Lubumbashi : 270 détenus libérés de la prison centrale de Kasapa

Mardi 8 octobre 2024 - 14:43
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Le ministre d'État à la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, s'est rendu en la prison centrale de Kasapa, à Lubumbashi (Haut-Katanga), pour une visite marquée par des annonces importantes dont notamment la libération conditionnelle de 270 prisonniers, y compris 40 malades, le lundi 7 octobre 2024.

Accompagné des autorités judiciaires locales, le ministre d'État Constant Mutamba a rencontré des détenus dans des conditions difficiles. Il a précisé que cette visite s’inscrit dans la volonté du gouvernement de mettre fin aux détentions arbitraires et de désengorger les prisons.

La visite du ministre d'État a débuté par une inspection du dispensaire de la prison, où il a rencontré plusieurs détenus malades. Constant Mutamba, sensible à leur situation, a ordonné sur place leur libération.

Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large visant à soulager les prisons surpeuplées et à permettre aux détenus souffrants de bénéficier des soins médicaux appropriés en dehors des murs carcéraux, a-t-il expliqué dans un message en swahili.

Lors de son passage dans le dortoir des femmes, Constant Mutamba a écouté le récit bouleversant d’une détenue qui affirme avoir été arrêtée à la suite d'un conflit familial.

"Ce sont mes beaux-parents qui m'ont fait arrêter", a-t-elle déclaré.

Elle raconte que son beau-père, ne voulant pas que son fils l’épouse, l’a accusée à tort du meurtre de son mari, alors que ce dernier avait en réalité été envoyé à l’étranger. Condamnée à sept ans de prison, elle a déjà purgé cinq ans sans qu'un plaignant ne se soit jamais manifesté.

Dans une autre section de la prison, un détenu a expliqué avoir été incarcéré, avec ses deux frères, après un différend concernant une blessure infligée à son fils par un enfant d'un officier de police judiciaire (OPJ).

"Lors du procès, son père a changé l'histoire", déplore le prisonnier, soulignant que lui et ses frères sont en prison depuis deux ans pour une accusation qui, selon lui, est fausse.

Des détentions arbitraires dénoncées

Après avoir visité les dortoirs des hommes, des femmes, et des enfants, Constant Mutamba a fermement rappelé que le président de la République, Félix Tshisekedi, ne tolère plus les détentions sans procès ou jugements.

"Le président de la République ne veut pas entendre parler de détentions sans procès, sans jugements", a insisté le ministre, soulignant que la place des enfants est à l'école, non en prison.

"La prison n'aide pas l'enfant, mais détruit son avenir", a-t-il ajouté, dénonçant les incarcérations de mineurs.

Libération conditionnelle pour 270 détenus

Lors de sa visite, le ministre d'État a également annoncé la libération conditionnelle de 270 détenus. Cette mesure, qui fait partie des efforts pour désengorger les prisons, vise à offrir une seconde chance aux détenus dont la libération ne pose pas de danger à la société. Constant Mutamba a tenu à réfuter les accusations circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles des délinquants notoires, comme les "kulunas", seraient relâchés pour recommencer à voler.

"Je viens de visiter le dispensaire, et je me suis rendu compte qu'il y a des gens qui ne devraient pas être ici", a-t-il déclaré, faisant référence aux détenus ayant purgé de longues peines sans jugement.

Le ministre d'État a également précisé que les prisonniers souffrants seraient priorisés pour la libération, afin qu'ils puissent recevoir des soins appropriés. Il a appelé à ce que les prisons soient remplies non pas de victimes d'injustices, mais plutôt de grands criminels et de détourneurs de deniers publics.

La prison centrale de Kasapa, construite pour une capacité de 680 détenus, héberge actuellement 2.290 prisonniers, dont 79 femmes et 29 enfants. Cette surpopulation pose de sérieux défis, tant en termes de gestion carcérale que de conditions de vie pour les détenus. La visite de Constant Mutamba et les libérations annoncées témoignent de la volonté des autorités de remédier à cette situation critique.

Patient Lukusa, à Lubumbashi