Au moment où l’actualité politique se focalise, d’un côté, sur le rejet, par l’Unc de Vital Kamerhe, de tout dialogue avec la Majorité et la Société civile et, de l’autre, le contenu du discours sur l’état de la Nation qui sera prononcé par le Président de la République, force est de constater que toutes les revendications de l’Opposition se retrouvent dans les recommandations des Concertations nationales tenues en 2013. A l’exception de celle relative au "contentieux électoral de 2011". Mêlés, les cahiers des charges de l’Udps d’Etienne Tshisekedi et de l’Unc de Vital Kamerhe vont de la fin de la guerre à la remise du pays sur la voie de la démocratie...
D’autres préalables, pour l’Unc, sont : " Refaire la cohésion nationale ; Parachever le processus électoral ; Instaurer la bonne gouvernance pour répondre aux besoins sociaux de notre peuple ; Jeter les bases d’une justice distributive ; Mettre en place la Commission de Droits de l’homme et celle de la lutte contre la corruption ; Élaborer un modèle de la coopération régionale et internationale et faire des belligérants actuels des véritables partenaires économiques pour le développement de la sous-région et le bien être de nos populations respectives" et " Mettre sur pied une armée véritablement républicaine socle de l’État de droit". C’est dans la déclaration du 16 octobre 2013.
D’autres préalables, pour l’Udps, tout au moins sous le couvert des Forces politiques et sociales pour l’unité de l’action, sont : " mettre fin aux conflits armés ; impulser une véritable réconciliation nationale ; restaurer l’Etat de droit ; booster la bonne gouvernance" et " éradiquer les antivaleurs (corruption, concussion, détournement des deniers publics, pillage des ressources naturelles". C’est dans la déclaration du 25 novembre 2014 signée par Me Bruno Mavungu, secrétaire général du parti.
PREUVES CONVAINCANTES
Des 679 recommandations issues des Concertations nationales, bon nombre répondent une ou plusieurs fois, souvent sous différentes formulations, aux exigences de l’Opposition radicale, dont celles de l’Udps et de l’Unc.
Prenons celles de l’Unc. L’exigence "Mettre fin à la guerre" est sa réponse dans la recommandation "Eradiquer les groupes armés nationaux et étrangers".
L’exigence " Refaire la cohésion nationale" a sa réponse dans la recommandation "la promotion du dialogue entre les différentes couches sociopolitiques de la Nation pour la sauvegarde de la cohésion, fondement de la société congolaise".
L’exigence "Parachever le processus électoral" a la sienne dans les recommandations relatives à la thématique des Elections.
L’exigence " Instaurer la bonne gouvernance pour répondre aux besoins sociaux de notre peuple " a sa réponse dans la recommandation "mettre en phase la croissance économique avec les besoins sociaux de base".
L’exigence "Jeter les bases d’une justice distributive" a sa réponse dans les recommandations de la thématique Gouvernance sociale.
L’exigence " Mettre en place la Commission de Droit de l’homme et celle de la lutte contre la corruption" a les siennes dans la recommandation "Désigner et installer les membres de la Commission Nationale des Droits de l’Homme " et la recommandation " Mettre en place une juridiction spécialisée de lutte contre l’impunité en matière de corruption de concussion, d’enrichissement illicite, de détournement des deniers publics, de fraude fiscale et douanière et de toute autre infraction associée" .
L’exigence "Élaborer un modèle de la coopération régionale et internationale et faire des belligérants actuels des véritables partenaires économiques pour le développement de la sous-région et le bien être de nos populations respectives" a sa réponse dans la recommandation "Activer les commissions mixtes avec les pays voisins afin de régler notamment les conflits portant sur l’exploitation du pétrole, du gaz et des autres ressources naturelles".
Tandis que l’exigence " Mettre sur pied une armée véritablement républicaine socle de l’État de droit" a sa réponse dans la recommandation "Accélérer la réforme du secteur de la défense, de la police et de la sécurité, mettre en œuvre les lois votées et promulguées, mettre sur pied un organe de suivi de cette réforme au sein de l’armée, de la police et des services de sécurité et de renseignement".
En ce qui concerne l’Udps, l’exigence " mettre fin aux conflits armés" fait l’objet de la recommandation "Eradiquer les groupes armés nationaux et étrangers".
L’exigence "impulser une véritable réconciliation nationale" fait l’objet de la recommandation "Promouvoir la culture de cohabitation pacifique entre les différentes communautés".
