C’était l’invitation faite par Etienne TSHISEKEDI à ses partisans brûlant de réagir vivement, à l’issue des présidentielles congolaises du 28 novembre 2011 remportées, pour un nouveau quinquennat par le président sortant, Joseph Kabila.
Ce dernier était proclamé, le 16 décembre 2011, réélu à 48,9 % contre le candidat n° 11 à qui avait été reconnu un score de 32,3 %, à la grande colère pas seulement des « combattants » de son parti UDPS.
Prévue le 6 décembre 2011, la publication des résultats provisoires, pour des raisons officielles de logistique, a été différée plus d’une fois, avant d’être faite, tranche par tranche au fur et à mesure de la « compilation » jusqu’à l’annonce de la victoire de KABILA.
Mais Étienne TshisekediwaMulumba donné pour second, est allé pour sa part jusqu’à s’autoproclamer président élu, refusant d’emboiter le pas aux autres candidats mécontents qui se sont précipités d’introduire des recours auprès de la Cour suprême de Justice, arguant que cette dernière était inféodée au pouvoir.
Néanmoins, la suite lui donna raison car ce fut, de l’avis de tous, une parodie de justice qui fut rendue dans un palais de Justice entouré par des chars blindés, apparemment par crainte des débordements populaires.
Rien de cela n’eut ,cependant lieu, TSHISEKEDI ayant pris l’option de calmer la population, préférant en appeler à la communauté internationale qui, bien que reconnaissant qu’il y avait eu « certaines irrégularités » au cours du scrutin présidentiel, n’en finissait pas, cependant, de gloser , avec sa légendaire perfidie qu’on lui connait , sur leur ampleur et leur impact sur « l’ordre des résultats » !
Pourquoi la Communauté Internationale et non la Cour suprême ?
C’est un secret de polichinelle : le poids souvent arbitraire mais toujours décisif de cette communauté pèse sur nos destins politiques en Afrique subsaharienne plus que celui du peuple « souverain » et pour notre pays cela date de Léopold II jusqu’à ce jour.
Toujours est-il que l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, l’UDPS, n’a pas de cesse jusqu’à ce jour de réclamer pacifiquement disons verbalement et par des écrits, la vérité des urnes qui consacrera en même temps l’accession à l’imperium de son leader.
Parmi les Congolais frustrés, beaucoup se disaient pourtant prêts pour « la Révolution », à l’instar du « printemps arabe » : manifestations de rue, grèves et autres boycott.
Pour les combattants de l’UDPS et pas seulement eux, ils attendaient pour cela, le mot d’ordre qui devait naturellement émaner du président légitime et autoproclamé, qui a refusé de s’incliner devant le holdup électoral perpétré, selon lui, par un président illégitime , revêtu par effraction, des oripeaux de la légalité.
Or, c’est à peu près certain que si pareil ordre des marches de protestation avait été lancé, et que pour peu qu’il soit suivi, le détenteur du pouvoir du moment pouvait ou peut, à en croire certains pessimistes ou optimistes réservés, en tirer prétexte, pour les noyer dans le sang et en attribuer la responsabilité au candidat n°11.
Etienne TSHISEKEDI serait tombé dans le piège à con dans lequel Laurent Gbagbo s’était laissé avoir.
On l’aurait vu, en effet, être accusé d’avoir assouvi sa soif du « sang innocent des Congolais » et son cas, en tant que commanditaire passif ou actif des massacres, devrait intéresser la Cour Pénale Internationale très prompte à régler ses comptes avec les rebelles réels ou supposés de l’ordre public tel que voulu par la communauté internationale.
C’est confronté à ce dilemme que le leader de l’UDPS a été conduit à jouer une carte aux frontières de l’action et de l’omission qui révèle de sa part un sens politique ou un instinct de survie hors pair .
Sans se taire, le candidat n°11 n’a pas voulu cependant donner un mot d’ordre express tel que l’attendaient ses millions de combattants qui lui demandaient et continuent à lui demander de leur dire ce qu’ils devaient, doivent ou devront faire pour que la vérité des urnes soit rétablie.
