Bukavu : la ville aux «mille collines»

Lundi 29 décembre 2014 - 11:43

La ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, présente une vue impressionnate avec sa multitude de collines. Suite à ce relief montagneux, l’on a l’impression que les maisons sont taillées les unes sur les autres, avec une architecture assez délicate, utilisant comme matière de construction de base, la brique cuite. On est toujours entrain de faire deux exercices : soit on monte, soit on descend. Il est presqu’impossible de rencontrer un terrain plat sur sa route.

Située à environ, 35km de l’aéroport de Kavumu, Bukavu est une ville composée de 3 grandes communes subdivisées chacune en quartiers. Il s’agit de la commune d’Ibanda qui comporte 11 grands quartiers : Nyamoma ou la Botte, Nyawera, Nyofo, Muhumba, Mukukwe, ISP, Nguba, Hippodrome, Nyalukemba, Ndendere et Panzi. La deuxième, celle de Kadutu compte 11 quartiers : Kasali, Mosala, Nyamugo, Cimpunda, Kanjangu, Nyakaliba, Buholo I, II, III, IV, V, Funu, ETPO et Nkafu. Bagira, la troisième commune de Bukavu compte quant à elle, 5 quartiers à savoir, A, B, C, D et Mushekere.

La commune d’Ibanda, avec son quartier Nyamoma (à Labotte), correspond à la commune de la Gombe de la capitale du pays, car c’est là que se retrouvent pratiquement toutes les institutions de la province, dont, le gouvernorat. Et c’et au quartier de Panzi, toujous dans la même commune, que se trouve l’hôpital de Référence de Panzi, où un grand nombre de femmes victimes de violences sexuelles dans cette province, sont soignées depuis plusieurs années, maintenant avec le concours du docteur Mukwege et de plusieurs autres médecins.

Les communes de Kadutu et Mbagira en ce qui les concerne, sont celles qui hébergent les coins les plus chauds de la ville. La commune de Kadutu par exemple, est surnommée, Bandal, suite au mode de vie semblable à celui de cette commune de la capitale Kinshasa. On y retrouve une forte concentration des bars, boites de nuit, mais également, un pourcentage très élevé de pollution sonore. Pire encore, en plus des bruits des bars et autres, les boites de nuits ne sont pas construites pour la plupart, dans le respect minimum des normes. Ce qui fait que, indépendamment de leur vouloir, les habitants voisins aux boites de nuit et bars, assistent toutes les nuits, aux concerts Karaok que livrent ces derniers, avec aucun espoir de trouver un petit moment de silence dans la nuit.

Selon les témoignages de certains voisins, ils trouvent à présent inutile d’envisager une quelconque démarche en justice, car ils n’ont jamais gain de cause, du fait que cette dernière a toujours été complaisante à l’égard des tenanciers de ces bars et boites de nuit.

Le quartier Nyalukemba de la commune d’Ibanda, et le quartier Essence, dans la commune de Kadutu, sont les endroits les plus redoutés à Bukavu, en ce qui concerne l’insécurité. C’est là qu’on rencontre les différents ilots d’inciviques (bandits, voleurs, malfaiteurs). Ils peuvent être comparables aux quartiers de Kinshasa tels que Kingabwa, certains coins de Masina, Ndjili, etc.

Par contre, c’est dans la commune de Bagira que l’on rencontre en grand nombre les filles qui s’adonnent à la prostitution.

En circulant pour la première fois dans la ville de Bukavu, plusieurs choses attirent l’attention et la curiosité. En ce qui concerne d’abord le transport en commun, l’on remarque une abondance de taxis, taxi-bus, appelés tac, ainsi qu’un très grand nombre de taxi-motos. Les taxis et les tacs sont tous marqués de numéros d’identification sur les côtés. Le port des casques par les chauffeurs des motos est obligatoire et respecté. On ne rencontre aucun «wewa» qui ne porte son casque sur la route.

Une autre chose qui accroche, c’est la propreté de ces véhicules de transport. Ils sont tellement en bon état et bien entretenus que certains visiteurs en provenance par exemple de Kinshasa, hésitent à les héler, tellement qu’ils pensent qu’ils ont à faire aux voitures personnelles.

Comme à Kinshasa, chaque taxi-bus a son receveur qu’on appelle convoyeur. Il est généralement courtois et poli, contrairement à celui de la capitale. S’agissant du coût du transport dans la ville, le taxi revient à 500fc, 400fc, 300fc et 200fc, selon qu’il s’agit d’un long, moyen ou court trajet.

On constate qu’un grand nombre de filles en âge de fréquenter l’école primaire au secondaire, ont les cheveux coupés entre 1 et 3 cm. C’est tout simplement parce qu’elles fréquentent les écoles catholiques ou protestantes, où la coupe des cheveux est obligatoire.

L’autre curiosité, c’est l’utilisation courante de la monnaie américaine, le dollar, et même le billet de 1 dollar, qui n’est pas utilisé dans la capitale.

Situation commerciale

En plus du grand marché de Kadutu, Bukavu compte plusieurs autres marchés de proximité, dont Nyawera, Nguba, Feu rouge, du port Mwanzi, qui alimentent la population en produits agro-alimentaires. Frontalier du Rwanda, bon nombre de produits que l’on retrouve sur le marché de Bukavu (lait, jus, eau, etc) provient aussi de ce pays voisin. A cause de l’insécurité dans les localités avoisinantes, entretenue par les Rwandais.

Le marché de Bukavu est également alimenté par les produits alimentaires en provenance de Goma par les bateaux qui font des navettes nuit et jour. Il s’agit entre autre des pommes de terre, des fromages, des saucissons, etc.

Myriam IragiMaroy

(Envoyée spéciale à Bukavu)