Cinéma : Colette Braeckman réalise « l’Homme qui répare les femmes »

Vendredi 20 février 2015 - 13:03

Cinéma : Colette Braeckman réalise « l’Homme qui répare les femmes »
vendredi 20 février 2015

Son nom est celui de l’un de rares journalistes belges qui ont gardé un penchant pour l’histoire de la RDC. Colette Braeckman, après avoir titillé les Congolais avec son livre « Denis Mukwege, l’Homme qui répare les femmes », est entrain de traduire ses écrits en pellicules. « L’homme qui répare les femmes » est l’intitulé de son prochain film qu’elle coréalise avec le réalisateur cinéaste Thierry Michel. La sortie en salle en Belgique est prévue pour le mois de mars. L’entretien avec cette battante et « dame de fer » nous a été accordé au Caritas Hôtel, à Goma.

Colette Braeckman, voulez-vous expliquer aux lecteurs de L’Avenir le contexte de la rédaction de votre ouvrage ?
J’ai écrit le livre « Docteur Mukwege : l’homme qui répare les femmes », il y a déjà trois ans, après que le Docteur Mukwege ait reçu en Belgique le prix de la Fondation Roi Baudouin. Je l’ai rencontré mais je le connaissais déjà. Et je pensais que c’était un homme qui non seulement avait une histoire personnelle très importante : le courage et la façon dont il s’occupe des femmes, mais aussi l’histoire de sa vie était celle de toutes ces années de guerre et de violence au Kivu.
Le titre a beaucoup choqué comme vous l’avez souhaité, avez-vous eu des retombés sur des Congolais qui l’ont lu ?
Je crois que les Congolais étaient choqués par le titre ; mais c’était volontaire parce que quand je mets le mot « réparer », c’est un mot brutale et violent, c’est comme si les femmes étaient des machines ou des tissus qu’on devrait réparer, mais la réalité c’est celle-là et c’est celle du travail du Docteur : c’est de réparer ! c’est-à-dire recoudre le corps, restaurer l’intégrité physique des femmes, mais aussi restaurer leurs morales, leurs conditions économiques et les aider à repartir dans la vie. Donc, le titre a choqué oui, mais je me dis : les gens doivent aller plus loin et comprendre si c’est réparer et à quel point c’était démoli.
Bientôt, le contenu du livre sera traduit en film, peut-on savoir qui en est le réalisateur et il sera présenté quand ?
Thierry Michel et moi, sommes coréalisateurs du film qui a gardé le même titre de « L’homme qui répare les femmes ». Thierry Michel, cinéaste réalisateur et moi sommes venus deux fois en tournage, assez longtemps au Kivu. Nous n’avons pas seulement filmé le Docteur et l’hôpital de Panzi, mais aussi les victimes. Nous sommes sortis en brousse dans les villages. L’on est parti à Lemera, Kanyola, Mwenga,…. partout où il y a eu des massacres. Là, nous avons recueilli des témoignages des premières mains des victimes de la guerre. Et je pense que c’est la première fois que ses victimes ont parlé et interrogé d’une manière systématique.
Le film sera présenté en Belgique, à partir du 25 mars et sera en salle au mois d’avril. Après, il y aura un Dvd et certainement des projections en perspective à Kinshasa. Et l’on espère beaucoup aller avec à Bukavu et au Kivu.
Et vous comptez aussi associer le Centre Wallonie Bruxelles qui a un public assidu ?
Oui, je pense que nous allons demander au Centre Wallonie Bruxelles de nous aider à organiser une projection. Nous pensons aussi à l’Institut français, la Francophonie… Notre objectif, c’est de permettre à un maximum de Congolais de voir ce film, parce que cela est leur histoire.
Un message à adresser à tous ceux qui attendent ce film ?
Ce que nous avons voulu montrer, c’est un film sur la souffrance des femmes du Kivu et le courage de celles qui se reprennent en main. Donc, c’est un film destiné au public européen mais aussi aux Congolais. Parce que je crois qu’à Kinshasa, parfois l’on ne mesure pas ce que les gens dans l’Est ont vécu. Et c’est aussi pour ouvrir les yeux d’autres congolais qui ne sont pas de l’Est, à ce qu’a vécu cette partie de leur pays. L’objectif est qu’il y ait davantage de solidarité et d’empathie avec ces femmes du Kivu.

(Onassis Mutombo)