Le leitmotiv est toujours le même : leur champion devra exercer effectivement l’impérium, pour réaliser le rêve du changement « radical » dont il est le héraut et le héros depuis plus de trois décennies.
D’où « Bolalalokolaba bébés » , une petite phrase sibylline de Monsieur Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, parmi les nombreuses qui ont jalonné son itinéraire politique mouvementé et en constitue en même temps le fil d’Ariane pour qui entend s’y orienter.
Si l’on essaye de la creuser comme malheureusement beaucoup des congolais ne l’ont pas encore fait, on constatera que son contenu semble une prophétie au regard de l’amnésie presque collective qui caractérise la majorité silencieuse des congolais. Cette amnésie est responsable du plongeon de la République Démocratique du Congo dans une inertie paralysante, qui a fait écrier Modeste MUTINGA que nous sommes dans une République des inconscients.
Si l’invitation à un sommeil des justes que suggèrent les propos du Président TSHISEKEDI peut être considérée comme une prophétie, son auteur n’est pas prophète de malheur, beaucoup s’en faudrait d’ailleurs.
A la suite de ses échecs électoraux présidentiels répétitifs. François MITTERRAND, qui avait un projet pour la France se désespérait de le voir se réaliser un jour sous son égide. On lui prête d’avoir soupiré un soir de la pénultième défaite électorale : « on dirait que l’Histoire ne m’aime pas ».
Les mots du lidermaximo congolais sont de la même veine, lui qui nourrit beaucoup d’ambition pour le pays , et s’efforce en vain de la partager de tout son cœur avec son peuple dont le processus de maturité est tellement lent, à ses yeux, qu’il en vint à l’inviter à continuer à dormir comme un bébé c.-à-d. yeux, oreilles et poings bien fermés.
C’est le contraire qu’il avait à l’esprit et entendait vouloir voir, par maïeutique, le peuple le découvrir lui-même.
Qu’on se rappelle le meeting organisé par l’UDPS en date du 24 Avrill 2010 au stade Tata Raphaël sous le prétexte apparent de commémorer le 20e anniversaire de l’avènement de la démocratie en ex-Zaïre coïncidant avec le discours historique de la N’sele au cours duquel, larmes aux yeux, le Maréchal surnommé le Grand Léopard par ses thuriféraires, déclara, avec émotion apparente, prendre congé du Mouvement populaire de la Révolution, MPR, feu parti Etat.
Comment ne pas accréditer la thèse d’un prétexte parce qu’après une longue absence passive sur la scène politique ayant conduit à snober les élections présidentielles 2006 version Monsieur l’Abbé MALUMALU, aucune personne avertie ne pouvait comprendre qu’un opposant historique de la trempe et de l’envergure d’Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA puisse briser son silence dans un stade Tata Raphaël archicomble pour simplement commémorer un anniversaire d’un autre temps, alors que pointaient à l’horizon les échéances électorales de tous les enjeux.
Inaugurant sa compagne électorale informelle, l’UDPS avait réussi son pari : en présence de la presse internationale, elle avait fait la démonstration que la popularité de son leader était manifestement au zénith, à en juger par la foule composée non seulement des combattants-maison mais aussi de nombreux militants des partis d’opposition autres que l’UDPS, brandissant les oriflammes de leur obédience.
L’occasion était trop belle pour que le vieux TSHIKAS, comme tout bon homme politique dans la même circonstance, ne puisse pas en profiter pour faire passer un message fort.
Debout pendant plus d’une heure d’un discours autour du sujet apparent de l’heure, le SPHINX de Limete , chuta , à la fin de son meeting en disant expressément ceci : « NALINGAKI NA BOSANA. BATU BAZOMITUNA OYO ELEKAKI NA TUNISIE, NA EGYPTE…. ? » (J’ai failli oublier de répondre aux questions qui me sont posées sur les événements de Tunisie , d’Egypte…)
En réalité, c’est le message du jour qui était ainsi dévoilé. Il constituait le plat de résistance de son adresse du 24 Avril 2010 mais, en vieux routier politicien il le présenta comme un simple détail par stratégie politique, sous les caméras et micros du monde entier à une foule de plus en plus en liesse au stade Tata Raphaël qui scandait en chœur : « TOKOKI KOSALA YANGO ATA SIKOYO » ( Nous sommes prêts à faire la même révolution même tout de suite)
Le message étant passé et surtout accepté le vieux sage pouvait ainsi contenir la foule en lançant ceci : « BOSALA YANGO NA KATI YA BA URNES… »( Faites la révolution dans les urnes)
On peut dire que ce jour là, Monsieur Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA avait lancé sa campagne électorale en prenant rendez-vous avec le peuple congolais pour l’alternance démocratique pacifique.
