Le message de Joseph Kabila aux députés, sénateurs et chefs des partis de la Majorité Présidentiel a été fort suivi par la communauté nationale. Même le Chef de l’Etat a souligné n’avoir jamais donné mandat à quiconque pour la modification de la Constitution et juré de respecter cette loi fondamentale à la lettre, le flou est resté total au sujet de son avenir politique. Pour un homme d’Etat ayant déjà accompli deux mandats à la tête du pays et partant inéligible pour un troisième, d’aucuns auraient aimé l’entendre parler de l’option levée par sa famille politique pour la présidentielle de novembre 2016.
Cette attente est d’autant forte que l’Autorité morale de la Majorité présidentielle a lancé un appel à la mobilisation générale de ses troupes en vue de remporter les scrutins à venir, à tous les niveaux, par des voies démocratiques.
S’agissant justement du processus électoral, la bataille électorale qui intéresse le plus la communauté tant nationale qu’internationale est celle de la présidentielle, qui devrait enclencher le mécanisme de l’alternance démocratique au sommet de l’Etat et placer la RDC sur l’orbite de la passation civilisée du pouvoir entre un président sortant et entrant, tous issus des urnes.
Dauphin à désigner d’autorité ou par des « Primaires » ?
Des millions de Congolaises et Congolais voudraient voir le Chef de l’Etat actuellement en fonctions donner un signal fort de sa volonté de prendre sa retraite politique à l’issue de son second mandat en fixant les esprits sur son « Dauphin ». A ce sujet, sa qualité d’Autorité morale pourrait lui offrir deux options : soit la désignation d’office d’un candidat présidentiable, soit l’organisation des « Primaires » en vue de départager en interne et par la voie des urnes, des présidentiables qui se manifesteraient à la suite d’un appel à candidatures.
Si la présidentielle est réellement maintenue à la date du 27 novembre déjà le choix du candidat qui devrait porter leurs ambitions pour ce scrutin de tous les enjeux et de tous les dangers.
Le constat à faire à ce stade est que le Chef de l’Etat n’a pas encore levé le coin de voile qui enveloppe ses intentions pour la magistrature suprême du pays, dont le « titre » devrait être remis enjeu, sans lui, dans 13 mois. D’où, les spéculations ne peuvent qu’aller bon train au sujet d’une éventuelle prolongation de son mandat, surtout que le calendrier électoral a complètement implosé et que le processus électoral est toujours bloqué par les contraintes politiques, techniques et financières. Même si Joseph Kabila n’a pas envie de « glisser », le décor de sa fin de régné est tellement flou qu’il ne peut que susciter de l’agitation au sein des forces politiques et sociales internes.
Il ne faut cependant pas se montrer hypocrite ou naïf pour croire qu’un « glissement » volontaire de l’élection présidentielle serait sans conséquence, en interne comme en externe, pour la République Démocratique du Congo.
Le pays, qui connaît suffisamment des problèmes politiques, économiques et sociaux, ne saurait supporter les effets directs et collatéraux d’un ajournement de la présidentielle et des législatives nationales, les deux scrutins constitutionnellement verrouillés.
Bref, après le message de Kingakati appelant les cadres et militants de la Majorité Présidentielle à se mettre en ordre de bataille pour les compétitions électorales aux dates imprécises, hormis la présidentielle et les législatives nationales, des millions de compatriotes attendent, de l’Autorité morale de ce regroupement politique, un signal clair sur sa succession. Ce serait la meilleure façon de tordre le cou à toutes les rumeurs qui circulent au sujet de son avenir politique.
Par KIMP