Burundi: le "Collectif contre le 3e mandat" décrète une trêve de deux jours des manifestations

Dimanche 3 mai 2015 - 07:48

Le "Collectif contre le 3e mandat", opposé à la candidature du président Pierre Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin, a appelé vendredi soir à "deux jours de trêve" dans les manifestations qui secouent la capitale Bujumbura depuis dimanche.

"Le collectif contre le 3e mandat vient de décider de deux jours de trêve dans les manifestations" et appelle "le président Nkurunziza à profiter de ces 48 heures pour réfléchir aux conséquences de son projet de troisième mandat et à y renoncer avant lundi", a annoncé à la presse Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour la conscience et le développement (Focode), l'une des principales associations de la société société civile burundaise.

"Sinon, lundi, nous reviendrons dans les rues avec beaucoup plus de vigueur et nous n'allons plus les quitter tant qu'il n'aura pas renoncé à son projet", a-t-il menacé, à l'issue d'une réunion des principaux dirigeants de ce collectif, qui regroupe un millier d'associations de la société civile et les deux centrales syndicales burundaises.

Ces deux jours de trêve, samedi et dimanche, "seront consacrés à organiser une inhumation digne des manifestants tués au cours de ces six jours de manifestations" et "seront également l'occasion pour les manifestants de mieux s'organiser pour les manifestations de la semaine prochaine", a précisé M. Nininahazwe.

Depuis le début, dimanche, des manifestations émaillées de heurts entre manifestants et policiers, six civils sont morts, dont trois tués par balles par la police. Un militaire a également été tué jeudi soir par un officier des services de renseignement qui a ouvert le feu alors qu'il avait été arrêté à une barricade par des manifestants.

L'armée, jugée plus neutre et appréciée des protestataires qui considèrent qu'elle les protègent de la police, s'interpose régulièrement entre émeutiers et policiers pour tenter d'apaiser la situation et éviter les dérapages.

Au moins 66 civils ont également été blessés depuis dimanche dont 29 pour la seule journée de jeudi, selon la Croix-Rouge burundaise. Des sources médicales ont fait état de plusieurs blessés par balle. Jeudi, journée ayant enregistré le plus de blessés depuis le début des manifestations, plusieurs manifestants ont été touchés par balles quand un groupe de policiers a ouvert le feu sur des manifestants qui marchaient vers le centre-ville.

Selon le porte-parole de la police Pierre Nkurikiye, une cinquantaine de policiers ont été blessés depuis dimanche.

Vendredi à Bujumbura, des manifestations ont été signalées dans plusieurs quartiers de la capitale - à Musaga, Cibitoke, Kanyosha notamment - mais elles se sont déroulées dans le calme et aucun incident n'a été signalé.

La police contient les manifestants dans les quartiers périphériques de la capitale, les empêchant de converger vers le centre-ville où ils cherchent à se rassembler.

 

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