Cette précampagne qui ne voulait pas dire son nom, toute en démonstration de force, a continué avec la conquête du Katanga où, à partir de Lubumbashi, TSHISEKEDI a reçu, à titre d’accueil, un bain de foule historique qui a pulvérisé sans conteste tous les records nationaux de popularité et de mobilisation sans bourse publique délier.
C’était en tout cas suffisant pour susciter à l’égard du futur candidat n° 11 une levée des boucliers de la part de ceux qui organisent les élections pour ne pas les perdre. D’où la propagande de très mauvais aloi et tous azimuts du camp du pouvoir laissant croire à la population qu’après le locataire actuel du pouvoir, présenté comme l’homme de la paix, c’est le déluge avec tout ce qu’il comporte de catastrophique.
Ainsi lorsqu’au début du mois de novembre 2011 la Commission Electorale Nationale Indépendante ouvre formellement la campagne Electorale, il y a tendance à réduire au silence tout celui qui ose critiquer le candidat n°3 dont les affiches prédisaient plutôt qu’elles invitaient à sa réélection avec 100% des votes exprimés.
Six jours durant, le candidat n°11 était toujours absent dans les affiches, les banderoles et dans les médias audiovisuels publics. Son séjour sud africain n’était pas la seule explication de cet ostracisme.
Le septième jour, dans un duplex depuis l’Afrique du Sud et en direct d’une émission politique de Monsieur Eliezer TAMBWE de la RLTV de Monsieur LUMBALA, le candidat n°11 entre en campagne sur un ton d’une agressivité qui en étonna plus d’un.
Il appela, en effet, la population, habituellement victime des tracasseries des policiers et des militaires à faire, cette fois ci, la chasse à leurs bourreaux jusqu’au camp où ils sont domiciliés pour les rosser devant leurs femmes et enfants.
Il promit au passage au Pasteur NGOIE MULUNDA d’avoir à pleurer dans son dialecte devant l’incapacité qu’il aura à réussir les tricheries électorales programmées.
C’est peu de dire que les déclarations du candidat TSHISEKEDI avaient imprimé à la campagne électorale une tournure inédite et électrique. Ses adversaires politiques découvraient que la violence qu’ils pratiquaient pouvait avoir un effet boomerang de la part de celui qui la subissait sans répliquer. Mais Jésus fils de Dieu, était Bon sans être bonasse, car c’est avec la chicotte qu’il a chassé les marchands squatters du Temple.
Toujours est-il que c’est à partir de là que les affiches du candidat n°11 commenceront à apparaitre avec un slogan très évocateur « LE PEUPLE D’ABORD… »
Son retour au pays intervient une semaine après par la ville de Kisangani où à sa descente d’avion vers 20 heures, il répond sans ambages à la première question qui lui était posée en confirmant ses propos tenus en Afrique du Sud soutenant avoir parlé du droit de résistance de la population contre le terrorisme d’Etat.
Après le tour du pays, il devait terminer sa campagne par un grand Meeting au Stade des Martyrs le samedi 26 novembre 2011, jour de la Pentecôte.
C’aurait été très beau si aucun incident ne se serait produit : ce jour là son avion fut interdit d’atterrir à l’aéroport de N’djili. Sous risque de crash pour panne sèche il fut contraint malgré lui de se rabattre sur l’aérodrome militaire de Ndolo.
De là, l’opposant historique retourna à l’Aéroport de N’djili où des foules immenses l’attendaient.
Empêché de quitter N’djili par les policiers, le vieil opposant est resté debout des heures durant avant d’être reconduit aux petites heures du matin sous escorte musclée chez lui à Limete.
