
Une étape majeure dans l’autonomisation économique des femmes congolaises vient d’être franchie. Après près de deux ans de mise en œuvre, le projet Women Thrive, porté par la banque Equity BCDC en partenariat avec Opportunity International, a officiellement tiré sa révérence lors d’une cérémonie à l’hôtel Karavia à Lubumbashi, le vendredi 18 juillet 2025.
Ce programme « ambitieux », lancé en octobre 2023, a permis de former, financer et encadrer 554 femmes entrepreneures à travers plusieurs provinces de la RDC, un chiffre qui dépasse largement l’objectif initial de 525. C’est dans un climat de reconnaissance, de bilan et d’inspiration que se sont retrouvées les bénéficiaires venues de Kinshasa, du Kasaï Oriental, de Likasi et du Haut-Katanga.
Dans son mot d'ouverture de cette cérémonie, Lolly Tambwe, directeur commercial d'Equity BCDC, a affirmé que le projet Women Thrive n'est pas une simple opération mais l'expression d'une vision stratégique d'inclusion socio-économique.
« Equity BCDC n'est pas qu'une institution financière. C'est une banque du développement, dédiée à la prospérité des populations africaines. Ce projet représente bien plus qu'une initiative. Il incarne un engagement profond en faveur de l'autonomisation des femmes en RDC », a déclaré Lolly Tambwe au micro de 7SUR7.CD.

Le projet a permis de toucher des femmes à tous les niveaux dont des entrepreneures établies avec documents légaux, jusqu’aux femmes en démarrage sans cadre formel, notamment dans des zones reculées comme le fond du Kasaï.
« Nous leur avons donné le courage et les outils pour aller de l’avant. C’est dans notre ADN d’accompagner les populations à se développer », a insisté Lolly Tambwe.
Dès les premiers échanges, les partenaires ont réaffirmé leur vision commune de mettre les femmes au cœur du développement socio-économique congolais. Pour Equity BCDC, cette ambition s’inscrit dans sa mission de « champion du développement socio-économique africain », tandis que pour Opportunity International, l’investissement dans les femmes est synonyme de transformation collective.
« Chaque dollar investi dans une femme rapporte trois dollars à la communauté. Et 99% de ces ressources sont réinvesties dans les ménages et les enfants », a rappelé Sofia Campello, directrice senior en finance agricole chez Opportunity International lors de son mot de circonstance tout en saluant la transformation que ce projet a apporté surtout pour les femmes agricultrices.
Venue pour la première fois en RDC, elle a également présenté le programme GROW (Garantie des Opportunités Rurales pour les femmes), qui a permis à 81% des bénéficiaires d’avoir plus de pouvoir de décision dans leurs foyers, et à 58% d’augmenter leur production et leurs revenus.
Women Thrive s’est démarqué par son approche inclusive, qui combine financement, renforcement des capacités et appui technique personnalisé. Selon Djedje Kungula, responsable Agriculture et alimentation chez Equity BCDC, le programme Women Thrive est la preuve que la finance peut être un levier de transformation sociale, même dans les milieux les plus vulnérables.
« Malgré les contraintes logistiques et sécuritaires, nous avons pu atteindre des provinces comme le Kongo-Central, le Kasaï, le Katanga… même si certaines femmes de l’Est, notamment du Sud-Kivu, n’ont pas pu terminer leur cycle de formation à cause de la situation sécuritaire », a-t-il précisé.
Il a détaillé qu'au total, 7.856 prêts ont été octroyés dans le cadre de ce programme dont 1.174 prêts directement accordés à des femmes entrepreneures tandis que 3.293 PME ont vu leur chiffre d’affaires augmenter. Au moins, 3.912.437 dollars américains ont été décaissés, touchant aussi bien des bénéficiaires individuels que des associations rurales.
Le succès du programme était basé sur quatre axes majeurs :
* Inclusion et sensibilisation financière où au total, 70.284 personnes sensibilisées, dont 23.536 ont ouvert un compte bancaire. Les zones enclavées ont bénéficié d’un accès inédit aux services financiers grâce au mobile banking.
* Renforcement des capacités agricoles avec au moins, 90 agents agricoles formés aux bonnes pratiques agricoles ; 55.902 membres d’associations d’épargne ont reçu un encadrement technique.
* Innovation dans l’accès au crédit avec le mobile banking et les comptes d’épargne adaptés ont permis aux femmes rurales de gérer leurs finances de manière autonome.
* Chèque de valeur agricole qui est un ce mécanisme a relié les productrices aux marchés, en facilitant la transformation locale et la vente des produits agricoles.
Témoignage poignant
Parmi les visages de cette transformation figure Fifi Mwanvua, ancienne journaliste reconvertie en agricultrice. Son témoignage bouleversant lors de cette cérémonie a illustré la profondeur du changement opéré par le projet. Elle a raconté comment elle a radicalement modifié ses techniques agricoles.
« Avant, je ne distinguais pas mon argent personnel de celui de mon entreprise. Grâce à l’éducation financière, j’ai appris à gérer, planifier, et surtout à faire croître mon activité », a-t-elle confié. Je semais du maïs chaque année sans savoir que cela épuisait le sol. Aujourd’hui, je pratique la rotation des cultures. Là où je mettais du maïs, je mets du soja ou du tournesol. », a-t-elle expliqué à 7SUR7.CD.

Des pratiques qui ont non seulement boosté sa production, mais lui ont aussi permis de proposer des produits bio, aujourd’hui disponibles dans les supermarchés locaux. une manière pour elle de saluer Equity BCDC et Opportunity International de continuer à aider les femmes pour leur développement.
« Merci pour ce programme et surtout à Equity BCDC et Opportunity International. Ne vous fatiguez pas de nous aider, nous les femmes. Quand une femme est indépendante financièrement, elle se sent épanouie. Et si ce projet continue, il changera le futur de nos enfants et des générations à venir. », a-t-elle lancé avec émotion.
Avec Women Thrive, Equity BCDC et Opportunity International n’ont pas seulement soutenu l’entrepreneuriat féminin. Ils ont semé les graines d’un avenir plus équitable, plus productif, et surtout, porté par les femmes congolaises elles-mêmes.
Patient Lukusa, à Lubumbashi