
Le CADA (Congo Action pour la Diplomatie Agissante) suit la situation cauchemardesque que vivent les populations congolaises des Nord et Sud-Kivu après la prise de la ville de Goma, sur fond d’un carnage de milliers de personnes, suivie de celle de la ville de Bukavu par les Forces Armées Rwandaises (RDF) et leurs supplétifs du M23. Cette conquête du territoire national continue malgré plusieurs cessez-le-feu annoncés et les multiples condamnations de la communauté internationale sur la présence des soldats rwandais sur le sol congolais et son exigence vaine de les voir s’en retirer.
Bien que la cause de la RDC, qui subit depuis 30 ans les affres d’une guerre lui imposée injustement avec son cortège d’une dizaine de millions de morts sans compter également de millions de déplacés et autres victimes collatérales, soit juste, il reste que le Président Félix Tshisekedi doit enfiler un costume adapté à la situation et prendre en compte les réalités à géométrie variable de l’univers diplomatique quant au respect de la Charte des Nations Unies et du Droit international. C’est ici aussi l’occasion de dénoncer le jeu sibyllin auquel se livrent les grandes capitales s’identifiant à la communauté internationale et enclines à capter les minerais stratégiques de la RDC par ces temps de transition énergétique et numérique qui, tout en se dédouanant auprès de leurs opinions intérieures par des déclarations parfois tonitruantes envers le Rwanda au vu des manifestations de rue organisées ça et là par la diaspora congolaise, encouragée dans une certaine mesure par celle africaine, utilisent plusieurs dirigeants africains pour faire prévaloir autrement leurs thèses. La preuve c’est qu’au dernier Sommet de l’Union Africaine, contrairement à la Charte de cette organisation et au Droit international, aucun pays, à part le Burundi, n’a daigné condamner l’occupation de la RDC par le Rwanda.
Le CADA demande au Président Félix Tshisekedi de ne pas se résoudre au mutisme parce que c’est la guerre contre le pays, mais plutôt de se rapprocher davantage de son peuple et de le galvaniser autour d’un discours d’espoir et de résilience, et de lui demander de se méfier des chants des sirènes entonnés par ceux qui convoitent les ressources congolaises et qui sont préoccupés à balkaniser le pays. A cet effet, il lui fait des recommandations ci-après :
1. Réaménagement technique du Gouvernement sur fond d’une équipe de combat ;
2. Réorganisation du Cabinet du Président de la République par un casting rigoureux ;
3. Diminution drastique du train de vie des institutions en allant au-delà des mesures que le Gouvernement est en train de projeter en supprimant des institutions qui n’en valent pas la peine tels la CCM (Coordination de Changement de mentalité), dont le concept peut être rattaché à un ministère, et le CNSA. Il y a plus ;
4. Tourner une fois de plus la vis s’agissant de l’armée, des services de l’ordre et de sécurité qui ont montré des faiblesses en :
a. mettant en branle l’état-major général des FARDC récemment mis en place pour galvaniser les troupes, le Chef d’état-major général récemment nommé ne se révèle pas ;
b. colmatant les brèches par une révisitation de la chaîne de commandement sur le terrain ;
b. réorganisant les fronts au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en améliorant le dispositif dans l’Ituri,
c. créant des verrous pour endiguer la progression des agresseurs dans l’ex-Katanga, le reste de la Grande Orientale et le Maniema ;
d. lançant un appel à des vaillants soldats congolais aujourd’hui dans la réserve de la République et dont le mérite se passe de tout commentaire ;
5. Rationalisation du front diplomatique en
a. recentrant l’action pour éviter toute dispersion ;
b. ciblant des partenaires précis à même de soutenir la cause de la RDC ;
c. sollicitant une assistance militaire crédible.
6. Mise en place sans atermoiement du Parquet financier et concrétisation des principales recommandations des états généraux de la Justice pour huiler la machine judiciaire.
6. Remise en cause de la communication officielle, voire au sein de la Présidence de la République afin de maintenir le moral du peuple et de l’informer à temps utile pour qu’il sache à quoi s’en tenir ; la guerre étant aussi médiatique. La mise en place, entre autres, d’une Task-Force de communication à même de gérer le flot d’informations pendant cette période et de riposter, est le bienvenu. Il faut garder allumé le flambeau entre les provinces occupées et le reste de la République.
Par ailleurs, le Président de la République est appelé à :
- recadrer les prélats catholiques et protestants dans leur démarche qui n’est qu’une caution de la rébellion et une tentative de vouloir dédouaner le Rwanda dans son entreprise criminelle en RDC en voulant faire voir que la crise est avant tout congolo-congolaise avec in fine l’affaiblissement du régime Tshisekedi ;
- mettre fin le plus rapidement possible à la crise qui sévit dans son parti, UDPS ;
- faire sortir de leur réserve les bonzes de l’Union Sacrée de l’Opposition qui assistent tels des spectateurs à la situation dramatique que le pays connaît.
Fait à Boston, le 19 février 2025
Eric Kamba