Le torchon brûle entre Evariste Boshab, vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et sécurité, et Pierre Lumbi Okongo, conseiller spécial du chef de l’Etat en ma- tière de sécurité. Selon nos sources, tout serait parti après un entretien téléphonique, en début de semaine, entre le Conseiller spécial de Kabila et Ban Ki-Moon
le secrétaire général de l’Onu. Le SG de l’Onu qui avait tenté en vain d’avoir le président de la République, sûrement à cause d’un agenda chargé, s’est rabattu sur son Conseiller Spécial. Au menu de leurs entretiens, évidemment la sempiternelle question de la publication d’un calendrier électoral global et consensuel dans la
perspective des élections générales de septembre 2016 (présidentielle et législatives). La communauté internationale voit dans les tergiversations de la Ceni un risque poli- tique majeur pouvant déboucher sur une énième crise grave en RD-Congo. Sur ces entrefaites, P. Lumbi appela aussitôt Boshab pour lui demander de voir avec l’abbé Malu Malu comment mettre en route un calendrier global et consensuel dans un délai raisonnable. Le VPM chargé de l’Intérieur lui rétorqua qu’il n’a pas
d’instructions à recevoir de la communauté internationale. En fait selon Boshab, la suppression de l’alinéa 3 de l’article 8 de la nouvelle loi électorale
n’écarte pas totalement le préalable du recensement car d’autres articles de la même loi conditionnent de manière tacite le recensement avant les élections générales de l’an prochain.
D’ailleurs c’est la raison pour laquelle certains députés de la Majorité présidentielle, notamment Franck Diongo, avait suggéré que cette loi soit entièrement retirée. D’autres moins radicaux, appellent à la vigilance. Cette dans cette brèche que Evariste Boshab, loin de s’être avoué vaincu, aimerait s’engouffrer selon certains stratèges de la MP. Hypothèse que le conseiller spécial trouverait suicidaire d’après les mêmes sources. Pour Lumbi pondre un calen- drier ne serait pas une injonction de la communauté internationale comme le distille Boshab, mais rentre dans le processus de démocratisation tel qu’il est promu notamment par l’accordcadre d’Addis-Abeba. La confrontation entre les deux mastodontes de la Majorité présidentielle (MP) était prévisible car naturellement tout les oppose. Boshab est con- sidéré comme un faucon tandis que Lumbi est vu comme une colombe dans leur famille politi- que. Le patron du MSR (mouvement social pour le renouveau) a renforcé son image de quelqu’un de pondéré lors de l’examen de la loi Boshab (nouvelle loi électorale) à l’Assemblée nationale. Les députés de son parti s’étaient tous abstenus lors du vote. Cela n’avait pas du tout plu à Boshab, ancien patron du PPRD (parti pour la reconstruc- tion et le développement). Lumbi est antirévision, Boshab est un fa- rouche partisan de la ré- vision lui qui a même un écrit un livre sur le su- jet : « entre la révision constitutionnelle ou l’ina- nition de la nation ». C’est tout dire. L’un est proche des paysans et des petites en général (Lumbi), l’autre est un bourgeois qui dégouline l’arrogance (c’est l’image qu’il donne de lui). Œuvrant dans le même secteur, les deux personnalités sont obligées de collaborer avec les risques de régulières frictions. A Kabila de prendre la décision idoine après les avis de ses deux proches collaborateurs en sachant que dans toutes les cours du monde, il y a deux sortes de con- seillers : les courtisans arc-boutés sur les privi- lèges et les autres désins téressés et soucieux d’une stabilité plus à long terme.
PAUL MULAND