La RDC, le Rwanda, l’Ouganda et les Nations Unies veulent clarifier la position des anciens belligérants encore au pays de Yoweri Museveni sur leur rapatriement ou non au Congo- Kinshasa.
Une délégation mixte composée de la RDC, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Communauté internationale se rendra dans les prochains jours à Kampala. Une mission devant permettre à ces pays de la Communauté internationale de la région des grands lacs (Cirgl) de clarifier définitivement la question autour des ex-combattants du M23 restés au pays de Yoweri Museveni. Il s’agira pour les signataires de la Déclaration de Nairobi d’interroger les ex- rebelles s’ils veulent ou non rentrer en RDC conformément aux dispositions prises. Si non, " la personne ou les personnes désireuse (s) d’y rester ne seront plus considérée comme relevant de la Déclaration de Nairobi, mais comme étant un des simples citoyens congolais désireux de vivre en Ouganda ". Telle est une des mesures adoptée hier mercredi 11 février lors de la troisième réunion d’évaluation de la mise en œuvre de la déclaration du Gouvernement de la RDC par rapport au rapatriement des ex-éléments de l’ex-rébellion vers le Congo- Kinshasa.
Hier, au siège du Mécanisme national de suivi (MNS), François Muamba, Said Djinnit, Ntumba Luaba, les représentants des ambassadeurs de l’Ouganda et du Rwanda… ont échangé " de manière à pouvoir faire la même lecture sur les avancées réelles et sur les nouvelles mesures en mettre en pratique pour que la RDC tourne la page autour de cette question des ex-M23 " et surtout si on tient compte des 453 identifiés au Rwanda. Comme l’a expliqué le coordonateur du comité exécutif du MNS au cours de son mot de présentation, "après ces évolutions, nous avons estimé indispensable de faire le point à ce stade car, à ne croire les autorités ougandaises, il serait dénombré plus de 1.100 éléments ex-M23 restés en Ouganda et dont la plupart ne souhaiteraient pas rentrer en RDC ". Vu ce tableau, " le Gouvernement congolais veut que nous puissions ensemble définir un mode opératoire qui permette de vider rapidement ces défis ".
En décembre 2014, les premiers éléments du M23 rapatriés d’Ouganda sont arrivés à la base de Kamina, au Katanga. Le coordonnateur du Mécanisme national de suivi en RDC, François Muamba s’en est félicité même si il a rejetté la responsabilité de la lenteur sur les ex-dirigeants de l’ex-rébellion. Au cours d’un entretien avec des journalistes, François Muamba a accusé ceux qu’il a appelés " le quarteron ", autrement dit les anciens dirigeants de l’ex-rébellion du M23. Selon le coordonnateur du Mécanisme national de suivi, ce groupe de dirigeants de l’ex-M23 manipule les candidats au retour volontaire. Ils iraient même jusqu’à créer l’illusion d’un exil doré au Canada pour ceux qui devaient se retrouver sur le sol ougandais après le 12 décembre, date anniversaire de la Déclaration de Nairobi.
Cette énième descente sur terrain, précise François Muamba, " se fera d’une manière claire " avant d’ajouter que dans quelques semaines les Congolais auront la nouvelle selon laquelle les anciens combattants du M23 en Ouganda sont hors d’état de nuire à l’Etat congolais.
Comme la RDC, les Nations Unies sont contentes que les ex-M23 de Kigali puissent rentrer en RDC. C’est du moins ce qu’a laissé entendre hier son représentant spécial dans la région des grands lacs. Au sortir de cette réunion d’évaluation de près de deux heures, Saïd Djinnit a déclaré que l’objectif de ces assises est de permettre à ce processus de rapatriement " de se terminer dans l’intérêt de tous ". Cependant, Saïd Djinnit pense que le rapatriement ne suffit pas pour que l’Est de la RDC connaisse une paix durable. " La question des Adf/Nalu n’est pas encore réglée et le dossier des Fdlr est encore loin de connaître un aboutissement heureux ", a fait remarquer le fonctionnaire onusien ". Toutefois, il émet le vœu de voir chaque partie impliquée " libérer absolument la partie Est de la RDC où le trafic illégal des minerais se multiplie et où l’insécurité ne cesse de s’accroître ".
Balayant d’un revers de la main les accusations selon lesquelles les Nations Unies ne font pas pression sur les autres pays signataires de la Déclaration de Nairobi, le représentant spécial des Nations Unies dans la région des grands lacs a estimé qu’ " on encourage toutes les parties prenantes à travailler ensemble, à coopérer en vue de la fin du rapatriement des anciens belligérants ". Dans ce registre, Saïd Djinnit a promis que dans les prochaines rencontres un accent particulier sera mis sur la présence de chacune des parties au processus de rapatriement.
En principe, René Abandi devait prendre part à cette réunion d’évaluation entre les signataires de la Déclaration de Nairobi. Mais toujours est-il que le porte-parole de l’ex-mouvement rebelle a démissionné de ses fonctions et jusqu’alors le point focal de l’ex-M23 n’a pas encore désigné une autre personne. Le coordonnateur chargé de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi pour le compte de l’ex-rébellion du M23, René Abandi, a démissionné de ses fonctions, accusant le gouvernement congolais de non respect des engagements pris à Nairobi. Rachidi MABANDU