Trois mois après son adoption, le budget de l’Etat 2016 est en déphasage avec les réalités du terrain. Devant l’effritement des recettes publiques, le gouvernement s’apprête à soumettre, à la sanction du Parlement, un collectif budgétaire. Une réduction de 30% du budget initial de l’Etat est prévue, avancent certaines sources.
Des experts ne se sont pas trompés. L’année 2016 sera extrêmement difficile, autant sur la scène politique qu’économique. Si en politique, le dialogue tarde à prendre forme, en économie, le gouvernement tente de colmater les brèches, en s’efforçant d’atténuer tant que possible l’impact de la chute des matières premières sur les recettes publiques.
Après avoir adopté 28 mesures urgentes pour assurer la stabilité et relancer l’économie congolaise, le gouvernement se voit dans l’obligation d’actualiser le budget de l‘Etat 2016. Dans l’immédiat, il est question de réajuster les prévisions des recettes et dépenses inscrites dans le budget 2016 sur des «paramètres réalistes ». La question a été débattue hier lundi à la réunion hebdomadaire de la Troïka stratégique.
Autour du Premier ministre, tous les ténors de cette structure technique du gouvernement étaient là, à savoir le ministre d’Etat en charge du Budget, le ministre des Finances, le ministre de l’Economie et le gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Des orientations ont été données pour éviter une débâcle sur les finances de l’Etat. Mais, la grande annonce reste ce collectif budgétaire que le gouvernement s’apprête à transmettre au Parlement.
Le communiqué diffusé à l’issue de la réunion de la Troïka stratégique précise « Tenant compte de la situation économique internationale, et de ses effets sur les économies en développement, dont celle de la RDC, mais aussi de la dominance budgétaire dans la politique économique actuelle, il a été résolu, à l’instruction du président de la République, de préparer un collectif budgétaire pour arrimer les prévisions tant en recettes qu’en dépenses sur des paramètres réalistes». Le ministre en charge du Budget et celui des Finances ont été responsabilisés à cette fin. « Ainsi, la Troïka stratégique a exhorté le ministre d’Etat en charge du Budget et celui des Finances de finaliser ledit collectif dans le meilleur délai, en vue de le soumettre au Parlement», peut-on lire dans le communiqué de la Troïka stratégique.
L’édifice tient encore
Malgré des signaux d’alerte sur les finances de l’Etat, l’édifice économique de la RDC tient encore. Sur le plan national, les réalisations de production à fin septembre 2015 ont confirmé la réduction de la croissance pour l’année 2015.
Estimée à 9,2% à fin mars, la croissance économique est passée à 8,4% à fin juin avant de tomber à 7,7% à fin septembre 2015, contre une moyenne subsaharienne chiffrée à 3,5% pour la même année.
Après une légère surchauffe, le rythme de formation des prix intérieurs s’est apaisé depuis un temps. De même que les tensions alors observées sur le marché de change ont été « maitrisées grâce à un suivi rapproché sous la conduite du Premier ministre », relève la Troïka stratégique.
Ainsi, le taux d’inflation hebdomadaire s’est établi à 0,028% (-0,019 point). En cumul, l’inflation a atteint 0,289%. Les projections du taux d’inflation en annualisé se situent à l,372% pour un objectif de 3,4%. Le marché de change, au 18 mars 2016, est demeuré stable, avec de légères dépréciations respectives de 0,3% et 0,4% sur les marchés indicatifs et parallèle. Le taux de change y était à 936,84 Fc/Usd et 944,60 Fc/Usd, contre 935,75 Fc/Usd et 941,40 Fc/Usd la semaine écoulée.
Les réserves internationales, au 17 mars 2016, étaient à 1 307,79 millions Usd, couvrant 5,77 semaines d’importations des biens et services. Le taux directeur de la Banque centrale du Congo a été maintenu à 2% au 18 mars 2016, avec une marge positive de 1,01 point.
Dans le chapitre des finances publiques, le solde des opérations financières de l‘Etat, au 18 mars 2016, est déficitaire de 59,124 milliards CDF, résultant des recettes de 167,482 milliards Fc et des dépenses de 226,606 milliards Fc.
QU’EST-CE QU’UN COLLECTIF BUDGETAIRE?
Le collectif budgétaire est l’expression employée communément pour qualifier es lois de finances rectificatives (LFR). Ces lois sont les seules permettant de modifier, de manière significative, en cours d’année, les dispositions de la loi de finances initiale (LFI) concernant notamment le plafond des dépenses du budget de l‘Etat et les données générales de l’équilibre budgétaire.
Le collectif budgétaire, soumis au Parlement en cours d’année, permet : de traduire une nouvelle orientation de la politique économique et budgétaire; mais aussi de s’adapter à la conjoncture économique, lorsqu’elle modifie les conditions d’exécution de la LFI. C’est le principal mobile évoqué lundi par la Troïka stratégique.
Par Faustin K.