La publication du Calendrier électoral intervenu en date du Jeudi 12 Février 2015 alimente les débats dans le
microcosme politique Congolais. Comme si cela ne suffisait pas, l'actualité politique de notre pays a pris du
relief avec la communication spectaculaire du Président de la République faite aux Ambassadeurs de l'Union
Européenne et du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et Responsable de
la MONUSCO, sur la renonciation du Gouvernement Congolais à l'aide des Na-tions Unies dans la traque des FDLR. La première observation que je relève à charge du Calendrier global c'est son caractère non consensuel qui lui fait perdre toute valeur intrinsèque.
En effet, le 19, le 20 et le 21 janvier 2015, après que les Congolais aient payé de leur vie par des manifestations de grande envergure, pour arriver à bout des scories d'une loi électorale réfractaire à l'alternance démocratique, la CENI vient de rebondir avec un Calendrier global élaboré unilatéralement avec une vingtaine de contraintes qui jettent le doute sur son applicabilité. Une deuxième observation fait état d'un Calendrier < fourre tout > qui ne fait pas la part des choses entre les priorités électorales et les arriérés électoraux. Cette absence de rigueur et de méthode dans la présentation d'un travail aussi sensible trahi les intentions malveillantes des auteurs matériels et intellectuels de ce document. De ma part, je m'appuie sur le BRIDGE qui est le programme universel des élections utilisé partout dans le monde y compris dans l'espace de l'Union Européenne. Dans notre pays, ce programme est pris en compte à la CENI et son Président Monsieur
l'abbé MALU MALU en est le premier spécialiste. Ce programme distingue les ar-riérés électoraux des priorités électorales par rapport à la notion du cycle électoral. Il évoque en substance que les arriérés électoraux sont
convoqués au début du cyle électoral alors que les priorités électorales sont prises en compte dans un cycle électoral suspendu et requalifié. Pour le cycle élec-toral en cours c'est à dire, le cycle électoral 2011-2016,
tel que suspendu, requalifié et relancé en 2013, les élec-tions Urbaines, municipales et locales sont des arriérés électoraux et devraient être prises en compte dans le cycle électoral 2016-2021. Tandis que les élections provinciales, législatives et présidentielles sont des priorités électorales qui doivent
à elles seules faire l'Object du Calendrier électoral pour la période 2013-2016 étant entendu que le cycle électoral est constitutionnalisé à la drée d'un quinquennat et prend de ce fait fin en 2016 avec l'élection du Président de la République. Alors, ce Calendrier fourre-tout avec la kyrielle de contraintes qu'il draine, vient-il résoudre le problème de la régularité du cycle électoral en RD Congo ou il vient consacrer l'arbitraire en vue de servir des intérêts politiques hostiles à l'alternance démocratique en 2016? La troisième et dernière observation à charge de ce Calendrier, c'est le manque d'indépendance, de clairvoyance et de maturité des dirigeants de la CENI.
En effet, dans un con-texte social et politique où les partenaires aux élections ne se font visiblement pas confiance, la CENI devrait privilégier le dialogue politique avant la publication d'un Calendrier qui serait le plus réaliste et qui tiendrait compte des délais Constitutionnels et légaux, ce qui aurait pour avantage, de renforcer la confiance en-tre acteurs et de favoriser la paix sociale sérieusement menacée à cause des reflexes conservateurs du pouvoir sortant. Cette explication s'impose parce que le processus électoral est participatif et exige un maximum d'appropriation parce qu'il est question d'impliquer les différents intervenants dans la responsabilité de conduire un processus transparent en amont comme en aval pour une meilleure acceptation des résultats. Parlant de la brouille diplomatique entre le Gouvernement de la République, la MONUSCO et les missions diplomatiques, je note que l'exigence du respect des droits de l'homme dans la conduite des opérations de désarmement des FDLR faite par la MONUSCO qui demande au Gouvernement Congolais d'extirper du plan opérationnel deux de ces officiers qui trainent des casseroles en mat-ières de respect des droits de l'homme n'a été que la goutte d'eau qui a fait déborder les vases. Du haut de mon expérience, j'ai le sentiment que le vrai problème est ailleurs. En effet, à l'approche des élections,
les régimes anti démocratiques sont sur les dents. Ils font pression et tentent d'intimider les acteurs majeurs internes et externes qui participent directement ou indirectement au processus électoral. L'objectif étant de les mettre en incapacité de dénicher et de dénoncer les irrégularités planifiées pour corrompre l'ensemble
du processus électoral en espérant tirer de cette basse besogne le maximum de dividendes politiques. Bref, les
régimes anti démocratiques ne quittent pas le pouvoir par la voie des urnes. Etant donné que la Communauté
internationale dans son ensemble, l'opposition politique Congolaise, le peuple Congolais tout entier aient
exigé et obtenu de la CENI, un calendrier qui fixe clairement le jour de l'élection du Président de la République à savoir le 27 Novembre 2016, le pouvoir sortant est rouge de colère et entreprend des actions de représailles contre l'opposition politique et contre la Communauté inter-nationale. Le pouvoir sortant
se convainc de plus en plus du fait que tous les observateurs sérieux commencent à pénétrer lentement mais
surement ses accointances coupables avec les FDLR qu'il n'aurait aucun intérêt à désarmer. D'ailleurs, de
l'avis des observateurs, les opérations de désarmement des FDLR n'auraient véritablement pas commencé. De tout ce qui précède, au nom du MPCR, j'exige un Calendrier électoral qui tienne compte des priorités électorales telles que décrites précédemment à travers un minimum de consensus national. Je déplore la diversion pernicieuse à laquelle se livre le pouvoir sortant dans ses rapports avec l'opposition politique, la MONUSCO et l'ensemble des missions diplomatiques. Le vrai problème, c'est de libérer le processus électoral des pesanteurs cousues de fil blanc pour empêcher l'alternance démocratiques à termes constitutionnels échus. Le vrai problème
c'est également de respecter les engagements internationaux pris dans le cadre de la paix et de la sécurité dans la sous région de grands lacs. Pendant combien de temps le régime sortant se cachera-t-il derrière son petit doigt ? Wait and see.
Fait à Kinshasa, le 20 Février 2015
Le Président National du MPCR
Jean Claude VUEMBA LUZAMBA
Vice-président du Groupe
Parlementaire UDPS & Alliés