La question épineuse du chômage et de la création d’emplois se pose avec acuité dans l’opinion. Les débats sur cette question enflamment la rue et les salons du fait qu’elle touche toutes les familles qui ne savent plus à quel saint se vouer pour parvenir à caser leurs rejetons à la sortie des universités et instituts de l’enseignement supérieur.
Après avoir soutenu de manière héroïque les frais exorbitants des études secondaire et supérieure, les parents se retrouvent malheureusement en face d’un autre problème, plus cruel et redoutable, à savoir le chômage qui touche plus de 85 % des jeunes en âge d’entrer dans la vie professionnelle. Que des parents n’ont-ils pas été victimes des accidents cardiovasculaires en ne pouvant pas trouver pour leurs rejetons un emploi à même de les soulager du poids indicible des charges pour soutenir les frais scolaires et universitaires pour leurs petits frères et sœurs ! Eux qui espéraient enfin profiter des revenus de leurs enfants pour soutenir les frais des études d’autres enfants en âge de scolarité ! Que des parents n’ont-ils pas rêvé de voir un jour leurs enfants entrer par la grande porte dans la vie professionnelle ! Mais hélas ! La réalité sur le terrain est toute autre, car, en lieu et place des emplois rémunérateurs, faute de mieux, les jeunes d’aujourd’hui sont obligés de recourir au secteur de l’informel. Des diplômés des universités et instituts supérieurs se retrouvent vendeurs à la criée des cartes de téléphonie cellulaire et des papiers hygiéniques. De quoi faire retourner dans leurs tombes Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba et d’autres pères de l’indépendance!
Selon la 5ème tribune d’Adolphe Muzito consacrée à cette question épineuse du chômage et de la création d’emplois en RDC, les nouvelles demandes d’emplois entre 2012 et 2014 ont été estimées à l’ordre de 6.000.000, soit 2.000.000 par an. Il est donc impossible que le gouvernement ait réussi à réduire le taux du chômage de 43 % en 2014 jusqu’à 39 % en 2015. Il s’agit tout simplement d’une manipulation des chiffres de l’emploi pendant ces deux périodes précitées. Pire, l’on observe une implication de la Banque Centrale à ce jeu de falsification, s’est écrié Adolphe Muzito. Témoin, la déclaration maladroite faite le 20 juillet dernier par le porte-parole de la troïka indiquant que durant le 1er semestre de l’an 2015, l’on a créé 20.000 emplois soit 40.000 emplois par an. Comment alors expliquer cette baisse d’emplois en 2015 qui serait passée de 100.000 à 40.000 alors que le gouvernement se vante d’avoir réussi la croissance robuste ? A beau mentir ce qui vient de loin.
I. Rappel
A la suite de la Troïka stratégique du Gouvernement du 30 avril 2015, son porte-parole a rapporté ce qui suit :
1) L’économie congolaise a créé de 2012 à 2014: 300.000 emplois, soit 100.000 emplois par an ;
2) Le pays a avec cela prétendu avoir diminué le chômage de 51% en 2012 et 43 % en 2014 dans la période;
3) A ce rythme, le Gouvernement espérait ainsi réduire le chômage de 43% en 2014 à 39 % en 2015.
• Observations de la 5ème Tribune d’Adolphe Muzito du 08 juin 2015 sur l’emploi et le chômage.
1) Selon la 5ème Tribune, il y a impossibilité pour le Gouvernement de réduire le chômage de 51 % à 43 % entre 2012 et 2014, avec une création entre 2012 et 2014 de 300.000 emplois seulement, du fait que dans la dite période les nouvelles demandes d’emplois se sont chiffrées à 6.000.000 pendant 3 ans, soit 2.000.000 par an face à une création de 300.000 sur l’ensemble de la période. Ce qui a impliqué 5.700.000 de nouveaux demandeurs d’emploi qui se sont ajoutés au stock initial de chômeurs du début 2012 ;
2) Manipulation des chiffres de l’emploi dans la période, ayant consisté à verser chaque année dans les statuts des emplois les restes de nouveaux demandeurs d’emplois, soit 5.700.000 en les considérant comme des auto-emplois: 6.000.000 – 300.000 = 5.700.000 (comme auto-emplois).
3) Implication de la Banque Centrale du Congo à ce jeu de falsification des statistiques (Voir Rapport BCC 2013).
II. Déclaration du Troïka stratégique du Gouvernement du 20 juillet 2015 (Un menteur doit avoir une bonne mémoire 1)
Selon le Porte-parole du Gouvernement, pour faire profiter le pays de la robustesse du taux de croissance, le Gouvernement a décidé:
1) Mise en place d’un monitoring de suivi des créations d’emplois;
2) Création de 20.000 emplois au 1er semestre 2015, soit 10.000 emplois par trimestre et 40.000 par an en 2015.
III. Questions
1) Quid de la variable « Demande annuelle d’emplois »? soit 2.000.000 emplois par an et 8.000.000 en 4 ans (de 2012 à 2015).
2) Quid de la variation du taux de chômage avec :
- Une demande d’emplois en 2015 : 2.000.000 moins Une offre d’emplois en 2015 40.000 = 1.960.000 .
En considérant que les 1.960.000 demandeurs restants qui sont venus s’ajouter au stock d’emplois de fin 2014.
3) Quelles sont les statistiques des auto-emplois pour le premier semestre 2015.
4) Quid de la promesse de réduction du chômage de 43 % en 2014 à 39 % en 2015, quand on voit que l’économie va créer moins de la moitié d’emplois en 2015 par rapport aux trois dernières années ?
5) Comment expliquer cette baisse de création d’emplois en 2015, soit 40.000 au lieu de 100.000 alors que la croissance est dite robuste?
Me Steve Kivwanga et Mfumuntoto Basanga (Président de la 3ème voie)