Dès la publication du Gouvernement de cohésion nationale, tout le monde avait annoncé une crise interne inévitable. Beaucoup redoutaient en effet la cohabitation entre les ministres politiques, les chefs de partis en l’occurrence, et les technocrates. Le risque était énorme de voir les exigences politiques entrer en collision avec celles de bonne provenance et d’orthodoxie de gestion.
Le poids, le tempérament ainsi que la personnalité des chefs de partis entrés au sein de la nouvelle équipe gouvernementale ne rassuraient guère quant à la sérénité des rapports dans Matata II.
Dans l’œuf
Sous Muzito, par exemple, le gouvernement évoluait à double vitesse. Il y avait des ministres qui reconnaissaient l’autorité du Premier ministre et se soumettaient volontiers à ce dernier. A l’opposé, trois ministres s’employaient nuit et jour à braver l’autorité du Premier et à le défier, jusqu’en plein conseil des ministres.
Ce trio s’autorisa même à créer un Courant libre patriotique (CLP) dont l’objectif principal était d’obtenir la défenestration de Muzito.
Heureusement pour ce dernier, ce courant fut un mort-né, parce le Chef de l’Etat ordonna son enterrement aussi promptement qu’il était né. Le courant fut étouffé dans l’œuf, mais l’esprit frondeur de ses membres est resté intact. Sur le trio, un seul s’était rétracté et avait réussi à se faire pardonner par l’Autorité morale de la Majorité. Conséquence ; il fut repêché comme l’un des rares chefs de partis dans Matata II. Ses deux compagnons d’infortune furent sévèrement sanctionnés.
Au pas
Plusieurs personnalités dont on sait que le sens de soumission pose terriblement problème ont fait irruption dans Matata II. On redoutait, à juste titre, le télescopage.
Dieu merci, tout se passe à merveille dans le nouveau gouvernement. Les personnalités fortes le composant manifestent un esprit de sérénité et de cordialité qui étonne plus d’un et remet en cause tout ce qui avait été avancé au lendemain du 7 décembre.
Plusieurs analystes s’interrogent sur l’élément inattendu qui a modifié la courbe des rapports au sein du Gouvernement de cohésion nationale.
Après les recoupements effectués, il nous est revenu que la convivialité observée dans cette équipe dès le démarrage relève exclusivement de l’entregent personnel du Chef de l’Etat,
Des instructions formelles ont été données aux différents durs à cuire. L’esprit de rébellion et de conflictualité a été formellement prohibé.
C’est donc sous caution de strict respect de cette consigne que les différents candidats ministres ont été retenus au gouvernement. Et pour ceux qui auraient tenté d’oublier la ferme consigne, Joseph Kabila l’a formellement rappelée à tous les prestataires de Matata II. Il leur a dit que dans la nouvelle équipe, il n’y avait ni Majorité, ni Opposition, encore moins de société civile. Il n’y avait qu’un gouvernement de la république au service duquel tout le monde, sans exclusion, doit se soumettre.
LP