L'ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, persiste et signe qu'il n'est pour rien dans l'affaire de surfacturation et détournement présumés des fonds destinés à l'installation de 1000 unités solaires de pompage et traitement d'eau sur toute l'étendue du territoire national, et des lampadaires dans la ville de Kinshasa.
Dans un entretien accordé à quelques journalistes et rendu public jeudi dernier, l'ex - argentier national affirme avoir été condamné, dans ce dossier, par l'opinion à la suite d'une manipulation médiatique et politique. Mais, pour lui, il n'y avait aucun doute qu'il s'agissait d'une cabale politique.
« J’ai commencé par être condamné par l’opinion à la suite d’une manipulation médiatico-politique et donc, lorsqu’on se retrouve au fond de l’eau, on se laisse couler, on va jusqu’au fond. Dès qu’on arrive au fond, on tape les pieds sur le plancher et on remonte. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre ce moment-là. Depuis le début, il n’y avait aucun doute en ce qui me concerne sur le fait qu’il ne s’agissait de rien que d’une cabale politique, que le temps viendrait où tout s’éclaircirait. Et ça n’a pas traîné. Déjà , au cours de l’instruction, tout montrait que ça ne tenait à rien », a-t-il soutenu.
Nicolas Kazadi explique que, dans l'affaire "forages et lampadaires", il n'a aucune responsabilité. Son seul péché, dit-il, est d'avoir payé. Au début de l'affaire, ce député national fait savoir qu'il était le premier à demander à être entendu par la justice pour prouver son innocence.
« Je crois que vous êtes déformés par la réalité de notre pays, mais croyez-moi qu’il y a aussi des gens qui sont innocents, qui sont faussement accusés et j’en fais partie. Et j’étais sûr de mon fait que je courais derrière le juge pour être entendu . Et de toutes les auditions qu’on a eues, je me souviens de trois remarques des magistrats différents. Le premier, d’abord, il me demande : on a vu votre lettre, vous voulez être entendu, qu’est-ce que vous voulez exactement ? Je dis : c’est à vous de me dire ce que vous me voulez, parce que j’ai vu une réquisition qui me concerne. Et puis je relate ce que j’avais à dire et le magistrat me dit : quand je vous entends, je ne vois pas vraiment ce que vous faites ici. Il conclut en disant dans la vie : est-ce que vous priez ? J’ai dit : oui, dans la vie, il y a des dossiers où il faut prier. Je vous conseille de prier. Le deuxième magistrat, qui m’entend celui-là, me dit : mais quand j’entends les déclarations des uns et des autres, je ne vois pas ce que vous faites dans cette affaire. J’ai dit : c’est ce que je vous dis depuis le début, je répète que je suis victime d’une cabale politique, on veut m’impliquer dans une histoire où je n’ai aucune responsabilité, ma seule responsabilité, c’est d’avoir payé. Et le troisième magistrat, même réaction », a-t-il expliqué.
L'ancien ministre des Finances rappelle que le dossier lui soumis faisait état d'un forage à 400 mille dollars américains. Après sa lecture éclaire, il a demandé à ce que le prix soit revu à la baisse. Mais, l'entreprise qui a gagné le marché s'est engagée à ériger 340 unités supplémentaires.
Pour le paiement, à l'en croire, 79 millions de dollars américains étaient prévus pour la première tranche. Seuls, 71 millions USD ont été payés en 3 tranches, révèle Nicolas Kazadi.
Nicolas Kazadi disculpé
Dans cette affaire, la justice a disculpé l'ancien ministre des Finances. C'est ce qu'a fait savoir le procureur général près la Cour de cassation dans une lettre adressée à l'avocat du député national.
« J'accuse réception de votre lettre n°166/D/BWD/2024 du 8 octobre 2024 m'adressée au sujet de l'objet repris sous rubrique et vous informe que votre client, sieur Nicolas Kazadi Kadima Nzuji, a été disculpé des faits infractionnels mis à sa charge », a écrit le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, à Me Delphin Bulambo Wilondja, l'avocat conseil de l'ex-ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima Nzuji.
Entre-temps, le procès forages se poursuit devant la Cour de cassation. À la barre, François Rubota, ancien ministre du Développement rural qui comparait en homme libre et Mike Kasenga, opérateur économique. Cette affaire, renvoyée au 18 novembre prochain, concerne l’accord signé entre le gouvernement et le consortium Stever Construct Cameroun Sarl de Mike Kasenga et Sotrad Water. Cet accord prévoyait l'installation de 1000 unités solaires de pompage et traitement d'eau dans 1000 localités pour près de 400 millions de dollars américains sur cinq ans.
Prince Mayiro