Dans son arrêt rendu à l'audience du samedi 1er juin 2024, la Cour militaire de l'ex Kasaï-Occidental siègeant en matière répressive au premier degré en chambre foraine à Tshikapa, s'est déclarée incompétente pour juger le commissaire divisionnaire adjoint de la Police nationale Congolaise (PNC), le général Polydore Omokoko et le sénateur Hubert Mbingho, cités parmis les 10 présumés auteurs des crimes graves lors de l'insurrection Kamuina Nsapu et Bana Mura au Kasaï.
Par conséquent, elle a invité les victimes à se référer à la juridiction compétente.
"Dans la présente cause, vous avez remarqué qu'il y a un général et un sénateur. La Cour militaire ne juges pas les généraux. Elle juge les officiers supérieurs et les autres moins gradés. Les victimes, par leurs avocats, doivent se référer à la juridiction compétente", a déclaré le premier président de la Cour militaire de l'ex Kasaï-Occidental, Innocent Mayembe.
Cet arrêt réjouit les avocats de la défense. Mais une déception du côté avocats des victimes qui attendaient la réparation des préjudices.
"C'est triste et c'est une déception ! Qui ne sait pas que ces événements étaient des tristes évènements, précisément à Kamonia avec Bana Mura. Ces événements ont endeuillé plusieurs familles. Nul n'ignore qu'il y a eu des graves atrocités, des graves violations des droits humains, des pillages, des meurtres, des viols, des choses impossibles", a déclaré maître Isaac Ntambwe Longombe.
En 2017, plusieurs villages, dont celui de Kamonia, dans le territoire de Tshikapa, ont été attaqués par une milice liée à l’insurrection armée de Kamuina Nsapu et de Bana Mura. De nombreuses exactions ont été commises contre la population civile lors de ces attaques : meurtres, pillages, destruction de biens public et privés, tortures et viols contre des centaines de civils, disparitions forcées, en représailles à leur refus de collaborer avec ces groupes armés.
10 prévenus étaient poursuivis pour qu'ils répondent de leurs actes contre 119 victimes devant le Tribunal militaire de l'ex Kasaï-Occidental. Ce tribunal s’etait déplacé en audience foraine à Kamonia, le lieu où les crimes ont été commis, afin de faciliter l’accès à la Justice pour les victimes ainsi que la communauté locale.
Ce procès était organisé avec l'appui de TRIAL International, PARJ 2 et de l’Agence suédoise de coopération pour le développement international (SIDA).
Ce procès etait un premier pas vers la Justice et la réparation pour les victimes de ces crimes odieux dans la région du Kasaï.
Fabien Ngueshe, à Tshikapa