RDC : le discours de Joseph Kabila n'est rien d'autre qu'une déclaration de menace directe contre la nation (Dorley Matumona)

Lundi 26 mai 2025 - 08:10
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Les réactions à la dernière adresse de l'ancien président Joseph Kabila pleuvent en République démocratique du Congo. La dernière en date est celle de Dorley Matumona, un notable du district de Funa, à Kinshasa.

Pour lui, ce discours, empreint de calme, n'est rien d'autre qu'une déclaration de menace directe contre la nation.

« Ce discours empreint de calme n'est rien d'autre qu'une déclaration de menace directe contre la nation, et ce, non par patriotisme, mais par égoïsme des intérêts d'une personne qui baigne dans l’illusion d’être le détenteur d’un certificat personnel et exclusif de propriétaire du Congo », affirme-t-il dans une tribune publiée ce dimanche.

De plus, il estime que le discours du chef du Front commun pour le Congo (FCC) est aux allures insurrectionnelles. Il rappelle que le régime Kabila était l'émanation de l'AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) qui, soutient-il, est le fondement de tous les maux qui rongent le pays.

« Les frasques et la tyrannie de ce régime sanguinaire de 18 ans, avec sa litanie des crimes (humanitaires, économiques et écologiques), ne peuvent être ignorées par quiconque. Le régime de Kabila fut l’émanation de l’AFDL, qui est le fondement même de tous les maux qui rongent la République démocratique du Congo aujourd'hui. Qui a brillé par la confiscation de l'économie nationale au profit d'une seule famille, le pillage de nos richesses, l'affaiblissement et l'infiltration de l'armée ainsi que des services de sécurité par des forces étrangères, l'absence de libertés fondamentales, pour ne dire que ça », déclare Dorley Matumona.

Quant à l'accord FCC - CACH, considéré comme une mutualisation des forces, il indique qu'il s'agissait plutôt d'une cohabitation imposée pour neutraliser les actions du président Tshisekedi. 



« Présenter l'accord FCC-CACH de mutualisation des forces comme une forme de générosité institutionnelle est une insulte à la mémoire collective. Si le but était  vraiment de faciliter la gouvernance et d'éviter une crise, pourquoi avoir maintenu un contrôle paralysant sur la sécurité, la justice et l'économie pendant près de deux ans ? C'est Kabila qui dirige. Ye mei. Il peut déconnecter Tshisekedi à tout moment , lançaient vos lieutenants. Ce qui a été observé par le peuple : un président élu avec un pouvoir exécutif théorique ; et un ancien président qui contrôlait l’Assemblée nationale, les ministères clés, les finances, l’armée et la diplomatie dans les faits », souligne ce notable de Funa.

Et de poursuivre : « Ce n'était pas une mutualisation, c'était une cohabitation imposée, érigée pour neutraliser les actions du président de la République Félix Tshisekedi sans sembler l'assumer. Il aurait été plus courageux d'abandonner complètement le pouvoir et de se retirer avec élégance. L’histoire retiendra les actes, pas les justifications tardives ».

Par ailleurs, il rappelle les progrès réalisés par le régime Tshisekedi pour en finir avec la guerre d'agression. Il cite notamment la Résolution 2773 des Nations Unies et les sanctions imposées au Rwanda par le Parlement européen.

« Comment pouvez-vous expliquer qu'à la fin de votre discours, vous qui avez promis de soutenir le Congo, aucune condamnation n'ait été prononcée contre le Rwanda ni le M23? Au lieu de cela, vous avez choisi de mentionner les FDLR », se demande-t-il.

Face à cela, Dorley Matumona recommande au président Felix Tshisekedi de :

- Affirmer de « manière irrévocable » un leadership étatique fort, « monopole de la violence légitime », prendre des décisions politiques qui s’imposent face à toute tentative de déstabilisation émanant de cette déclaration de menace non voilée ;

- Mobiliser la population entière en utilisant une communication franche et patriotique pour faire face aux menaces imminentes qui ne s'annoncent ! Il est primordial de ne pas succomber à la panique ni à l'intimidation, quelle qu'en soit la forme ;

- Maintenir un dialogue républicain et stratégique ouvert avec toutes les couches de la société pour la défense réelle de la patrie ;

- Maintenir une diplomatie intelligente et stratégique avec tous les partenaires ;

- Continuer à renforcer et à poursuivre la réforme de l'armée et des services d'intelligence ;

- Assainir les finances de l'État et éliminer toutes formes de gabegies ;

- Identifier et former des partenariats audacieux et stratégiques avec des États fiables ;

- Gardez à l'esprit que le Congo est plus vaste que nous et qu'il nous réclame de la grandeur. Nul ne pourra anéantir la puissance et la souveraineté de notre peuple.

Dans son discours, l'ancien chef de l'État, Joseph Kabila, a accusé le régime Tshisekedi d'avoir, d'après lui, « dilapidé » le « bel » héritage lui légué par son régime. Il a aussi appelé à la refondation de l'État, tout en soutenant la démarche des églises Protestante et Catholique dénommée Pacte social pour la paix.

Prince Mayiro