Le Gouvernement Matata fait, désormais, de la relance de la voie ferrée son cheval de bataille. Après la SNCC qui a bénéficié d’un lot important des locomotives neuves, le regard est maintenant tourné vers la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), où une enveloppe importante de 10,7 millions USD vient d’être mise à disposition pour la fiabilisation du chemin de fer Kinshasa-Matadi.
Il est presque 9 heures le mercredi 9 septembre lorsque le train Express quitte la gare centrale de Kinshasa à destination de la ville portuaire de Matadi. A bord, le Directeur général de la SCTP, Jean Kimbembe Mazunga, le conseiller principal du Premier ministre en charge des Infrastructures et Transports, ainsi que des experts et ingénieurs de la SCTP. Cette visite d’inspection, gare par gare, vise pour l’envoyé de Matata Ponyo, à concilier les réalités du terrain avec de nombreux besoins exprimés dans le cahier de charge de la SCTP.
Premier arrêt : la gare de Matete. Le premier constat est amer : vente le long du rail ; des immondices jonchent le rail, mêlés parfois à l’ensablement de la chaussée, au niveau de la gare de Lemba. Il y a également le banditisme foncier marqué par des constructions anarchiques le long de la voie. Des incidents susceptibles d’entraîner le déraillement du train. Les agents de la SCTP commis aux travaux de la voie sont quasiment dépourvus de matériel. Pas de voitures de rail (Draisine) pour le contrôle de la voie, etc.
Des scènes qui permettent à l’ingénieur Baikpon Kalonda, conseiller spécial du Premier ministre en matières des infrastructures et transports, de palper les réalités du terrain, en vue de se rendre directement compte de l’ampleur des travaux à réaliser pour une relance effective du chemin de fer Matadi-Kinshasa.
Le Directeur général de la SCTP a dénoncé, pour sa part, le banditisme foncier constaté au niveau des axes routiers, mais qui règne également au niveau de la voie ferrée, où des constructions anarchiques pullulent, à côté des ensablements et des immondices de tout genre. " Il y a beaucoup de désordres qui font qu’il faut travailler, stabiliser la voie par endroit. Il faut aussi accroitre notre capacité d’évacuation. Parce que l’objectif, c’est de montrer aux importateurs que la voie est sûre aujourd’hui et qu’ils peuvent ramener leurs envoies. Tout ce qui transite par le port de Matadi peut arriver à Kinshasa par train. C’est pourquoi, nous devons augmenter notre capacité d’évacuation ", a-t-il insisté.
1 MILLION US POUR LA REMISE EN SERVICE DES TROIS LOCOMOTIVES
C’est ce qui a justifié aussi l’escale des Ateliers centraux de Mbanza-Ngungu, poursuit Kimbembe Mazunga, où la délégation a constaté qu’il y a des locomotives qu’on peut réhabiliter. A ce sujet, le patron de la SCTP a promis de débloquer rapidement un montant d’un million de dollars américains pour les Ateliers centraux de Mbanza-Ngungu. A en croire le responsable de ces ateliers, M. Mandiangu, ce montant servira dans un bref délai, à la remise en fonction de trois locomotives, sur les huit actuellement en état d’inertie, faute des pièces de rechange.
Il y a également la carrière de Kiasikolo, chargée de produire des caillasses pour le chemin de fer qui ne fonctionne presque pas, tout simplement parce que le camion benne est en panne depuis plusieurs mois. Il faut aussi ajouter l’usine de fabrication des traverses en béton armé de Lufutoto, où la plus grande production date de 1985 avec une production de 45.000 tonnes. A ce jour, la production atteint difficilement les 4.000 tonnes.
RELANCER LE CHEMIN DE FER POUR PROTEGER LA ROUTE
M. Baikpon Kalonda, l’œil et la bouche du Premier ministre Matata, s’est rendu lui-même compte de l’ampleur des travaux à effectuer pour la fiabilisation de la voie, tel que repris dans le cahier de charge de la SCTP. " La SCTP est une grande société en matière des transports, mais ses activités avaient sensiblement baissé. Le tonnage qui devrait normalement passer par la voie ferrée, passe par la route. Et vous savez les conséquences. Il y a la route qui se dégrade à tout moment. Vous allez remarquer que le Gouvernement peut investir aujourd’hui et demain la route se détériore, alors que le chemin de fer a pour vocation de transporter de gros tonnage. Conscient de cette situation, le président de la République avait instruit le Premier ministre que l’activité ferroviaire soit relancée ", fait-il savoir.
Dans les touts prochains jours, indique Baikpon Kalonda, que ce soit les ateliers, les matériels, le rail, tout sera réhabilité pour que l’activité puisse reprendre très rapidement, parce que les moyens sont là, a-t-il martelé.
Cet apport du Gouvernement, actionnaire principal de la SCTP, à la relance du chemin de fer, fait suite aux efforts fournis par le nouveau comité de gestion de l’ex-Onatra, conduit par Jean Kimbembe Mazunga. A seulement six mois de prise de fonction, l’Administration Kimbembe a réussi, sur fonds propres, à relancer l’exploitation dans tous les compartiments de l’entreprise, en redonnant de l’espoir à la population travailleuse de la SCTP, ainsi qu’au Gouvernement congolais qui ne croyait plus au redressement de ce géant de transports par une expertise locale.
Cette gestion managériale saine, efficace et efficiente, imprimée par Kimbembe Mazunga, place la SCTP à l’abri du processus de privatisation de la société tel qu’envisagé par le Gouvernement. MOLINA.