Seth Kikuni sur ses propos de Lubumbashi : "L'insulte, c'est lorsque vous élisez des gens et en retour, la situation économique continue à se dégrader "

Jeudi 31 octobre 2024 - 14:29
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Le Tribunal de Paix de Kinshasa/ Gombe a démarré avec l'examen du fond de l'affaire qui oppose l'acteur politique Seth Kikuni au ministère public. À l'audience de ce mercredi 30 octobre, cet opposant a assumé ses propos tenus à Lubumbashi.

À la question de savoir pourquoi il a affirmé que les Grands Katangais sont insultés, Seth Kikuni a indiqué qu'il s'agit avant tout d'une figure de style consistant à dire que les dirigeants qui gouvernent mal le pays insultent la population.

"C'est une figure de style. Je m'adressais au peuple congolais qui habite l'espace Grand Katanga. En tant qu'opposant, on se fait insulter. Il y a à peine deux jours, on s'est fait insulter les opposants ya Nzala ( Ndlr opposants de la faim). Et ce n'est pas la première fois. L'insulte, c'est lorsque vous élisez des gens et en retour, la situation économique continue à se dégrader. C'est une insulte contre la population. J'étais là-bas comme opposant. Et nous savons tous que nous opposants, on se fait insulter dans les faits, gestes et discours des gens qui sont dans l'Union sacrée. C'est de notoriété publique", a-t-il déclaré.

Et de poursuivre : "Si quelqu'un n'arrive pas à trouver quelque chose à manger, s'il n'a pas l'argent de transport, s'il marche à pied, n'est-ce pas une humiliation ? Les communicateurs du pouvoir nous insultent, c'est de notoriété publique. Nous sommes insultés littéralement. Vivre dans une situation de pauvreté extrême, de précarité absolue, causée par les gens qui nous dirigent, ça constitue une insulte, une humiliation".

Répondant à la question sur pourquoi avoir parlé du" régime des prédateurs", Seth Kikuni a tenu à souligner qu'il parlait en tant qu'opposant. Et à ce titre, a-t-il précisé, son discours rentrait dans le cadre de la dénonciation de tout ce qui ne marche pas dans le pays.

"Je suis président national d'un parti politique de l'opposition. Le cadre de concertation des forces politiques et sociales est un cadre de concertation de l'opposition. J'ai parlé en tant qu'opposant. Le peuple est confronté à plusieurs défis, nos militants, nos cadres et la population en général. Il dort, il se réveille, le pain qui coûtait 100 FC hier, aujourd'hui, il coûte 400 FC; il dort, il se réveille, le dollar qui était à 1200 FC, aujourd'hui, il est à 2800 FC. Mais ils ont besoin des réponses de notre part", a-t-il souligné.

Seth Kikuni a confirmé devant les juges que ses critiques étaient dirigées vers l'Union sacrée de la nation, la famille politique au pouvoir. Il estime que la répartition des richesses n'est pas faite de façon équitable. D'où ses dénonciations.

"Je faisais allusion à l'Union sacrée en général parce que je considère que la répartition des richesses n'est pas faite convenablement. J'ai dit dans mon discours que le Grand Katanga produit. J'ai posé la question, est-ce que vous savez ce que cela veut dire ? Cela veut dire que les enfants qui dorment à la belle étoile à Kwilu, les enfants qui étudient à même sol à Mbandaka, les militaires qui se battent au front dans l'Est de la République, dépendent et prient pour l'abondance du Grand Katanga. Je parlais de la répartition des richesses. C'est une interpellation, car je considère que la répartition des richesses n'est pas faite de façon convenable et équitable ", a martelé le président du parti politique PISTE.

Répondant à la question sur l'appel à la résistance lancé à la population du Grand Katanga, Seth Kikuni a souligné qu'il ne s'agissait nullement d'un appel à la désobéissance civile, moins encore de l'appel à désobéir aux lois. Il s'agissait tout simplement, a-t-il soutenu, d'un appel à la résilience face à tous les maux qui rongent la société congolaise.

"J'ai très peur des gens qui ont peur. On a fait appel à la résilience. Résister, c'est faire preuve de la résilience. Ce qui est tout à fait normal. Et le terme résilience signifie simplement résister à un choc. Il y a l'insécurité et plusieurs autres problèmes et il faut faire preuve de résilience. Il y a des concepts que nous utilisons en politique au quotidien. Les concepts comme résistants, guerriers, combattants. Le parti au pouvoir a des combattants et ça fait des années qu'on parle d'eux. Il y a quelques années, nous avons connu un gouvernement des guerriers, des warriors, dirigé par Sama Lukonde. Le terme résistance est utilisée tous les jours. Marcher et manifester pacifiquement est un droit Constitutionnel", a-t-il rappelé.

La prochaine audience est fixée au 6 novembre prochain à la prison centrale de Makala, pour la poursuite de l'instruction au fond et éventuellement la plaidoirie et réquisitoire du ministère public.

Rappelons que Seth Kikuni a été arrêté le 2 septembre 2024, à la suite de ses propos tenus à Lubumbashi le 27 août dernier. Le ministère public le poursuit pour les infractions de propagation de faux bruits et d'incitation de la population à désobéir aux lois.

ODN