Petit à petit, les populations reprennent l’habitude de consommer des produits locaux. Avec les produits de Bukanga-Lonzo, le gouvernement espère à une autosuffisance alimentaire. Plusieurs points de vente des produits de ce parc agro-industriel sont déjà ouverts à travers la ville
Après récolte, le gouvernement passe à l’étape de la distribution et de la commercialisation des produits du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans la province du Bandundu. A Kinshasa, les points de vente sont ouverts dans plusieurs communes. Le dernier à être inauguré c’est le point de vente de Masina. On y vend principalement la farine de maïs. L’ouverture de cette cantine populaire inaugurée le lundi 14 septembre a suscité un sentiment de satisfaction dans le chef de la population du district de la Tshangu dans lequel se trouve la commune de Masina.
« Nous sommes très contents d’avoir les produits du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo à proximité. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié la qualité de ce maïs. Nous espérons qu’ils vont très prochainement amener aussi le riz et d’autres produits alimentaires », rapporte une femme, la quarantaine révolue, venue s’approvisionner en maïs.
Dans cette cantine populaire de l’espace Bukanga-Lonzo, le sac de farine de maïs de 10 kg est vendu à 6 000 francs congolais alors qu’ailleurs, la même quantité de maïs coute près du double de ce prix. Le sac de maïs blanc de 25 kg qui se vend à 25 000 Fc chez d’autres vendeurs privés est plutôt offert à 16 000 Fc dans cette cantine populaire de Masina. Le sac de maïs jaune de 25 kg y est vendu à 15 000 Fc.
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo est la matérialisation d’un projet mis en place par le gouvernement congolais depuis 2014. Ce projet vise, entre autres, le ravitaillement en produits alimentaires de la ville de Kinshasa en particulier et de toute la RDC en général. C’est depuis le mois de juin dernier que ce parc agro-industriel de Bukanga-Longo a donné sa première moisson.
Sept mois et quelque dix-huit jours ont suffi pour que le président de la République, Joseph Kabila Kabange, présidât le jeudi 5 mars dernier, la cérémonie de la première récolte de maïs au parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. Ce premier champ s’étendait sur une superficie de 5 000 hectares de terre sur les 80 000 que compte l’ensemble du parc, pour une production de 4 tonnes de maïs par hectare, soit 20 000 tonnes. Bukanga-Lonzo, dont le coup d’envoi de la semi avait été donné par le chef de l’Etat le 15 juillet 2014, incarne désormais le grenier agricole de la RDC, l’oubli de l’esprit de la cueillette et s’inscrit en même temps à l’esprit du business avec ses produits.
En instituant Bukanga-Lonzo, l’objectif du gouvernement est « d’atteindre une croissance agricole inclusive, car il a initié un vaste programme d’implantation des parcs à travers l’ensemble du pays ». Ce programme, à long terme, s’articule autour de deux phases qui consistent en la production des légumineuses, avec le maïs, l’haricot, le soja, etc. Le second programme vise, notamment, la production animale avec le poulet de chair, du poisson, les œufs, de la viande.
Autosuffisance alimentaire
Pour le ministre de tutelle, « la cérémonie de lancement de la première récolte du maïs est l’expression de l’engagement du gouvernement de booster l’économie congolaise et la modernisation du secteur agricole de la RDC ». Et ce, par de grands investissements dont la qualité permettra non seulement de lutter efficacement contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en RDC, mais aussi d’augmenter la compétitivité des produits agricoles « Made in Congo » par rapport au reste du monde. Deux cents kilomètres de route et une piste d’aviation sont déjà aménagés à l’intérieur du parc, qui aligne aujourd’hui plus de 250 tracteurs, un système d’irrigation couvrant 1 000 hectares, une usine de bois opérationnel, d’une usine de caillasse et d’un système interne de purification d’eau.
Pour le lancement, le 15 juillet 2014, de ce premier parc agro-industriel en République démocratique du Congo, le gouvernement a mobilisé une enveloppe financière de 83 millions de dollars américains, sur fonds propres (53 millions USD pour la mise en production du site, une trentaine de millions de dollars américains pour la production et la distribution d’électricité sur le site). « Cet engagement financier traduit la volonté du gouvernement de faire de l’agriculture, à la fois un levier de croissance économique et un secteur qui contribue au mieux-être des populations », a expliqué le Premier ministre, Matata Ponyo. Avant d’ajouter que « le gouvernement veut renforcer l’agriculture pour permettre aux citoyens d’accéder à des denrées alimentaires à des prix acceptables ».
Sur les 80 000 hectares, près de 11 000 hectares doivent être à terme consacrés à la culture des légumes et produits maraîchers. Les investissements d’accompagnement prévus comprendront l’énergie, les transports, le logement, l’eau, des centres de formation agricole, des écoles, des centres de santé et les infrastructures communautaires. Le gouvernement a fait effet de levier en apportant les premiers financements. Les entreprises du parc agro-industriel fournissent les services, les équipements, les intrants agricoles et l’appui institutionnel.
Parallèlement, un consortium sud-africain, Africom, est mandaté pour gérer le site dans le cadre d’un contrat de gestion, en partenariat avec les coopératives constituées avec les communautés villageoises. « C’est l’exemple type d’un partenariat public-privé », conclut le Premier ministre, Matata Ponyo.
C’est sur ce même modèle que le Domaine agro-industriel présidentiel de la N’Sele (DAIPN) a déjà été relancé en 2013 avec un opérateur privé (LR Group) et des financements publics. Quant au « modèle Bukanga-Lonzo », il sera ensuite dupliqué sur d’autres sites.
En mai 2013, sous la houlette du président de la République, le gouvernement a adopté le Plan national d’investissement agricole (PNIA 2013-2020) dont l’objectif est triple : sortir les populations de l’insécurité alimentaire, faire du développement des filières agricoles et agro-industrielles l’un des principaux piliers de la croissance économique et d’atteindre le premier Objectif du millénaire pour le développement (OMD) fixé par l’ONU d’ici à 2025, à savoir la réduction pour moitié de la pauvreté.
Avec un financement de plus de 5,73 milliards de dollars américains sur sept ans, le PNIA est articulé autour de cinq programmes : la valorisation des zones agricoles et agro-industrielles (3,65 milliards Usd) ; la gestion des produits et de la sécurité alimentaires (536,9 millions Usd) ; la recherche et développement (R&D) et la formation (738,3 millions Usd) ; la gouvernance et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles du secteur (607,3 millions Usd) ; l’adaptation au changement climatique (195,8 millions Usd).