Pacte social pour la paix : l’IRDH exhorte la CENCO et l’ECC à plaider pour la justice en faveur des victimes de l’Est

Jeudi 13 février 2025 - 14:05
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Alors que les violences s’intensifient dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) exhorte les chefs religieux de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo (ECC) à ne pas dissocier la paix de la justice pour les victimes de l'Est du pays.

Dans un communiqué signé par son directeur, Maître Hubert Tshiswaka, intitulé : "Guerre du Rwanda contre la RDC, les églises devraient intégrer le plaidoyer pour la justice du prix Nobel de la paix, Dr Mukwege", ce jeudi 13 février 2025 et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD, l’IRDH met en garde contre toute démarche qui pourrait être perçue comme un appui indirect aux groupes armés responsables de violations graves des droits humains.

Les évêques catholiques et protestants, en séjour à Goma, ont entamé des discussions avec la hiérarchie militaire et politique de l’AFC/M23, un groupe armé soutenu par l’armée rwandaise. Pendant ce temps, les exactions contre les populations civiles continuent sur l’axe Bukavu, faisant de nouvelles victimes. Face à cette situation, l’IRDH appelle ces chefs religieux à la transparence.

« Pour que votre démarche ne soit perçue comme allant à l’encontre des initiatives nationales et internationales en faveur de la paix et de la justice, vous avez le devoir de communiquer clairement votre position relativement aux activités militaires du Rwanda en RDC », lit-on dans ce document.

L’institut souligne que toute ambiguïté dans leur engagement risquerait de fragiliser les efforts en cours pour établir la vérité et garantir la justice aux victimes. L’IRDH adresse également des recommandations aux forces politiques congolaises, appelant chacune à éviter toute instrumentalisation de la crise.

À l’opposition, il rappelle que la quête de justice ne peut être un prétexte pour justifier le recours à la violence armée.

« Massacrer des civils pour atteindre un objectif politique constitue une violation grave du Droit international », a martelé maître Hubert Tshiswaka.

À l’Union sacrée et au parti au pouvoir (UDPS), l’Institut de recherche en droits humains met en garde contre toute tentative de modification de la Constitution pour prolonger le nombre de mandats présidentiels. 
« Une telle démarche constituerait une faute politique aux conséquences incommensurables », insiste-t-il.

À la population congolaise, il recommande de rester mobilisée pour dénoncer les auteurs présumés des violations des droits humains, de participer à la recherche de la justice et de la paix et de soutenir la consolidation des institutions de la République.

L’appel de l’IRDH intervient dans un contexte où la Communauté internationale durcit sa position face à l’ingérence rwandaise en RDC. Le 11 février, devant le Parlement européen à Strasbourg, le prix Nobel de la Paix, le docteur Denis Mukwege, a dénoncé en disant que « l’agression de la RDC par le Rwanda, le pillage de ses ressources minières et la signature d’accords d’achat de ces minerais par l’Union européenne doivent être fermement condamnés. »

Quelques jours plus tôt, le 5 février, la Commission des droits de l’homme de l’ONU avait annoncé la création d’une commission d’enquête sur les violations présumées des droits humains en RDC. En parallèle, le Bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a lancé un appel urgent à la coopération pour documenter ces crimes.

Sur le plan régional, bien que leurs approches diffèrent, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’accordent sur la nécessité de mettre fin à la présence rwandaise en RDC et de soutenir la souveraineté du pays.

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