Le régime sortant doit comprendre qu’il ne sert à rien de jouer à la résistance car dans la respiration démocratique d’un pays, rien n’est plus permanent que le changement.
La République Démocratique du Congo, ce vaste ensemble au cœur de l’Afrique n’est démocratique que de nom. Le pire, c’est que les nouvelles générations au pouvoir sont tellement portées sur le plaisir, la jouissance et la concupiscence que les valeurs démocratiques et républicaines disparaissent au profit des vertus galeuses d’un navire qui prend l’eau de partout…
Tel dans un marché des dupes, le pouvoir sortant se contente d’un Etat dont la démocratie constitue l’emballage et la dictature son contenu. En effet, le referendum constitutionnel, les élections de 2006 et de 2011, la floraison des maisons de presse, le pluralisme politique et syndical, ne suffissent pas pour attester de la fonctionnalité de la RD Congo en mode démocratique.
Le principe des élections emporte celui de la responsabilité sanctionnable et représente à plus d’un titre un élément fondamental de la gouvernance démocratique. Comme l’a si bien dit Ousmane Sy, Lauréat du prix international Roi Baudouin du développement 2004 – 2005.
«1. La Gouvernance démocratique suppose un power législatif qui représente le Peuple et qui agit en son nom et pour son compte.»
Malheureusement, en RD Congo, le pouvoir législatif est « robotisé ». Il est complètement asservi aux velléités monarchiques de l’exécutif. Il ne peut ni contrôler, ni sanctionner. Par contre, c’est un pouvoir qui est passé maitre dans l’art de la redondance législative qu’il confond maladroitement à de la production législative. La dernière illustration en date aura été le vote en catimini, un jour férié et chômé, (pour les gens qui ont pris le pouvoir pour venger l’ancien Premier Ministre Patrice Emery LUMUMBA et qui se proclament Lumumbiste AFDeliens), de la loi électorale à l’Assemblée Nationale, alors qu’il existe une loi électorale encore en vigueur et qui ne pose aucun problème d’application, à part quelques amendements de forme.
«2. La Gouvernance démocratique nécessite un pouvoir judiciaire indépendant capable de faire respecter l’Etat de droit de manière égale pour tous les citoyens.»
Malheureusement, en RD Congo, le pouvoir judiciaire n’est que l’appendice des extrémistes et autres apparatchiks du régime finissant. En effet, l’intrusion de la Cour Suprême de Justice dans le faux procès de l’Honorable PPRD Wivine MOLEKA et l’Honorable ex PPRD Vital KAMERHE, actuel Président de l’UNC, sur une affaire conclue à l’amiable et pour laquelle il n’y a plus de plaignant, l’inculpation de Jean Claude MUYAMBO, l’un des organisateurs des manifestations du 19 et 20 Janvier 2015 contre la loi électorale de la mort, pour un dossier tiré des cendres de l’histoire, l’enlèvement du militant des droits de l’homme Christopher NGOYI sont restés secrets jusque-là, sont autant des faits qui démontrent que la Justice en RD Congo n’est pas indépendante.
«3. La Gouvernance démocratique requiert des forces de sécurité professionnelles, politiquement neutres et au service de la population.»
Malheureusement, en RD Congo, les forces de sécurité sont appelées à la rescousse des actions de violation des droits de l’Opposition et de répression des libertés fondamentales. Dans le cas d’espèces, tous les numéros de communication des personnalités de l’opposition qui ont participé à l’organisation des manifestations contre la loi électorale de la mort sont bouchés jusqu’à ce jour. Toute voix discordante contre un troisième mandat du Président sortant est sérieusement réprimée. Les récents ennuis du Gouverneur Moïse KATUMBI CHAPWE et du Député National Francis KALOMBO avec le pouvoir sortant en disent long.
Les multiples intimidations dont votre humble serviteur Jean Claude VUEMBA LUZAMBA a été l’objet de la part des officines non autrement identifiées à cause de ses relations avec le Gouverneur Moïse KATUMBI, qui datent de 2005 par une passion commune de football, sont des éléments probants qui témoignent de la tournure policière que vient de prendre dangereusement la gouvernance stratégique.
Le signal internet comme les SMS coupés ainsi que le signal des chaines de radio et de télévision qui ont gardé l’indépendance de leurs lignes éditoriales à savoir Canal Kin Télévision et Radio-Télévision Catholique Elikia. La répression est totale. La lutte contre la liberté d’expression et le droit d’informer et d’être informé est engagée. Dans ces conditions, la RD Congo n’est ni plus ni moins qu’une dictature grandeur nature.
