C’est une évidence, il y a un véritable malaise dans la Majorité au Pouvoir et les fissures béantes sont de plus en plus visibles à l’approche des élections générales .Mais alors qu’est-ce qui a bien poussé le Palu à prendre de court ses partenaires de la Majorité présidentielle en faisant une déclaration politique explosive ? La rédaction de C-NEWS s’est livrée à cet exercice pour comprendre les ressorts qui ont motivé le Palu à faire cette déclaration politique solennelle, saluée par la majorité des forces politiques et sociales, et condamnait par les ténors du parti présidentiel.
En demandant d’une part « le respect des échéances constitutionalisées des élections et en exigeant d’autre part la publication rapide d’un calendrier électoral par la Ceni » ; le Palu a jeté un vrai pavé dans la marre dans le microcosme politique. Plus fort encore, cette Déclaration du 28 janvier rendue publique le 8 février, signée Antoine Gizenga(Secrétaire Général du Palu) fait apparaitre que le Parti Lumumbiste unifié n’a pas la même lecture sur les enjeux politiques actuels et futurs avec l’autorité morale de la Majorité. Tenez quand la Majorité tente de minimiser la mobilisation populaire de janvier qui a conduit au retrait de l’article controversé de la nouvelle loi électorale, le Palu a qualifié ses évènements de « soulèvement populaire » et a attribué leurs causes au manque de dialogue entre partenaires de la Majorité et entre la même Majorité et les autres forces politique de l’opposition. Le Palu a dénoncé les pertes en vies humaines, montrant ainsi son attachement à la sacralité de la vie, une manière subtile de condamner la répression. Il a aussi pris ses distances avec les restrictions des libertés décidées par le gouvernement. Cette Déclaration du Palu a donc fait bondir les cadres du parti présidentiel PPRD, qui comme dans l’affaire Katumbi ont dénoncé « un procès d’intentions » et ont exigé des « éclaircissements ». C’est en gros la position défendue par Jean-Pierre Kambila, conseiller politique de Joseph Kabila, et Luzanga Shamandefu, porte-parole de la Majorité Présidentielle (MP). L’estocade politique du Palu a obligé le patron de la Majorité et président de l’Assemblée nationale à réagir. Aubin Minaku n’a trouvé mieux que de pousser Willy Makiashi, ancien Secrétaire permanent du Palu et vice-premier ministre en charge de l’emploi, a minimisé la portée du message du 8 février d’Antoine Gizenga.Le VPM en charge de l’emploi a été sérieusement sermonné par les cadres du Palu .Après Makiashi a été désavoué aussitôt par un autre Lumumbiste, Mashini, ancien dircaba de Muzito et neveu de maman Anne Mbuba (femme du patriarche). C’est l’un des hommes le plus influent du quartier général du Palu au village Buma. Mashini, un homme effacé mais influent a donc maintenu la quintessence de la Déclaration de Gizenga. Ensuite dans la tradition du parti lumumbiste, la position du parti est toujours coulée dans un document sous forme de communiqué ou déclaration qui servira d’orientation dans les débats notamment. Ce qui fait qu’il est rare de voir les députés du Palu prendre même la parole à l’hémicycle s’il n’y a pas de note d’orientation de la hiérarchie sur des sujets politiques majeurs.
Le vrai problème
C-NEWS est allé à la base du Palu pour chercher les raisons cachées de cette Bisbille Palu-MP. Selon nos informations, la vraie raison se trouve ailleurs, le Palu estime qu’il est d’abord un parti cinquantenaire dont l’ambition est de briguer tous les postes politiques y compris le poste de président de la République ouvert à la concurrence démocratique. Pour des raisons de paix et de stabilité, le Palu avait mis en veilleuse l’ambition présidentielle en concluant avec Joseph Kabila une alliance politique en 2011. C’est grâce à ce partenariat que Joseph Kabila a remporté les élections en 2011 face à Tshisekedi. Et c’est aussi grâce à cette alliance qui l’a gagné son challenge sur Jean-Pierre Bemba en 2006. C’est un accord intuitae personae avec Joseph Kabila, pas avec la MP ou l’un de ses membres, notamment le PPRD, fait remarquer un militant du PALU. En soutenant Joseph Kabila comme membre de la famille nationaliste pendant deux législature le PALU n’a pas caché sa détermination de présenter un candidat en 2016. Cette position du PALU a été clairement exprimée depuis 2011. Le PALU espéré que Joseph Kabila et ses alliés devaient lui rendre l’ascenseur. Durant la deuxième législature, le Palu a sacrifié ses ambitions présidentielles au profit de Joseph Kabila sans avoir l’impression d’avoir été récompensé comme il se doit. Le deal passé entre le Palu et Joseph Kabila est donc arrivé à son terme. Et Palu est un parti historique, qui n’a jamais été un appendice de la MP, et qu’il est temps pour lui de présenter un candidat à la présidentielle. Pas question de nous embarquer dans une autre aventure dont nous ignorons les tenants et les aboutissants nous a confié un Chef d’antenne du Palu. Qui a déploré le fait que le Palu n’a jamais occupé la place qui est la sienne au cours de cette législature. Mais cependant ; il n’a pas fait un problème comme ce le cas avec certains membre de la majorité, l’AFDC de Bahati Lukwebo et le MSR de Pierre Lumbi. L’absence de débats, dénoncée par le MSR à son temps, est reprise par la base du Palu. Il apparait clairement que le Palu veut s’émanciper d’un allié qui n’a fait que le marginaliser de plus en plus dans les prises des décisions engageant la coalition et l’avenir du pays. Le parti de Gizenga déplore aussi le manque d’échanges lors de la convocation des concertations nationales et l’ouverture du gouvernement à l’opposition «Comment un homme qui aime bien sa femme peut-il contracté un second mariage sans au préalable informer sa première femme», s’exclame un militant de base du PALU. N’est-ce pas un cas d’infidélité. A travers la Déclaration d’Antoine Gizenga, le Palu qui est un parti populaire, un parti de masses laborieuses, ne veut pas se voiler la face en niant les évidences notamment celle de l’hostilité croissante de la population envers le régime à cause notamment du flou maladroitement entretenu sur l’avenir politique de Joseph Kabila. Par cette Déclaration donc, le Palu veut aussi resté près du peuple qui est sa source et qui est sa force. Entre le peuple et le respect de la constitution d’une part et les combines politiques mesquines, pour le Palu le choix est clair. Le Palu aimerait pour autant resté loyal à Joseph Kabila comme il a été mais pour autant que les orientations de la Majorité fassent l’objet d’abord d’un large et franc débat et qu’elles n’entrent pas en contradiction avec la Constitution et le peuple. Ici, la pensée de Gizenga se résume par la reprobation par lui du manque de dialogue interne au sein de la coalition d’une part et de l’autre part de celui entre celles-ci et l’opposition.
MTN