Une femme explose de colère et renvoie un agent du bureau 2 au tapis

Lundi 29 septembre 2014 - 12:07

Trois jours après la scène, tout Upn/Terminus en parle encore. On n’avait jamais vu ça, une femme sortie de nulle part et qui se jette littéralement sur un policier du Bureau 2 pour mettre fin  à la torture sur la voie publique de son mari, taximan de son état.

La scène se déroule le jeudi 25 septembre 2014. Il est un peu plus de dix-huit heures, une heure de pointe où le transport devient difficile. Le terminus est noir de monde, chacun se demandant quelle gymnastique faire pour attraper un moyen de déplacement en vue de regagner son lieu de destination. La situation est rendue plus difficile par la présence de nombreux étudiants qui viennent de sortir des auditoires, et par le déversement en ce lieu de plusieurs centaines  de personnes venant du centre-ville et qui doivent prolonger leur course en direction des Cités Verte, Badiadingi, Mama Mobutu ou Pumbu, sans oublier les habitants de Mont-Ngafula et Kasangulu.

Soudain, c’est la panique générale. Sans que quelqu’un comprenne ce qui se passe, les gens se mettent à courir dans tous les sens. A Kinshasa, quand on voit plusieurs individus prendre la poudre d’escampette, l’on ne se pose jamais des  questions. On fait d’abord comme eux, c’est-à-dire se mettre à l’abri, avant de chercher à connaître l’origine de la débandade.

On en était donc à la panique à Upn-Terminus. Puis, comme cela avait commencé, les choses se calment. Brutalement. On cherche à comprendre et c’est alors qu’on apprend qu’un officier de police, un capitaine qui a en charge la sécurité dans tout le périmètre où se déroulent les incidents,  a pris personnellement les choses en main. Objectif : restaurer rapidement l’ordre, sans casses. Il s’est jeté lui-même à l’eau quand il s’est rendu compte qu’on se dirigeait vers un lynchage des policiers en civil pris en flagrant délit de torture  d’un chauffeur de taxi sur la voie publique.

Mais au fait, que s’était-il passé ?

Il ressort des informations recueillies par Le Phare que quatre éléments du Bureau 2 (des policiers de renseignement en civil) avaient mis la main sur un chauffeur de taxi pour des faits qui n’ont pas été portés à notre connaissance.  Sans attendre, ils se mettent à le maltraiter et c’est à peine si le gars ne s’est pas retrouvé dénudé.   Ce traitement, le chauffeur a continué à le subir sur le chemin le conduisant au poste de police situé sur l’avenue Marine où il devait être verbalisé.

C’est chemin faisant, indiquent les témoins, entre le parking et le poste de police situé non loin de l’église La Borne, que les choses se sont  gâtées. Le chauffeur qui continuait à subir des actes de maltraitance a commencé subitement à convulser. Il salivait abondamment et on commençait à craindre sérieusement pour sa vie.

De la foule qui observait la scène, les murmures sont devenus de plus en plus forts.  Puis, ce fut le tour de la colère d’éclater. Des vendeurs choqués ont interpellé les agents en civil sur leur comportement.

Une femme surgie de nulle part

Pendant que la colère gagnait de plus en plus la foule, on vit soudainement surgir une femme.  C’est l’épouse du taximan, crie une voix. Sans doute la voix de la personne qui doit avoir été la prévenir. Au vu du spectacle qui s’offre à elle, celui d’un mari en loques, tenant à peine debout et bavant comme s’il se trouvait déjà à l’article de la mort, l’épouse n’hésite pas une seule seconde. Elle se jette, comme un fauve, sur l’un des policiers tortionnaires. La foule applaudit frénétiquement et fait mouvement en direction de la femme pour lui prêter main forte. Voyant ce mouvement, trois policiers détalent, laissant l’un de leurs subir la vindicte populaire. Personne ne les poursuit parce que ce qui intéresse l’épouse et la foule, c’est sauver le taximan victime de maltraitance. C’est en apprenant ce qui était entrain de se passer que l’officier  pré-rappelé réagit avec promptitude pour empêcher le lynchage du policier. Il réussit à récupérer l’agent qu’il conduit au poste de police pour l’audition d’usage.

Les incidents de l’UPN/Terminus interviennent quelques jours après la parade au cours de laquelle le commandant de la Ville, le général Kanyama, a moralisé les policiers de la capitale à l’occasion de la remise d’un cadeau spécial au brigadier Katalay qui s’était distingué dans la défense de la station-service Cobil, au croisement des avenues Kasa-Vubu et de l’Enseignement. Suivez le bon exemple, leur avait-il dit. Soyez les agents de la protection de la population et de leurs biens, avait-il précisé.

Mais comme on le constate, les mauvaises habitudes ont la dent dure. Cela ne ne devrait  pourtant pas décourager les responsables de la police qui doivent, à la manière de Boileau, se remettre à l’ouvrage.  Une fois, dix fois, mais surtout vingt fois, comme disait  le maître. Oui, mon général, vingt fois sur le métier, mettez-vous à l’ouvrage. Polissez-le. Repolissez.

VAN

 

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