La culture du respect des biens publics a encore du mal à être appliquée à la lettre en République Démocratique du Congo. C’est du moins ce qu’on peut dire à la suite de la vente illicite d’un patrimoine étatique appartenant à l’Office National de Café (ONC) se trouvant dans la ville de Boma (province du Bas-Congo).
L’ONC, à travers la Délégation syndicale de sa Direction à Boma, dénonce avec force la vente illégale de sa concession n°1881 qui figure sur le plan cadastral du Quartier Kamanda Matiti depuis 1881. La concession, dont la superficie est estimée à 01 Ha 23 Ares 27 Ca 16%, a été vendue par Monsieur Willy MUNOKO KAPILA, Avocat près la Cour d’Appel de Matadi.
Lors de sa descente sur le site, Monsieur Joseph-Blaise Mulamba Mvidi Mokulu, Chef de bureau commercial de l’Office de Café à Boma, en date du 21 août 2014, qui nous cette information, avait constaté avec regret que cette concession de l’Etat congolais était complètement vendue et occupée par des tiers. Les uns qui avaient acheté des parcelles en son sein et qui détiennent le contrat des titres immobiliers, déclarent que c’était l’Etat congolais qui l’aurait vendue pour payer les arriérées des agents et cadres de l’ONC. Pour les autres, ce seraient les Autorités même de l’Office National de Café pour la même cause. Or, à en croire le chef de bureau commercial de l’ONC/Boma, leurs Autorités ne reconnaitraient pas avoir donné l’ordre pour cette vente
A la suite des investigations menées pour connaître celui qui avait mis en vente ladite concession, il ressort que c’était Maître Willy Munoko qui l’avait de son propre chef vendue l’homme aurait aussi la mauvaise intention de vendre discrètement une autre concession de l’ONC se trouvant à Muanda pour des raisons que lui-même connaît
Non content de sa dénonciation par M Joseph-Blaise Mulamba, Maître Willy Munoko qui pourtant se trouve être l’avocat-conseil de l’ONC, s’était empressé de réunir dans le bureau du Directeur de Sous-secteur de l’ONC/Boma tous les chefs des bureaux pour leur donner sa mauvaise version des faits qui n’avait pas malheureusement pour lui convaincu ses interlocuteurs. De sorte que, dans une lettre lui adressée personnellement, le chef du Bureau commercial de l’ONC/Boma, s’était exprimé de cette manière : « Toutes vos déclarations sont tintées des mensonges, et n’engagent que vous-même, le vendeur de la concession de l’Etat congolais. C’est un faux fuyant que vous utilisez maintenant n’importe quoi comme représailles sur ma personne pour mieux agir parce que nous avions dénoncé avec la dernière énergie la vente illégale de la concession de l’Office National de Café. Votre intention est de déstabiliser complètement la Délégation Syndical où je suis le Président comme je vous ai empêché également de vendre de la même manière la concession de l’ONC à Muanda. Or l’article 28 de notre Constitution stipule : « Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal. Tout individu, tout agent de l’Etat est délié du devoir d’obéissance, lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques et des bonnes mœurs. Nul n’ignore qu’à ce jour, l’Office National de Café traverse un moment très difficile de son histoire au point qu’il est impérieux pour tous les compatriotes y compris Maître Willy Munoko Kapila, de bien protéger les biens publics. Il importe que l’Avocat près la cour d’Appel de Matadi sache que la vente de la concession de l’ONC dont il est l’auteur incontestable, est contre l’article 67 de la Constitution de la RDC qui stipule : « Tout congolais a le devoir de protéger la propriété, les biens et les intérêts publics et de respecter la propriété d’autrui. »
De tout ce qui précède, la seule question que nous nous posons est de savoir ce que le Conservateur des titres immobiliers de Boma va réserver comme réponse à la quête de la Délégation Syndicale de l’OMC par rapport à cette vente illégale du patrimoine de l’Etat. Il est cependant anormal de constater que plusieurs Ministères qui ont été informées de ce dossier semblent ne pas s’y intéresser. Ne dit-on pas que : « On bat le fer quand il est chaud ! ».
Il est vrai que le Ministre en charge de la Nouvelle citoyenneté a du pain sur la planche dans ce pays où les gens se comportent comme des personnes sans foi ni loi. Les mauvaises habitudes héritées de la deuxième République collent encore les Ex-Zaïrois à la peau.
Philippe Dephill LIPO