Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le vendredi 6 octobre 2023 à Kinshasa, les avocats du journaliste Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint du média en ligne Actualité.cd et correspondant de Jeune Afrique, ont plaidé une fois de plus en faveur de sa mise en liberté provisoire.
Me Ndikulu Yana, porte-parole de ce collectif d'avocats, a souligné que la détention prolongée de leur client à la prison centrale de Makala est irrégulière.
« À ce jour, plus de 15 jours après le prononcé du Tribunal de paix de Gombe, notre client est maintenu en détention sans la moindre justification légale et en violation des dispositions des articles 27 et 28 du Code de procédure pénale. Une requête introduite par les avocats sollicitant une main levée pure et simple de cette détention qui viole la Constitution et les lois de la République a été introduite devant le même Parquet qui n'y a réservé la moindre suite », a-t-il déclaré.
Les avocats ont également souligné qu'il n'y a aucun élément de preuve indiquant que leur client pourrait tenter de se soustraire à la justice. Son domicile est connu et son identité ne soulève aucun doute. De plus, ils estiment que les accusations graves portées contre lui par le Parquet semblent dépourvues d'indices de culpabilité concrets.
« À ce jour, rien ne justifie la détention provisoire de celui-ci, qui est un journaliste particulièrement reconnu dans son pays comme à l’international et dont la rigueur et le professionnalisme sont très largement appréciés. De même, pour le collectif, aucun élément tangible n’indique à ce jour, qu’il pourrait tenter de se soustraire à la justice tant son domicile est connu, tant son identité ne soulève le moindre doute, encore que des indices sérieux de culpabilité allégués par le Parquet ne semble nullement établis. Lui accorder la liberté, même provisoire n’entravera pas le cours de la procédure, étant entendu que notre client a fourni toutes les garanties qui permettent à la justice d’établir qu’il ne peut aucunement faire obstruction et qu’il est pleinement disposer à coopérer en cas de besoin. C’est à ce titre que nous réitérons notre requête, recommandant à l’autorité judiciaire compétente de daigner accorder à notre client le bénéfice d’une liberté provisoire afin de lui permettre de comparaitre au reste des procédures en homme libre », a indiqué Me Ndikulu Yana.
Pour le collectif de la défense de Bujakera, il n'y a pas d'implication individuelle dans les griefs qui lui sont reprochés, en notant que l'article de presse en question, publié par Jeune Afrique, ne porte pas la signature de leur client. Par conséquent, Me Ndikulu Yana a dénoncé la violation de l'article 17 alinéa 8 de la Constitution par le Parquet de grande instance de Gombe.
Le journaliste Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre dernier à l'aéroport international de N'djili, à Kinshasa, alors qu'il s'apprêtait à prendre son avion pour se rendre à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.
Des charges lourdes pèsent sur lui notamment faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat, propagation de faux bruits et transmission de messages erronés et contraires à la loi. Il est poursuivi à la suite de la publication par le magazine Jeune Afrique d'un article qui ne porte pas sa signature sur les circonstances de la mort du député national Chérubin Okende sur base d'une note confidentielle de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR).
De nombreuses personnalités et organisations, tant au niveau national qu'international, continuent à exprimer leur soutien à Bujakera et demandent sa libération immédiate. Sa détention prolongée suscite l'inquiétude de ceux qui défendent la liberté de la presse et les droits de l'homme.
Merveil Molo