Éducation nationale : impayés depuis 5 mois, des enseignants menacent d'aller en grève à Masisi et Rutshuru

Mardi 16 septembre 2025 - 16:54
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Deux semaines seulement après la rentrée des classes, les enseignants des territoires de Rutshuru et Masisi (Nord-Kivu) menacent de déclencher un mouvement de grève pour réclamer plus de 5 mois d'arriérés de leur salaire.

Ils accusent la Caritas chargée de leur paie, d'être à la base du blocage. En même temps, ces enseignants en province éducationnelle Nord-Kivu 3 dénoncent le silence de la ministre de tutelle, Raïssa Malu, à qui ils reprochent de ne s'être jamais impliquée pour décanter la situation en dépit de plusieurs alertes qui remontent au mois de janvier dernier.

Dans une déclaration faite le lundi 15 septembre via leur syndicat provincial, ces professionnels de la craie disent accorder une semaine au gouvernement congolais, promettant de suspendre les cours si jamais ils n'obtenaient gain de cause à leurs revendications. Bandu Bauma Exaucé, qui en est le secrétaire provincial, estime que les enseignants ont déjà prouvé leur bonne foi.

« Malgré la précarité, les enseignants se sont présentés le 1er septembre, preuve de leur patriotisme et dévouement à leur vocation. Mais vous, en tant qu'autorité [Raissa Malu, ndlr], vous gardez silence; ce qui peut être interprété comme un acte de complicité », dénonce-t-il.

Selon le Syndicat national des professionnels de l'enseignement (SYNAP) au Nord-Kivu 3, « si, d'ici la fin de la semaine commençant le 15 septembre, les enseignants concernés ne reçoivent pas leurs salaires, toutes les activités scolaires seront suspendues dans les territoires de Masisi et Rutshuru ».

En effet, depuis la chute de Goma aux mains du M23, suivie de la fermeture des banques en fin janvier, à l'instar de plusieurs autres fonctionnalités de l'État, les professionnels de la craie dans la contrée sont confrontés à d'énormes difficultés de survie suite à l'accumulation des arriérés de salaire. 

Pour le cas échéant, la Caritas a toujours justifié le retard dans le paiement des enseignants par les problèmes logistiques qui ne facilitent pas l'acheminement des fonds à destination mais aussi par le contexte sécuritaire lié à la crise du M23. Pour contourner le défi, la mutuelle avait finalement envisagé la paie par la voie électronique. Cependant, depuis quelques mois, le mouvement est en arrêt et, Bandu Bauma du SYNAP redoute que leurs salaires aient déjà été détournés.

Les territoires de Rutshuru et Masisi sont sous l'emprise du M23 depuis plusieurs mois. Coupées du reste du pays sur le plan administratif, ces régions sont sérieusement affectées par le conflit. Nombreux fonctionnaires de l'Etat ont été contraints au chômage alors que d'autres, déjà surendettés pour survivre, éprouvent toujours des difficultés à accéder à leurs salaires. D'autres encore ont choisi de trouver asile dans les entités encore sous contrôle du gouvernement.

Isaac Kisatiro, à Butembo