Palais de la culture de Treichville. Nous sommes déjà dimanche 9 mars. Il est 2h17min. Alpha Blondy vient d’égrener « Brigadier Sabari», son dernier titre de la soirée. Les décibels s’estompent. Une foule compacte se dirige doucement vers le portail de sortie. « C’est un grand show», s’enflamme, un homme d’environ la quarantaine. « On s’est éclaté et on a vraiment pris du plaisir », s’extasie une jeune fille. Samedi soir, Alpha Blondy a offert à lui tout seul, sans faire une injure au talent des artistes qui l’ont précédé su scène, une clôture mémorable à cette 8ème édition du Marché des arts du spectacle africain.
Devant au moins 8 000 fans à en délire, celui qu’on appelle affectueusement « Kôrô » ou encore Jagger a offert un spectacle époustouflant, confirmant, tel un bon vin, que plus il prend de l’âge, plus il se bonifie. Sur le podium titanesque, dressé spécialement pour lui, en plus de celui qui y existait déjà, Alpha Blondy a prouvé qu’il demeure non seulement une valeur sûre du reggae, mais surtout un grand professionnel. Là, où son jeune frère Arafat a étalé son irresponsabilité en faisant faux bond aux organisateurs, lui, l’aîné, pour ne pas dire le « doyen», a répondu présent. Et de quelle manière ? Présence scénique rassurante, belle orchestration musicale, chants justes et voix captivante... Alpha Blondy, sanglé dans un costume blanc, couleur symbole de la paix dont W est l’un des fervents apôtres, et casquette jeans, sur lequel trône le drapeau bleu et blanc d’Israël, a passé en revue une bonne dizaine de ses compositions, offrant ainsi aux spectateurs, une savoureuse balade au c?ur de son riche répertoire.
De « Jérusalem» à « Brigadier Sabari », en passant par « Cocody Rock », « Politiki », « Téré », « Haridjinan », « Wari », « Peace in Liberia ». . . pour n’en citer que quelques-unes Bien entendu, il a éduqué le public en le faisant danser, en témoignent ses appels incessants à la paix et à l’amour, comme par exemple « Dieu nous a donné la clé du paradis, c’est l’amour », ou encore son coup de gueule contre le terrorisme, avec le titre « Crime spirituel », dans lequel il clame haut et fort qu’«Allah n’est pas un Dieu terroriste» et qu’il «ne faut pas mêler Allah à vos actes criminels». Intenses moments d’émotion, Goody Brown le rejoint sur scène pour le titre «Abidjan ». Alpha s’efface même sur la scène, laissant le soin à son jeune frère de se mettre en évidence. Une incroyable perche que le « Kôrô » tend à son « Dôgô ». Attendu pour 45 minutes de prestation, Alpha Blondy a gratifié le public de presque deux heures de show, se prêtant par moments à son jeu. Une vraie leçon de patriotisme et d’humilité qui prouve si besoin en était encore, que sa réputation n’est pas du tout usurpée et, bien plus, qu’il aime vraiment sa Côte d’Ivoire... Avant lui, cet ultime spectacle du MASA avait débuté, dans l’après-midi, par le plateau de l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui a vu les lauréats des arts de la scène des récents Jeux de la Francophonie, à Nice en France arpenter, l’un après l’autre le podium. Ainsi, tour à tour, Free Style (France), Moussa Xlim (Canada), Biya Lunkoyi (RD Congo), Joan Minor (Etats-Unis), et Jean Jean Roosevelt (Haïti) ont fait montre de leur savoir-faire.
Ensuite, le public s’est pâmé d’admiration devant les frappes cadencées des Tambours du Burundi, véritable révélation de ce MASA 2014 ; a admiré les vocalises de la Chorale Rédemption et de la Chorale sur L’Aloe. Après cette entrée en matière, pour le moins, intéressante, des artistes plus côtés ont pris e relais, histoire de faire monter le mercure. Il s’agit notamment de Général Tchefary, Medhi Nassouli, Ramsès de Kimon, Cheikh Tidiane Seck, Mao Otayeck, Saintrick, Stelbee, Mariam Koné et particulièrement Jimy Hope, le bouillant rocker venu du Togo. Chacun d’eux a donné le meilleur de lui-même, histoire de faire vibrer le public et surtout de prouver que le MASA n’a pas eu tort de leur faire confiance. Dommage qu’Arafat n’ait pas compris cela. Hélas...
- SANGARE
Abifjan.net