Journaliste en danger (JED), organisation dédiée à la défense et à la promotion de la liberté de l’information, observe, avec une grande appréhension, la diffusion depuis plusieurs semaines sur quelques chaînes de télévision à Kinshasa, et sur certains réseaux sociaux, d’un spot de propagande en faveur de la tenue du Dialogue national intitulé : » A nous de décider « , peut-on lire dans une lettre adressée, le jeudi 17 septembre 2015, au président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) par le Secrétaire général de JED, Tshivis Tshivuadi.
Faire peur
Dans ce document audiovisuel, dont l’auteur n’est pas identifié, il y a des images vantant les réalisations du pouvoir en place, et à côté desquelles sont juxtaposées des scènes de violences et de chaos enregistrées en RD Congo lors des élections de 2006 et 2011, et dans certains pays étrangers secoués par des troubles politiques. Puis une voix off disant : » C’est à nous de choisir…; choisir la paix ou le chaos « .
Pour JED, il n’y a aucun doute que ce spot a été pensé et monté dans des officines politiques dans le but manifeste de faire peur et de conditionner psychologiquement la population, au moment où une grande controverse s’installe dans la classe politique autour de la nécessité ou non de la tenue du Dialogue initié par le chef de l’Etat. » Le message tendancieux et dangereux consistant, sournoisement, à présenter les élections à venir en RDC comme synonymes d’un chaos annoncé, n’est ni plus ni moins, qu’une tentative de manipulation de l’opinion, et une apologie de la violence intolérable « , martèle JED.
Déontologie en matière d’information
Dans cette correspondance envoyée notamment au Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi qu’au ministre des Médias, JED a tenu à souligner la responsabilité qui incombe à l’instance de régulation des médias qui a la charge de » veiller au respect de la déontologie en matière d’information « , et a rappelé l’article 6 de la loi organique du CSAC qui interdit, à travers les médias, l’apologie du crime, l’incitation à la violence, et toute autre forme de discrimination. » On sait que pour déclencher la violence, il suffit de peu de choses : d’un silence complice ou de quelques mots qui véhiculent un poison haineux.
Par conséquent, JED estime qu’il est encore temps de faire baisser la fièvre qui s’est emparée en RDC ; et qu’il est du devoir du CSAC , et de toutes les autorités qui nous lisent en copies, de ne pas laisser instrumentaliser la presse, de ne pas la détourner de sa mission, et de ne pas la soumettre à une violence facile ; mais au contraire de la libérer, de favoriser son indépendance et sa prospérité, et de lutter contre ses prédateurs « , conclue la correspondance.
Par Godé Kalonji Mukendi