
L'Etat islamique a revendiqué l'attaque menée dans la nuit du samedi au dimanche 27 juillet dernier contre des populations de Komanda, un centre de négoce situé à une soixante-dizaine de kms de la ville de Bunia, chef-lieu de l'Ituri, en territoire d'Irumu.
Sur une chaîne télégramme, le groupe terroriste s'approprie la tragédie, avouant "avoir tué autour de 45 chrétiens et incendié des dizaines de maisons et de magasins". Il ne s'agit pas d'une première du genre. Plusieurs autres massacres des civils par l'ADF dans la contrée l'ont déjà été.
En effet, depuis 2019, avec à sa tête Musa Seka Baluku, qui en est toujours le leader principal, l'Alliance des forces démocratiques (ADF) a prêté allégeance au groupe Etat islamique, dont elle est devenue la branche ISCAP (Province d'Afrique centrale de l'Etat islamique) en RDC.
Depuis, de nombreuses attaques menées contre des agglomérations dans les territoires de Beni et Lubero (Nord-Kivu), ou Irumu et Mambasa (Ituri), sont revendiquées par l'Etat islamique. Plusieurs enquêtes menées rapportent que l'ADF/ISCAP a bénéficié d'un soutien financier des réseaux affiliés à l'Etat islamique en vue de faciliter l'acquisition d'armes et le recrutement des combattants.
En août 2023, l'Etat islamique avait même publié des photos d'une cérémonie d'allégeance des ADF au cheikh Abi Hafs Al-Qurashi, nouveau calif de Daesch.
Fondée et arrivée dans l'Est du Congo à la fin des années 80, l'ADF, au départ un groupé ougandais anti-gouvernemental, s'est enracinée dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu. Vers la fin de l'année 2014 particulièrement, elle a enclenché une série de massacres ciblés contre des civils. Ces jours, plus de 10 ans après, en dépit d'efforts militaires consentis, les troupes congolaises et leurs alliés ne sont jamais venus à bout de la nébuleuse.
Selon le monitoring des forces vives locales, plus de 15 mille civils ont péri en 10 ans suite à l'activité terroriste de ce mouvement. De nombreuses autres personnes ont été enlevées alors que des milliers de maisons et de véhicules ont été incendiés, ruinant ainsi l'économie locale.
En septembre 2024, les armées congolaise et ougandaise ont rapporté qu'elles avaient délogé l'ADF d'un campement entre Biakato et Makumo où "des ordinateurs connectés au réseau ISCAP et État islamique avaient été récupérés".
Ce rapprochement avec l'Etat islamique a déjà rendu plus complexe la question des ADF. Ces derniers ont même, à plusieurs reprises, mené des attaques contre l'Ouganda, régionalisant ainsi la crise.
Au seul mois de juillet en cours, le mouvement terroriste est responsable d'une centaine de morts dans des entités du territoire de Beni et d'Irumu. La dernière attaque est celle qui a visé des citoyens, particulièrement des chrétiens catholiques en veillée de prière dans le centre de Komanda. Au moins 43 personnes (49 selon des sources indépendantes) ont été tuées au côté des maisons incendiées.
Isaac Kisatiro, à Butembo