Edem Kodjo à RFI : « Tout temps perdu ne peut que faciliter la non-application de délai constitutionnel »

Lundi 25 janvier 2016 - 11:30
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Après avoir été en contact avec la classe politique congolaise, Edem Kodjo entend conduire à son terme le processus de facilitation dont mission lui confiée porte sur la tenue du dialogue politique national. L’ex-Premier ministre togolais nommé le 14 janvier par l’Union africaine fait la lecture de son séjour à Kinshasa.

 

RFI : Quel bilan faites- vous après trois jours passés en RDC?

 

Edem Kodjo : C’est un bilan que je peux qualifier de positif parce que j’ai eu’à rencontrer un nombre considérable de représentants de la société congolaise. Mal heureusement, en mission exploratoire, je ne pouvais pas recevoir tout le monde. J’ai dû m’excuser auprès de tous ceux qui n’ont pas été reçus en espérant que lors de mon prochain voyage, je trouverai l’occasion de les voir et les écouter aussi.

 

Vous aviez rencontré le président Joseph Kabila, Est-ce qu’il vous a donné des précisions par rapport à la tenue effective du dialogue qu’il a convoqué ? Est-ce qu’on a une date aujourd’hui pour ce dialogue?

 

Ce que je peux dire est que le président Joseph Kabila, lui, a fermement l’intention d’aller dans la voie du dialogue et de le faire le plus rapidement possible. J’avoue qu’il y a quelques contraintes sur notre chemin. Il y a le prochain sommet des chefs d’Etat qui se tient à la fin du mois. Moi-même, j’ai l’obligation de rendre compte à Madame Zuma, dans un premier temps, et dé voir avec elle comment on ajuste les choses pour mon prochain séjour au Congo.

 

L’un des participants que l’on attend, c’est l’UDPS d’Etienne Tshisekedi. Vous aviez rencontré des membres de l’UDPS mercredi. Que vous ont-ils dit ? Sont-ils prêts, aujourd’hui, à accepter, votre médiation et à participer au dialogue?

 

Ils sont tous d’accord pour ma médiation. Ils n’ont posé aucun problème. Ils comptent sur moi pour que j’aille parler avec leur chef à Bruxelles.

 

Les membres de l’UDPS disent qu’avant de se prononcer, en définitif, sur leur participation au dialogue, ils attendent les résultats de votre rencontre avec Etienne Tshisekedi.

 

Ils ne m’ont pas dit ça. Ils m’ont dit qu’ils m’exhortaient à aller voir Etienne Tshisekedi. Je dois vous dire que moi- même j’avais l’idée de cela avant d’en parler avec eux.

 

La dynamique de l’opposition et le G7 n’ont pas souhaité vous rencontrer et participer à ce dialogue. Quel est le massage que vous souhaitez leur faire passer?

 

Je ne sais pas. Il y a des partis qui sont dans leur mouvance. Ils sont venus me voir, notamment le parti de M. Jean-Pierre Bemba, le MLC. A mon avis, une position courageuse consistait à dire, nous, allons voir le médiateur, le facilitateur et nous allons loi dire notre point de vue. Est- ce qu’on a besoin d’un dialogue encore dans ce pays? Il y a le dialogue qui s’organise au niveau de la CENI, dialogue qui s’organise au niveau de l’assemblé nationale, du sénat... Je crois que le dialogue .est nécessaire pour entendre ces genres de langage Quelle que soit l’opinion des uns et des autres, il urge qu’on puisse essayer de se retrouver. S’il y a des pièges, je crois que nous sommes suffisamment intelligents tous pour les deviner et les réduire.

 

Pour vous, est-ce que ce dialogue ne doit pas empêcher la tenue de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel ? Pour vous, est-ce que le respect du délai constitutionnel est un facteur important?

 

Bien sûr. C’est un facteur important. Ceci aidant, il est clair que nous devons avoir une idée tout-à-fait nette de l’état d’avancement du processus ‘électoral. Est-ce qu’il y a le blocage, les problèmes qui ne sont pas résolus, les problèmes importants qui ne sont pas encore cernés comme il le faut ? Il faut mettre tous ces problèmes sur la table. C’est ça l’intérêt du dialogue.

 

Est-ce que c’est l’impératif pour vous de les respecter ou c’est, ce qui est souhaitable?

 

C’et un impératif et c’est ce qui est souhaitable aussi Donc, plutôt que de rester à l’écart, je pense qu’il faut venir pour qu’ensemble on évalue le travail qui. se fait au niveau de la CENI. J’ai écouté attentivement le président de la CENI. J’avoue qu’après son exposé, j’étais un peu rassuré en quelque sorte parce que j’ai trouvé qu’il’ y avait énormément de choses à faire encore. Il faut qu’on s’attèle tous ensemble à régler ces problèmes pendant qu’il est encore temps parce que tout temps perdu ne peut que faciliter la non application de délai constitutionnel.

 

L’opposition soupçonne le président Joseph Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de ce délai. Est-ce que c’est votre sentiment ? Ce qu’il envisage ce glissement comme possible. Est-ce qu’il, s’est engagé avec vous à partir comme la constitution, le prévoit?

 

Je crois que les suspicions et les procès d’intention n’ont jamais été des éléments valables lorsqu’on organise des choses comme des consultations de cette nature-ci. Je crois que les gens sont normalement intelligents et que chacun doit pouvoir défendre sa thèse comme il faut. Et je ne peux souvent quand on m’a fait des confidences sur ce qu’il veut ou ce, qu’il ne veut pas. Ce que je sais, est que j’ai été mandaté pour faire en sorte que ce dialogue soit un succès.

 

Par RFI/MMC

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