Roger Lumbala brise le silence à l'heure de grands jeux politiques en RDC. L'ex ministre du commerce extérieur s'exprime sur tous les sujets. À l'heure des alliances politiques, le président du RCDN réitére son soutien à Étienne Tshisekedi. «C'est un homme bien» dit-il. L'ex député national, parmi les mieux élus au Kasai-Oriental, soutient aussi la démarche politique du président Joseph Kabila sur le Dialogue. Pour lui, c'est la seule issue pour vider une crise qui n'en est pas une à ses yeux. En tant que politico-militaire déclare-t-il d' expérience, lui qui a été de toutes les batailles politiques, le Dialogue est une bonne chose. Ainsi, il apporte son soutien au Facilitateur Edem Kodjo. Le format et les matières lui conviennent. Juste ajouter des problèmes sécuritaires de l'est dit-il. R. Lumbala qui se revendique de l'Opposition prend ses distances avec l'autre frange de l'Opposition. Il estime que si la revendication principale de cette dernière lors du meeting du 24 avril c'est dire non au Dialogue, son parti n'y participera pas. En revanche Lumbala est pour le respect de la Constitution et des élections dans le délai y prescrit. Delà à prôner le chaos en cas de non élection, Roger Lumbala, ex allié de Bemba puis de Kabila ensuite de Tshisekedi, s'y refuse catégoriquement. D'après lui,le 20 décembre 2016 sera un jour ordinaire. Il annonce par ailleurs son retour imminent en RDC. Ci-dessous l'interview accordée à 7SUR7.CD le plus grand site d'infos en RDC.
- A quand votre retour au pays? Qu'est ce qui bloque? La loi d'amnistie a pourtant déjà été prise!
Mon retour est déjà programmé mais pour l’instant je me prépare comme un grand garçon pour être en pole position dans les futures activités politiques dans ma famille politique qui a une maladie congénitale de la division. Rien ne bloque en principe. A part quelques réglages pour m’éviter de connaitre la situation qui est celle de nos compatriotes qui noient en prison. Dieu veut que je sois épargné de ces supplices et m’a donné une autre forme de lutte pour son peuple. Je ne suis pas éligible a l’amnistie par le fait que cette amnistie prenait en compte les groupes armés qui ont fait la guerre à partir de 2003. Lumbala ne fait pas partie de ses groupes armés. Je suis le président du RCDN reconnu officiellement par le ministère de l’intérieur et le coodronateur nationale de la plateforme politique Soutien à Étienne Tshisekedi (Set).
- Que reste-t-il du M23? Avez-vous coupé les ponts définitivement avec ce mouvement?
Personne ne peut vous dire ce qui reste des vestiges d’un groupe et surtout il faut faire attention au cadavre d’un serpent. C’est pourquoi il est recommandé de tuer le serpent et très souvent chez nous on le jette très loin parce que même mort le serpent fait toujours peur. Le M23 était un mouvement politico-militaire dont les principaux acteurs sont au Rwanda et en Ouganda. je ne saurai pas vous dire ce qu’ils sont devenus si ce n’est dire qu’ils ont signés la Déclaration de Nairobi et attendent sa mise en application. Je ne suis plus en relation avec les compatriotes de ce groupe suite à cette séparation brutale et à la distance qui nous sépare. J’espère qu’ils se portent bien.
- A quoi et à qui est due l'actuelle crise politique en RDC?
Personnellement je ne vois pas la crise politique. Le président Joseph Kabila Kabange contrôle toute la situation et déplace les pions comme il le souhaite. Par contre, le président Étienne Tshisekedi est en droit de réclamer l’imperium volé des élections de 2011. Cependant, l’impression est donnée par les anciens alliés du président Kabila qui connaissent la cuisine interne de la Majorité présidentielle, qui crient à cor et à cri et qui convoitent son siège selon les accords qu’ils auraient signé pour un mandat de deux ans. C’est ça l’origine de l’actuelle semblant de crise dont s'est saisie la communauté internationale dans sa logique de diviser pour rester dans notre pays, elle a pris ses enfants dans ses alliés pour les faire miroiter le siège de Kabila. Ce siege convoité n’est pas encore libre jusqu’a l’élection prochaine prévue dans la constitution de notre pays. Donc il est temps de comprendre que nos revendications démocratiques et préventives ne nécessitent pas la tenue du Dialogue pour lequel la communauté internationale doit nécessairement s’impliquer. Par contre, le refus de Tshisekedi de participer aux affaires de l’État en 2011 est un élément majeur qui peut exiger la tenue du Dialogue
- Comment en sortir? Pensez-vous que le Dialogue politique préconisé par le président kabila et la communauté internationale est la solution?
Celui qui va dire que le Dialogue n’est pas une solution veut faire la guerre! Vous pensez que Joseph Kabila va quitter le pouvoir par des incantations de certains de ses anciens collaborateurs? C'est là que je trouve que les congolais n’ont pas appris des leçons du monde lointain même de notre propre environnement. Ils ne voient pas ce qui s’est passé dans tous les pays voisins. La communauté internationale est impuissante. Elle n'est pas capable de s’imposer conmme la France l’a fait en Côte d’Ivoire et en Libye. Les États-Unis en Irak. La seule solution pour un ancien politico-militaire que je suis c’est le Dialogue entre congolais.
