L’ordre de transférer 12 chimpanzés du Centre de réhabilitation des primates de Lwiro (CRPL), situé près de Bukavu, à Kinshasa, n’est pas digéré par la société civile du Sud-Kivu. Elle soupçonne l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) d’agir sur ordre de certaines autorités afin de vendre ces primates à des firmes étrangères.
Dans un communiqué publié le mardi 14 janvier, cinq organisations accusent l’ICCN de salir l’image du pays en cautionnant le trafic des animaux protégés.
« L’ICCN salit l'image de la RDC sur l'implication de certaines autorités dans l'exploitation des ressources naturelles à des fins individualistes au nom des institutions qu'elles pilotent dans le pays », peut-on lire dans ledit communiqué.
Ces organisations déplorent la mauvaise gouvernance des ressources naturelles et des aires protégées par l’ICCN, qu’elles considèrent comme étant marquée par la corruption et le trafic d’influence.
« Nous condamnons avec la dernière énergie la gouvernance laxiste et cavalière du secteur, exacerbée par la corruption et le positionnement de certains individus qui agissent au nom de l'État, ainsi que la centralisation des décisions à Kinshasa sans consulter les parties prenantes dans les efforts de conservation et d'exploitation des ressources naturelles dans la province du Sud-Kivu », déclarent les cinq organisations.
Elles poursuivent en disant : « Nous sommes ainsi témoins, de manière croissante, d'actions illégales de commerce et de trafic des espèces en RDC, suite au manque de volonté de l’ICCN comme institution technique. »
Ainsi, la société civile du Sud-Kivu demande l’arrêt du transfert de ces primates, déclarés « en voie de disparition » par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), au risque d’exacerber les tensions dans la province.
« Nous demandons toute cessation immédiate de cette affaire de récupération et transfert des animaux sauvages à Kinshasa, durant ce moment où la population de la province du Sud-Kivu se sent encore frustrée suite à la problématique d'exploitation minière par les Chinois, alors que le transfert douteux des 12 chimpanzés risque de faire déborder le vase en ce moment », ajoutent lesdites organisations.
Notons que l’ordre de mission dénoncé par les cinq organisations a été signé le 7 janvier par le directeur général de l’ICCN, Milan Ngangay. Il autorise le chef de site du jardin zoologique de Kinshasa à se rendre à Lwiro pour récupérer 12 chimpanzés. Ce centre réhabilite des primates récupérés auprès des braconniers avant qu’ils ne soient réintroduits dans leurs milieux naturels.
Bienfait Luganywa