Quant à tous ces Congolais qui s’étaient amassés à l’aéroport de N’djili ,tout le long du trajet jusqu’au Stade, les militaires et policiers en ont tué plusieurs dizaines. Les images ont fixé pour la postérité ce que l’UDPS commémore chaque 26 novembre comme le Massacre de la TSHANGU.
C’est dans cette ambiance de tension que les élections se sont tenues le Lundi 28 novembre 2011, suivies de la proclamation par Monsieur le Pasteur NGOIE MULUNDA de la victoire du candidat n°3.
La réaction du candidat n°11 surprit une fois de plus : il refusa de reconnaître sa défaite, se proclama président après avoir prêté serment à sa manière.
Entre la date des proclamations des résultats et celle à laquelle il avait prêté serment, les Congolais réclamaient toujours un mot d’ordre.
Or, manifestement le leader maximo semble avoir épuisé sa gibecière à ce sujet. On ne peut pas lui faire reproche de n’en avoir pas donné, il en a lancé des mots d’ordre des plus elliptiques aux plus clairs, des plus sages aux plus téméraires et même d’apparemment impossibles. Les plus fondamentaux, les plus vitaux n’ont pas encore connu un début d’exécution, faute de la maturité des Congolais.
Comme dit un adage, les peuples ont des dirigeants qu’ils méritent.
C’est pour cela que les Congolais dormaient déjà quand l’invitation leur a été faite de se plonger dans le sommeil des bébés. A moins que l’auteur d’un tel propos ait eu en vue autre chose notamment l’idée de profiter de l’assoupissement des bébés pour travailler dans leur intérêt, pour leur avenir.
Dans tous les cas, l’unique position qui vaille pour un homme, pour un peuple est de rester en éveil, même s’il s’accorde des pauses de sommeil. Dans la vie individuelle comme collective, il n y a jamais d’acquis qui ne puisse jamais être remis en question un jour ou un autre par un imposteur. Imaginez vous que, dépité d’avoir été mis sur écoute, à juste titre du reste, SARKOZY ex président de la République réalisait subitement que la Police française n’avait pas à envier aux sinistres STASI et Gestapo. Le comble pour un ancien ministre de l’intérieur!
C’est Abraham LINCOLN qui disait qu’on peut tout le temps mentir à une partie du peuple, on peut une partie de temps tromper tout le peuple mais on ne peut pas tout le temps mentir à tout le peuple.
Que sont les mensonges sinon les tricheries électorales, les armes dès qu’on s’en sert pour monter au pouvoir. Particulièrement pour notre pays, où il y a nécessité absolu de cultiver les vertus qui unissent que des vices relevant des mensonges qui divisent.
Pour nous le rappeler, une fois de plus de manière cruelle,le drame de Beni où plus d’une centaine de nos compatriotes ont été tués sauvagement qui n’a suscité même pas la compassion de toute la nation par la mise en berne des drapeaux à titre de deuil. C’est littéralement inimaginable. Un Français décapité en Algérie a eu droit à un hommage national avant que son corps ne soit récupéré.
Sans un pouvoir d’origine électorale, transparente et pacifique, rien ne peut marcher dans le monde où la démocratie et l’alternance pacifique au pouvoir politique sont à la mode même si elles peinent encore à se concrétiser par la volonté de la Communauté internationale.
C’est sachant cela que NGUZ, un temps opposant à MOBUTU mais opportuniste, trouvait que TSHISEKEDI, partisan de vote, de lanon violence et de la volonté populaire, était un utopiste.
A l’époque, en effet, Etienne TSHISEKEDI était surnommé MOISE par le peuple dont il était le chouchou. Il n’a pas cessé de l’être malgré les entremèdesafdl et 144.
Et NGUZ d’ironiser : comme Moïse à qui on l’assimile, Etienne n’entrera jamais en Terre Promise où « coulent le lait et le miel ».
Cela, c’était avant les élections de 2011.Mais après celles-ci, la communauté internationale, qui en est consciente et qui en Afrique subsaharienne fait la pluie et le beau temps est aujourd’hui au pied du mur.
MBUYI KAPUYA MELEKA
Secrétaire Général de la LIQUE pour LA QUALITE de la VIE, « L V » parti politique.