Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Dieudonné Kamuleta, a mis fin au bras de fer observé récemment entre le ministre de la Justice et garde des sceaux et les syndicats des magistrats.
Il a, avant tout, tenu une réunion, jeudi 22 août 2024, avec les six syndicats des magistrats reconnus, au cours de laquelle il les a exhortés à l'importance de dialoguer chaque fois qu'il y a des problèmes.
Le juge - président Dieudonné Kamuleta a, sur un ton ferme, fustigé l'approche adoptée par les magistrats pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié d'excès de pouvoir de la part du ministre de la Justice. Il a condamné le recours aux médias comme canal de revendications.
« L'image publique que nous avons donnée ce dernier temps risque de donner une lecture qui n'est pas correcte de ce que nous sommes. Je vous rappelle que vous êtes d'abord magistrats. Vous êtes membres d'un pouvoir. Ce qui fait que votre action syndicat doit se démarquer. Elle doit montrer que dans vos revendications, vous êtes des femmes et des hommes d'État. L'opinion qui se dégage maintenant est qu'il y a un bras de fer entre les magistrats et le ministre de la Justice. Cette image-là ne peut pas être acceptée », a déclaré Dieudonné Kamuleta.
Le président du CSM estime que s'il y a des réclamations à faire, ce n'est pas sur les réseaux sociaux que cela va se régler. Il rappelle qu'entre le ministère de la Justice et garde des sceaux et son organe qui gère les magistrats en République démocratique du Congo, il n'y a jamais eu de barrières.
« Faisons en sorte que ce qui se fait ne se reproduise pas. Là, c'est le président du CSM qui vous parle. S'il y a des problèmes à régler, vous connaissez la procédure. Quand on sent que le corps est touché, quoi de plus normal que d'aller vers l'autorité qui aurait piétiné ou touché. Abstenez-vous d'utiliser les réseaux sociaux. Vous n'êtes pas n'importe qui. Moi, je n'ai jamais eu de compte sur les réseaux sociaux. Entre le CSM et le ministère de la Justice, il n'y a jamais eu de mur et il n'y en aura jamais. Nous sommes les deux mamelles d'un même corps », a-t-il indiqué.
Le juge président Dieudonné Kamuleta a saisi cette occasion pour appeler les magistrats à revenir aux fondamentaux et à éviter de donner l'impression à l'opinion qu'il existe une chamaillerie entre les magistrats et le ministre de la Justice.
« Rentrons aux fondamentaux et faisons en sorte que nous ne puissions pas donner à l'opinion de croire qu'il y a des problèmes individuels, des frictions parce que nous, en tant que bureau, c'est nous qui portons la magistrature, à notre niveau, il n'y a jamais eu de frictions. Qu'on entende plus parler de ces pratiques », a-t-il conclu.
Juste après, le président du Conseil supérieur de la magistrature, Dieudonné Kamuleta Badibanga, a eu une autre réunion avec le ministre d'État chargé de la justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba autour de la même problématique.
« C'était une réunion de concertation pour aborder toutes les questions qui ont défrayé la chronique les trois derniers jours. Nous avons arrondi les angles. Nous nous sommes accordés que nous devons tous nous inscrire dans la droite ligne des réformes voulues par son excellence, le président de la République qui veut que notre appareil judiciaire soit systématiquement reformé pour que la justice soit réellement rendue en faveur du peuple congolais », a déclaré au sortir de la rencontre Constant Mutamba.
À l'en croire, le malentendu qui a existé entre lui et les syndicats des magistrats appartient au passé. Désormais, a-t-il indiqué, tous les problèmes qui concernent l'appareil judiciaire congolais seront traités à l'interne en lieu et place des médias.
« Il n'y a pas de problème entre le ministre d'État, ministre de la Justice et garde des sceaux, et les membres du Conseil supérieur de la magistrature et les magistrats en général. Il y avait évidemment quelques malentendus. Il était question de pouvoir faire l'état des lieux de l'appareil judiciaire. Nous avons épinglé la nécessité qu'il y a d'opérer des réformes dans le sens de lutter drastiquement contre la délinquance économique et financière. Nous nous sommes accordés que cela se fera désormais dans un climat d'harmonie parfaite et qu'à partir de ce jour, il n'y aura plus de déclarations, que ce soit de la part des syndicalistes, que ce soit de la part des membres de cabinet du ministre de la Justice. Désormais, toutes les questions qui concernent l'appareil judiciaire passeront par ce cadre de concertation », a dit le ministre de la Justice.
Rappelons que dans les communiqués publiés récemment, le Syndicat autonome des magistrats (Synamag) et l'intersyndicale des magistrats du Congo ont accusé le ministre de la Justice de placer tous les maux qui rongent l'appareil judiciaire congolais sur le dos des magistrats.
ODN