La question d’une facilitation pour la tenue effective du dialogue national projeté est prise en charge à l’échelle continentale. L‘objectif est d’éviter au pays de sombrer dans une crise difficile à dénouer après les deux guerres qui avaient endeuillé la RDC et dont la sortie se négocie péniblement. Les élections apaisées et crédibles en 2015-20l6 peuvent offrir au pays la stabilité recherchée et pour laquelle la communauté internationale estime qu’il serait contreproductif de faire abstraction du pourrissement qui se profile à l’horizon. –Les Africains se prennent ainsi en charge !
Des surprises peuvent voir le jour en vue de la tenue effective du dialogue national voulu par le président de la République et attendu par une importante frange de l’opinion. Des sources confirment l’existence des tractations en vue de sauver cette rencontre par la mise en place d’une facilitation. Le président Joseph Kabila, qui et opposé publiquement à une quelconque implication étrangère dans les tractations entre Congolais, serait sur le point de lâcher du lest. Selon nos sources, le président congolais aurait notablement évolué dans son entendement de la présence étrangère lors des pourparlers entre Congolais de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile.
Nos interlocuteurs sont formels : « les officiels congolais ne sont pas disposés à accorder de l’espace à une médiation. Ils acceptent le principe d’une facilitation ». Plus loin, ils confient que toutes les tendances du pays seraient «favorables à une facilitation exclusivement africaine ».
Pour ne pas gêner les tractations en cours, des noms des chefs d’Etat honoraires ou en fonction ne pourraient être cités. Toutefois, le portrait dressé va des présidents en exercice d’organisations sous-régionales ou régionales, à des chefs d’Eta qui Ont quitté le pouvoir à l’issue de leurs mandats constitutionnels. Jusque-là, toutes les parties concernées ne se sont pas encore définitivement prononcées sur la question. Mais les discussions se poursuivent encore afin de permettre un atterrissage en douceur de l’ensemble du processus.
La mise en place d’une facilitation africaine mettra tout le monde d’accord en même temps qu’elle ne heurtera pas la susceptibilité des uns ou des autres. Et, toujours selon les mêmes sources, les parties concernées sont tombées d’accord sur le principe d’une facilitation, en lieu et place d’une médiation. Une fois que les parties au dialogue auront levé l’option, l’heure aura ainsi sonné pour que la facilitation entre en scène.
LES POSSIBILITÉS EN PRÉSENCE
Les prises de position des uns et des autres font apparaître trois tendances. La première est constituée de pro-dialogues sans conditions. Ici, l’on retrouve en bonne place la Majorité et quelques membres de l’Opposition. Pour eux, aucune facilitation n’est à prévoir. D’ailleurs, le seul leadership du chef de l’Etat serait amplement suffisant pour réussir le dialogue national. Se retrouvent dans cette logique le PPRD, Bundu Dia Mayala de Ne Muanda Nsemi, le Parti Travailliste de Steve Mbikayi, …
La deuxième tendance regroupe les partisans du dialogue avec un préalable, à savoir une médiation internationale. Ils entendent se conformer à l’Accord d’Addis-Abeba et autres résolutions onusiennes. L’UDPS et ses alliés qui ont embouché le langage du dialogue depuis quelque temps constituent le noyau de cette catégorie. Enfin, la troisième tendance est composée par les opposants au dialogue. Ceux-ci estiment qu’aller au dialogue serait une-perte de temps. Selon eux, à l’approche des élections de novembre 2016, tout dialogue n’a pas sa raison d’être. Il faut simplement s’organiser pour tenir de bonnes élections afin de réussir l’alternance.
La facilitation aura donc la lourde tâche de concilier toutes ces vues et obtenir des uns et des autres de se parler autour d’une table. Ce travail terminé, les Congolais pourraient s’organiser eux-mêmes pour que le dialogue aboutisse à des résultats susceptibles de déboucher sur l’organisation des scrutins apaisés.
LA STABILITÉ À TOUT PRIX
Cette démarche, qui se fait en coulisses en ce moment, est voulue par la communauté internationale pour qui, il est hors de question que tant d’efforts fournis dans la pacification restent sans lendemain. A l’approche des élections, les tensions qui apparaissent doivent être canalisées afin d’éviter au pays de sombrer, une nouvelle fois, dans le chaos. La communauté internationale n’est pas disposée à laisser le pourrissement s’installer dans l’instabilité du fait des acteurs politiques qui s’estiment en droit non seulement de tripatouiller impunément les textes légaux mais encore d’imposer des impasses qui conduiraient le pays à l’embrasement.
Les uns et les autres sont tenus à se dépasser, tout en sauvegardant la souveraineté du pays, acquise au prix du sang. De même qu’il faut pérenniser les acquis démocratiques imposés de haute lutte par des Congolais depuis l’enclenchement du processus démocratique en 1990. Trop de sang a coulé e personne ne peut s’octroyer le droit den faire couler encore impunément La voie de sortie reste, estiment la plupart, le dialogue.
Par LE POTENTIEL