Le président angolais Eduardo Dos Santos vient d’annuler le Sommet des chefs d’Etat des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) initialement prévu les 15 et 16 janvier 2015 à Luanda.
« Les troupes des Nations Unies sont, en principe, prêtes de réaliser les opérations militaires qui devront être faites en accord avec le gouvernement de la République démocratique du Congo qui, à n'importe quel moment, pourra donner des ordres à ses forces », a déclaré samedi 10 janvier le ministre angolais des Relations Extérieures.
Selon Georges Chikoti, « c’est dans ce sens que des contacts ont eu lieu entre les Nations Unies, le gouvernement du Congo et les forces étrangères, mais il n’y aura pas de Sommet sur ce cas spécifique ».
Il a rappelé que « les chefs d'Etat de la CIRGL ont réalisé un mini-sommet en mars dernier, qui a lancé un ultimatum au mouvement des FDLR » qui ont « écrit des lettres à certains chefs d'Etat leur promettant de déposer les armes jusqu’au 30 mai 2014 ».
« Cette promesse n'a pas été accomplie, raison pour laquelle les ministres de la CIRGL et de la SADC se sont rencontrés le 2 juillet 2014 et ont prolongé le délai à une période de six mois, cela jusqu'au 2 janvier 2015. En ce moment, les FDLR n'ont pas concrétisé leur parole », s’est désolé le chef de la diplomatie angolaise.
Georges Chikoti a alors rappelé que, « dans ce contexte, un Sommet des chefs d'Etat réalisé à Luanda, l’année dernière, a décidé qu'au cas où les FDLR ne déposent pas les armes, il y aurait une opération militaire et cette décision des chefs d'Etat des Grands Lacs avait été corroborée par la SADC, lors du Sommet de Vitoria Falls (Zimbabwe) ».
« En principe, l'Angola ne convoquera pas de sommet pour cette question, car tout est clair et c'est aux Nations Unies de prendre la décision », a-t-il insisté.
Kabila invité à « appliquer pleinement les dispositions de la directive Monusco-FARDC »
Dans sa Déclaration publiée à l’issue de sa réunion du 08 janvier 2015, « le Conseil de sécurité (des Nations unies) demande aux autorités de la RDC, en particulier au Président Kabila, en sa qualité de commandant en chef des FARDC, d’approuver rapidement et d’appliquer pleinement les dispositions de la directive conjointe établie par la MONUSCO et les FARDC », .
Ensuite, il « constate que la date limite du 2 janvier, fixée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe, est passée et que non seulement les FDLR ne se sont pas rendues et démobilisées complètement et sans conditions, mais qu’en plus, elles ont continué à recruter dans leurs rangs de nouveaux combattants ».
Par ailleurs, le Conseil « prend note de la déclaration faite par le Gouvernement de la République démocratique du Congo le 2 janvier, dans laquelle ce dernier indiquait qu’une intervention militaire contre les FDLR était désormais +inévitable+ et que la région, représentée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe, s’était clairement exprimée en faveur d’une intervention de la RDC et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) au cas où les FDLR ne procéderaient pas à une démobilisation complète, y compris de leur commandement militaire, l’objectif étant de mettre un terme à la menace posée par ce groupe ».
Le Conseil réaffirme qu’il est nécessaire de traduire par une action soutenue la volonté des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la MONUSCO – par l’intermédiaire de la brigade d’intervention de la force agissant en coopération avec l’ensemble de la Mission, conformément à l’alinéa b) du paragraphe 4 de la résolution 2147 (2014) ¬ de neutraliser les FDLR en lançant immédiatement des opérations militaires.
Kigali « réjoui », Pretoria « mécontent », la Tanzanie « pas prête »
« Le président Dos Santos se soucie vraiment et comprend la valeur de la stabilité régionale », s’est réjouie vendredi la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
« Le Sommet de Luanda est une perte de temps et d’argent. Il faut agir contre les FDLR », avait-elle estimé jeudi dans les colonnes du New Times.
RFI rapporte que « le Rwanda et l’Angola se sont rapprochés ces derniers mois, un rapprochement couronné par la visite en Angola en décembre du président rwandais Paul Kagamé, une rencontre qualifiée d’+historique+ par le chef de la diplomatie angolaise ».
« Le gouvernement congolais avait-il été averti, comme Kigali, de l’annulation du sommet ? Toujours est-il que ce même vendredi, il avait été évoqué lors d’une conférence de presse par Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais », commente le média français.
Et d’ajouter : « Du côté de Pretoria, on ne cache pas son mécontentement et l’on demande des explications à Luanda. L’Afrique du Sud est membre de la SADC accusée - comme la RDC - par Kigali de tout faire pour éviter les opérations contre les FDLR ».
« Mon pays n’est pas prêt à s’engager dans des opérations militaires immédiates contre les rebelles si les populations civiles rwandaises parmi les FDLR ne sont pas clairement identifiées et protégées », a déclaré samedi le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Bernard Membe, au journal The East African.
La Tanzanie (au moins 800 militaires), l’Afrique du Sud et le Malawi contribuent à la Force d’intervention rapide de la Monusco (3 000 hommes) qui a militairement mis fin le 5 novembre 2013 à la rébellion du M23 au Nord-Kivu (Est de la RDC)