au gaz et demandé le transfert immédiat dans une institution hospitalière appropriée. Le médecin directeur refuse et tient à le garder jusqu’à sa fin. La famille de Masangu Etienne a pris les soins de ce dernier en charge pour le transférer à la polyclinique AFIA (Don Bosco).
Vu que la vie de l’infirmier est en danger, la famille porte plainte au parquet pour que la société et le médecin directeur qui lui ont causé préjudice le dédommagent. Le parquet a banalisé (bâclé) le jugement et Etienne Masangu a pu avoir la vie sauve grâce à la famille et aux amis qui ont pris tous les soins en charge. Ailleurs il arrive pire que le cas présent, nous voyons les ouvriers mourir sans un seul geste d’assistance.
QUE DIRE DE L’EXPLOITATION ARTISANALE DES MINERAIS ?
L’exploitation généralisée des minerais détruit le Congo. Ce phénomène autrefois isolé et pratiqué seulement dans certaines contrées du pays, est aujourd’hui instauré presque dans toutes les provinces. Que des conséquences néfastes qui avilissent et abrutissent notre peuple : abandon des études, l’éducation des enfants bafouée, les enfants tonnent sur les parents parce que c’est eux les nouveaux patrons de la famille, de mariages rompus à cause des absences prolongées des conjoints aux mines, le tissu économique détruit…
Il y a risque de dire que nous menons une vie au brouillon dans ce pays, pensant peut-être vivre mieux un jour, ce jour attendu, de quel siècle sera-t-il ? A la commune de Ruashi au Katanga, les enfants de l’école primaire abandonnent les études et se rendent aux mines en vue d’une contribution à la maison parce que les parents n’ont rien. Pour preuve, l’enfant Cola Bwalya 10 ans, de l’école primaire Bwakya Ruashi, quitte l’école pour s’adonner aux travaux lourds. Il creuse la terre qu’il vend à un vil prix aux riches expatriés qui ont ouvert des usines au quartier industriel. Dans le cadre de leur apostolat, les coopérants salésiens et les anciens élèves de Don Bosco de la paroisse Notre Dame de Pauvres du quartier VI, prennent contact avec les parents et les jeunes pour réfléchir ensemble et voir comment éviter ce danger permanent qui guette nos enfants bien que la pauvreté bat déjà son plein dans ce quartier.
Si nous n’établissons pas l’ordre nous-mêmes dans notre pays, personne d’autre de l’extérieur ne le fera à notre place. Que les autorités, les parents, les jeunes, les Ong à caractère social, serrent les coudes pour une solution rapide à ce problème crucial. Nos enfants ont droit à l’éducation et à l’instruction, que les parents et les gouvernants du Congo fassent leur devoir pour protéger ces vulnérables.
Après analyse et concertation, les médecins ont prouvé que tous ceux qui sont en contact avec les minerais exploités d’une façon artisanale à nos jours sont exposés à beaucoup d’irradiations qui détruisent des organes du corps humain. La vie de tous ces gens n’est plus d’une longue durée, les poumons, les foies, les intestins sont détruits en quelques semaines. Nestor Kolela wa Tshibangu