Avec un peu de recul, je comprends pourquoi, le pouvoir sortant prend des libertés avec la réforme des services de sécurité (Armée, Police et Officine). En effet, dans une démocratie, les services de sécurité sont au service de la République mais dans une dictature, les services de sécurité sont au service des humeurs des hommes au pouvoir. A croire qu’ils ont signés les accords de Sun City et d’Addis-Abeba avec le M23 pour la restructuration des services.
«4. La Gouvernance démocratique exige des médias accessibles qui soient libres, indépendants et impartiaux.»
Malheureusement, en RD Congo, les médias officiels sont asservis aux intérêts du pouvoir sortant. Ils ne sont ni libres, ni indépendants, ni impartiaux
Les médias privés qui tiennent à garder l’indépendance de leurs lignes éditoriales sont tout simplement réduits au silence. C’est le cas de Canal Futur Télévision, Canal Kin Télévision, Radio Liberté Télévision, Radio Télévision Catholique Elikia, Congo News, …
«5. La Gouvernance démocratique s’appuie sur une société civile active, à même d’interpeller les pouvoirs publics et de proposer des modes différents de participation politique.»
Malheureusement, en RD Congo, le pouvoir sortant a noyauté la société civile au point d’en faire un instrument de propagande et de soutien aux actions du Gouvernement. La Société civile qui se démarque de cette orientation et qui garde sa nature de force d’observation et de proposition est tout de suite indexée et ses acteurs inquiétés comme c’est le cas avec Christopher NGOYI et plusieurs Congolaises et Congolais.
Ce tableau macabre retrace la vérité objective du fonctionnement des institutions en RD Congo. Tous les efforts consentis tant par la Communauté internationale que les Congolais réunis à Sun City en 2002 sont restés lettre morte et le consensus national scellé à l’occasion de ces assises à travers la Constitution du 18 Février 2006 est tout simplement un espoir déçu. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’unité nationale, la paix sociale et la réconciliation nationale sont de nouveau soumises à rude épreuve à cause de la boulimie du pouvoir du régime sortant.
Pour le Mouvement du Peuple Congolais pour la République, MPCR, l’absence de sensibilité du pouvoir sortant à l’alternance démocratique est un danger qu’il va falloir vaincre par tous les moyens. En tant que Député National et Président National du MPCR, je rappelle au pouvoir sortant ses engagements pris à Addis-Abeba lors de la signature de l’Accord-cadre sur la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la RD Congo et la Région à savoir :
1. Continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police ;
2. Consolider l’autorité de l’Etat, en particulier à l’Est de la RD Congo, y compris en empêchant les Groupes armés de déstabiliser les pays voisins ;
3. Effectuer des progrès en ce qui concerne la décentralisation ;
4. Promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture des services sociaux de base ;
5. Promouvoir les réformes structurelles des institutions de l’Etat, y compris la réforme des Finances publiques ;
6. Promouvoir des objectifs de réconciliation nationale, de tolérance et de démocratie.
Je mets en garde le pouvoir sortant contre toute velléité d’utilisation de la décentralisation, de l’identification de ou du recensement de la population comme des remparts anti alternance démocratique d’ici à 2016. Sur cette question précise, le régime sortant doit comprendre qu’il ne sert à rien de jouer à la résistance car dans la respiration démocratique d’un pays, rien n’est plus permanent que le changement.
J’invite le Peuple Congolais à obliger par toutes voies de droit la CENI à publier sans attendre le calendrier global des élections qui tienne compte des délais constitutionnels et légaux, mais surtout désinfecter le fichier électoral de 2006 et 2011 des fumistes corruptions des électeurs. Le Peuple Congolais doit également intérioriser les dispositions éloquentes de l’article 64 de la Constitution qui l’appellent à l’auto prise en charge en cas de dérapage du processus électoral. En un mot pour paraphraser et je crois que c’est l’unique fois de le citer dans mes propos, le Président Laurent Désiré KABILA : «Ne jamais trahir la Patrie».
Enfin, j’invite la Communauté Internationale à veiller à l’application stricte de l’Accord d’Addis-Abeba et de la résolution 2098 qui en découle pour espérer consolider la paix, l’unité et la réconciliation nationale à travers un processus électoral crédible, transparent et respectueux des dispositions constitutionnelles en vigueur en RD Congo.
Le Président National du MPCR
Jean Claude VUEMBA
LUZAMBA
Vice-président du Groupe Parlementaire UDPS, Alliés & Partenaires