L’exigence "restaurer l’Etat de droit" est l’objet des recommandations de la thématique Etat de droit et Réformes institutionnelles.
L’exigence " booster la bonne gouvernance" est absorbée par la recommandation " Nécessité d’inscrire l’action publique et d’intégrer dans le comportement de l’ensemble des dirigeants politiques les principes et valeurs qui fondent la gouvernance d’un Etat et renforcent la cohésion nationale".
L’exigence "éradiquer les antivaleurs (corruption, concussion, détournement des deniers publics, pillage des ressources naturelles)" fait l’objet de la recommandation "Renforcer la répression des auteurs d’abus de pouvoir, de trafic d’influence, de corruption, de concussion, de détournement des deniers publics et ériger en circonstances aggravantes la commission de ces infractions par les hauts responsables politiques, administratifs et judiciaires".
Quant à l’exigence "remettre le pays dans la voie de la vraie démocratie", elle a sa réponse dans la recommandation faite "au Gouvernement de la République d’engager une étude prospective se rapportant à la définition du contenu de la vision commune de la Nation à l’horizon 2030, en impliquant les représentants de toutes les forces vives de la Nation".
Même les engagements et recommandations fixés dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu font l’objet des recommandations des Concertations nationales.
UN ELU, CINQ SCORES DIFFERENTS...
L’unique exigence à laquelle ces assises n’ont réservé aucune recommandation est, on s’en doute, celle de " résoudre la crise de légitimité au sommet de l’Etat".
En toute logique, il revient à l’Opposition radicale en général, à Udps en particulier et, tout naturellement, au candidat Etienne Tshisekedi de produire la preuve de la victoire proclamée lors de la présidentielle du 28 novembre 2011. Il se fait seulement qu’en plus de lui-même Tshisekedi, quatre autres personnes physiques et morales ont soutenu cette victoire, en livrant cependant des scores différents, surtout contradictoires.
Pour rappel, en décembre 2011, le lider maximo s’était proclamé sur Rfi et France 24 vainqueur avec un score de 75 % (donnant à Kabila 28, 27 ou 30 %). Sur Radio Vatican, le cardinal Laurent Monsengwo l’avait proclamé vainqueur sans avancer le moindre score (!). Valentin Mubake, Jacquemin Shabani et Eugène Diomi Ndongala l’avaient proclamé au même moment vainqueur avec un score de 54 %. Son propre parti, après une auto-compilation limitée à 9,62 % des procès-verbaux, l’avait accrédité en 2012 d’un score de 56,2 %. Pas plus tard qu’en octobre 2014, trois ans après avoir situé la victoire à 54 %, Valentin Mubake va lu coller sur Africa n°1 un score variant allant 58 et 68 % !
Pour rappel encore, Vital Kamerhe (arrivé 3ème), avait proclamé Etienne Tshisekedi vainqueur, selon les procès-verbaux électoraux en sa possession, mais sans en indiquer le score. Trois ans après, il semble ne plus se souvenir de la promesse de fournir à l’Udps ces preuves. Au contraire, dans la toute dernière déclaration de l’Unc du 1er décembre 2014 signée par Jolino Makelele, son parti invite l’Udps à "...oublier la bataille de la conquête de l’impérium de Tshisekedi, le Président Joseph Kabila ayant consommé trois années du mandat réclamé..." !
PRIX A PAYER...
Ce qui peut être retenu, c’est que les Concertations nationales ont rendu sans objet la quasi totalité des exigences de l’Opposition radicale, tout au moins de l’Udps et de l’Unc. C’est assurément pour cela que Vital Kamerhe prend la tangente, maintenant qu’il réalise que le dialogue préconisé dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité n’a pas grand-chose à traiter, s’agissant du fond.
Pour la forme, on peut souligner que la cérémonie de clôture des Concertations nationales avait été rehaussée le 7 octobre 2013 de la présence de la délégation des pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu, le même organe à l’origine de la Résolution 2098. En plus, l’ordonnance portant n°13/078 du 26 juin 2013 portant création, organisation et fonctionnement des Concertations nationales s’est appuyée sur l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et sur cette résolution.
Finalement, l’Opposition radicale a tout à gagner en réalisant le prix à payer, si réellement elle tient absolument à des élections qui soient libres, transparentes et crédibles. C’est sa participation dans les organes de décision et d’exécution impliqués dans la tenue de ces échéances. Omer NSONGO DIE LEMA