- Le facilitateur, le format du comité préparatoire et les matières, strictement électorales, vous paraissent crédibles?
Je suis content de voir que à Sun City c’était le président Thabo Mbeki qui avait pris la décision d’abriter en Afrique du Sud les assisses politiques. Et ce pays frère et ami avait pris en charge le Dialogue. Aujourd’hui c’est la même Afrique du Sud par le truchement de madame Nkosazana Zuma qui nous aide à avoir le facilitateur africain en la personne d’un homme qui a de l’expérience africaine et de son pays en la personne d’EDEM KODJO. Le format du comité préparatoire est correct parce que pour toute discussion, il faut qu’une équipe se mette à préparer sinon c’est le désordre. Les matières qui tiennent les congolais à coeur c’est la tenue des élections dans le délai constitutionnel. J’estime que cela n’est pas mauvais mais pendant les tractations dans le comité préparatoire une brèche peut être ouverte pour parler par exemple de la réconciliation des nations ( comme le recommande l’Accord-cadre d'Addis-Abebas), de la sécurité des congolais à l’Est de la République et autres sujets qui tiennent à coeur les congolais.
- Quel est votre lecture de la Résolution 2277?
Cette résolution est l’émanation de l’Accord-cadre et de la Résolution 2098 du Conseil de securtité des Nations-Unies unies. La communauté internationale ne se dédit presque jamais sauf pour le cas d'Israël, parce que c’est une puissance et nous connaissons ce qui se passe dans ce pays. Mais pour les pays qui semblent être très faibles comme le nôtre, les pays d’Afrique noire, elle s’impose. Regardez le gouvernement qui demande la réduction des effectifs militaires dans son pays, le conseil de sécurité refuse. C’est un aveu d’impuissance pour le président Joseph Kabila Kabange.
- Qu'adviendra-t-il au delà du 19 décembre en cas de non-élection?
Après le 19 décembre 2016, nous serons le 20 décembre comme un jour ordinaire. Peut-être avec le déploiement des militaires sur les grands axes et les politiques qui vont se terrer chez eux, quelques casseurs vont peut-être viser les magasins des chinois tout ça si le Dialogue ne marche pas avec Tshisekedi. Par contre si les recommandations du Dialogue sont respectées et mises en application je pense que le 19 décembre sera un jour des déclarations intempestives seulement.
- En 2013 au plus fort de la rébellion, le gouvernement ne jurait que par l'ordre constitutionnel, aujourd'hui il défend la Constitution sur les bouts de levres alors que certains de ses membres veulent la modifier ou la changer. Cela vous inspire quoi?
Le pouvoir aveugle et quand il est absolu, il corrompt absolument. Les animateurs du pouvoir choisissent le moment pour défendre la constitution et vous rappelle qu’ils ont la force de s’imposer en utilisant certains articles de la constitution. Mais je tiens à préciser que la constitution n’est pas immuable mais il faut voir dans quelles conditions elle peut être modifiée.
- L'Opposition projette un grand meeting le 24 avril à la place Triomphal, votre parti y sera-t-il?
Mon parti politique est dans sa famille de l’opposition. Mais je dois savoir quelles sont les revendications. Si c’est le non au Dialogue je pense que notre place ne sera pas là-bas. Si c’est pour la tenue du Dialogue et le respect de la constitution il est juste que mon parti politique soit avec les autres qui vont manifester dans le calme.
- Le jeu des alliances a commencé. Avec qui vous allierez-vous? Kabila, Kamerhe, Katumbi ou vous allez réchauffer votre plateforme de soutien à Étienne Tshisekedi?
Vous savez que depuis ma jeunesse je suis toujours de l'Opposition. je suis un opposant éternel j’ai commencé avec Mobutu c’est pourquoi j'étais devenu Président de l’Udps en France, malgré mon attachement a Mzee Laurent-Desiré Kabila j’ai fait l’opposition suite à son refus de transformer sa victoire militaire en victoire politique en intégrant les hommes politiques de l’époque surtout en la personne d’Etienne Tshisekedi. Ensuite, je me suis retrouvé après la mort tragique et brutale de M’zee, opposant de Joseph Kabila. Je suis avec Tshisekedi parce que je crois en sa lutte. Quelles que soient ses erreurs, il semble être un type bien. Je suis avec lui et je ne quitterai pas pour les bruits des sirènes ou comme pour un oiseau de la fable de La fontaine qui voit une noix qu’il tenait au bec brillé dans la flaque d’eau en dessous de lui, il lâche ce qu’il a pour aller chercher la noix qui était dans l’eau. J'ai les deux pieds sur terre et je ne me laisse pas influencé par des espèces sonnantes et trébuchantes. Je suis avec Tshisekedi pour rien au monde je ne le lâcherais. On peut me reprocher tout dans la vie sauf mon soutien et mon attachement à Tshiskedi.
Propos recueillis par Israël Mutala