De 2002 à 2022, cela fait exactement 20 ans depuis que Médecins Sans Frontières (MSF) implémente son projet de prise en charge gratuite des personnes vivant avec le VIH/SIDA en RDC.
Au cours d'une conférence de presse tenue ce mardi 15 novembre, les responsables de cette ONG internationale ont noté des reculs considérables dans la lutte contre cette maladie dans le pays de Felix Tshisekedi, au-delà de quelques avancées réalisées.
S'appuyant sur les chiffres de l'ONU/SIDA, Dr Gisèle Mucinya, référente médicale du projet VIH/SIDA au sein de MSF, affirme que 14.000 personnes sont décédés des suites du VIH SIDA en 2021, en RDC. Elle pointe du doigt l'accès et la disponibilité du traitement et plaide pour l'augmentation des financements.
"Ces 20 ans sont un anniversaire, mais à goût amère. Il y a des avancées réelles à célébrer, mais les problèmes qui subsistent encore gâchent la fête. Cette situation se paye cache. 14.000 personnes meurent encore aujourd'hui du VIH/SIDA en RDC. C'est l'estimation de l'ONU SIDA pour l'année 2021. La situation actuelle appelle donc à une accélération des efforts et aussi à l'augmentation des financements", a-t-elle plaidé.
Selon toujours l'ONU SIDA citée par MSF, plus plus de 500.000 personnes vivent actuellement avec le VIH SIDA en RDC. Près de 20.000 d'entre elles ont contracté le virus au courant de l'année 2021.
Au nombre des défis, Gisèle Mucinya a cité notamment les barrières financières et culturelles qui empêchent l'accès au dépistage et au traitement. Elle affirme qu'il existe actuellement en RDC des zones non couvertes par les antirétroviraux (ARV) et qu'un patient sur cinq seulement n'a pas accès au traitement sur toute l'étendue du territoire national.
"Aujourd'hui, on constate des zones non couvertes en entièreté par les ARV en RDC. Si on doit arriver à réduire le SIDA en RDC, le traitement doit être gratuit et accessible pour tous. On dit aujourd'hui qu'un patient sur cinq n'a pas accès aux ARV en RDC. On dit également que deux enfants sur trois n'ont pas accès aux antirétroviraux. Ce qui est triste. Tout cela est lié au fait que le gouvernement n'a pas beaucoup de moyens pour répondre seul à cette lutte. Il s'appuie sur les bailleurs qui contribuent. Mais cette contribution doit être augmentée", a-t-elle indiqué.
A l'en croire, à l'allure où vont les choses, il est difficile de parler de zéro naissance sans SIDA en RDC, moins encore d'une génération sans SIDA d'ici 2030. Suite à l'indisponibilité des tests, soutient-elle, actuellement 42% seulement des femmes enceintes sont dépistées en RDC, contre 11% seulement des bébés nés des femmes séropositives qui ont accès au dépistage.
"On doit améliorer le dépistage des femmes enceinte. Aujourd'hui, on est à 42% des femmes enceintes qui sont dépistées en RDC. Ce qui montre d'énormes efforts à fournir. Aujourd'hui, il y a que 11% des bébés nés des femmes positives au VIH SIDA qui ont accès au dépistage. C'est difficile aujourd'hui de parler de zéro naissance sans SIDA en RDC", a-t-elle conclu.
Le cordonnateur adjoint du projet, Bonard Kiala, et le responsable médical adjoint de la mission MSF RDC, Zakari Moluh, ont tour à tour présenté les réalisations de leur institution durant les 20 ans d'existence en RDC. Au-delà du package gratuit des soins, ils ont cité des initiatives prises ici et là pour lutter contre la stigmatisation et rendre aussi accessible que disponible le dépistage et le traitement au VIH /SIDA.
Cette conférence de presse était aussi l'occasion pour MSF de décliner les activités qu'elle compte mener dans le cadre de 20 ans de lutte contre le VIH SIDA en RDC. Elle annonce des expositions photos, du 15 au 19 novembre à l'Académie des beaux-arts, et du 1er au 03 décembre à la gare centrale. Elle projete aussi une caravane motorisée le 19 novembre, une campagne de dépistage gratuit du 21 au 25 novembre dans différents coins de Kinshasa et une marche pour le 3 décembre.
Orly-Darel Ngiambukulu