C’est un véritable pavé dans la marre que vient de jeter le Gouverneur militaire du Nord-Kivu Constant Ndima Kogba au sujet du Rapport d’avril 2022 de l’ONG britannique Global Witness intitulé «La laverie ITSCI : enquête sur un programme de diligence apparemment impliqué dans le blanchiment des minerais de conflit». Dans une réaction musclée adressée au Responsable de cette organisation basée à Londres en date du 1er juin 2022, il qualifie, sans ambages et sans porter des gants, ledit rapport de tissus d’allégations infondées aux antipodes de la réalité sur le terrain. Rapport produit dans le but de discréditer, pour les besoins de la cause, les chaînes d’approvisionnement des minerais, singulièrement les 3T, dans le Nord-Kivu en général et dans le Masisi en particulier afin de les frapper d’accès sur le marché international.
L’Autorité politico-militaire du Nord-Kivu, qui avait mis en branle la Commission de Suivi des Activités Minière dans sa province pour analyser le rapport dont question, se demande si la position de N°1 dans la production de coltan qu’occupe la RDC depuis 2017, après l’amorce de la maîtrise du flux de la production suite aux efforts consentis par le Gouvernement et les autres services de l’Etat habilités du secteur minier et de celui de la défense et sécurité, n’enchante pas tout simplement Global Witness et tous ses commanditaires tapis dans l’ombre.Il s’interroge ainsi avec raison sur la réelle motivation de l’ONG britannique à vouloir qualifier coûte que coûte les minerais extraits de la chaîne d’approvisionnement de Masiside minerais de conflit. Ceci en ce que plusieurs allégations contenues dans le rapport étant de nature à porter atteinte à la réputation des minerais du Nord-Kivu et des acteurs du secteur aux fins de les soustraire du marché international.
Le Gouverneur militaire du Nord-Kivu relève des inconvenances tant au niveau de la forme que du fonds dans le récit de Global Witness. Il se veut de la sorte formel : «C’est une enquête menée dans le Masisi et à Walikale sans recueillir les avis et considérations des instances officielles et sansprésentation des civilités. Il s’inscrit dans le cadre des démarches visant à détruire les chaînes d’approvisionnement des 3 T dans la Région des Grands Lacs et à diaboliser les FARDC, la PNC, les fonctionnaires de l’Etat et ses partenaires qui maîtrisent bien la traçabilité des minerais de la Région ».Et de s’étonner que seule la chaîne d’approvisionnement du coltan soit mise en cause et non celles de la cassitérite et du wolframite alors que tous ces minerais sont exploités concomitamment sur les gisements mixtes. Comment donc ces deux autres minerais extraits dans les mêmes conditions sont «free conflict» ?
Constant Ndima soutient avec véhémence que Global Witnessa mené des enquêtes de manière inquisitoire. Il l’accuse de collusion avec SMB SARL (Société Minière de Bisunzu) en ce qu’elle ne s’appuie exclusivement que sur les déclarations de cette dernière considérées comme des paroles d’évangile, faisant ainsi fi des avis et considérations d’autres acteurs, voire du SAEMAPE, le service de l’Etat en charge de l’exploitation minière artisanale et des petites mines, et de la Division provinciale des mines et de géologie, dont le Gouverneur militaire s’est fait le devoir de joindre leurs notes à sa réaction. C’est comme si, ajoute-t-il, en dehors de SMB SARL, aucun autre acteur du secteur n’est éligible à l’activité minière. Et de noter : «Global Witness s’érige unilatéralement en organe souverain d’arbitrage des conflits opposant, d’une part, SMB SARL et SAKIMA SA, et d’autre part SMB SARL et les autres entreprises minières de la place au mépris des jugements et arrêts rendus par les juridictions civiles et militaires dont les copies ont été portées à sa connaissance».
Pour rien au monde, l’Autorité politico-militaire a souligné qu’«avec les tous les efforts consentis, le Nord-Kivu et le Gouvernement de la République ne toléreront en aucun cas que les chaînes d’approvisionnement subissent les conséquences de la concurrence déloyale entre les programmes de diligence raisonnable et de traçabilité RCS GLOBAL et ITSCI d’une part, et de la lutte pour le contrôle des minerais stratégiques par les multinationales d’autre part». Et de renchérir : «Le conflit commercial opposant SAKIMA SA et SMB SARL, la compétition entre les multinationales pour le contrôle des minerais, ainsi que la concurrence que se livrent les systèmes BSP et ITSCI ne devraient pas être le centre d’intérêt de Global Witness pour déstabiliser la chaîne d’approvisionnement des minerais des 3 T de l’Est de la RDC et discréditer les FARDC et les services de l’Etat congolais engagés dans la lutte acharnée contre la fraude et la contrebande minières. Le Nord-Kivu ne devrait pas être le bouc émissaire des conflits opposant des acteurs privés intéressés à l’approvisionnement des 3 T dans la Région».
En dehors du N°1 du Nord-Kivu, d’autres acteurs, et non de moindres, ont donné aussi de la voix. Balayant d’un trait les allégations de l’ONG britannique, COOPERAMMA (Coopérative des Artisans Miniers de Masisi) a, dans sa réaction du 05 mai 2022, recommandé qu’avant de penser à ce genre d’études ou à la collecte des données, il est indispensable de rencontrer toutes les parties prenantes pour une confrontation à la réalité avant qu’un tel rapport ne soit mis sur la place publique au risque qu’il soit taillé sur mesure.
La Société civile du Nord-Kivu, engagée par Gervais Hakizimana, Pascal Basenga, Kizito Habyarimana et Pascal Lukoo, n’est pas restée en marge. Dans sa déclaration du 18 mai 2022 à partir de Rubaya, elle dit non à toutes les manœuvres tendant à replonger le Masisi et les autres zones minières dans une situation de misère et d’écroulement du tissus économique à travers un boycott de minerais y extraits. Déplorant la campagne orchestrée contre tous les efforts consentis pour la traçabilité, ainsi que la mise en œuvre du dossier de diligence par les acteurs de la chaîne d’approvisionnement, elle fustige la lutte de positionnement entre BSP et ITSCI, dont le règlement des comptes se fait par la stratégie de discrédit de la chaîne d’approvisionnement.
La seule réaction saluant le rapport de Global Witness émane de SMB SARL par le biais de son Directeur-Gérant Ben Mwangachuchu, jeune frère du patron Edouard Mwangachuchu à travers un forum sur Tweeter. Il remercie l’ONG britannique d’avoir démontré comment et quand la violence a élu domicile à Rubaya à la suite des prix spéculatifs pratiqués par des traders internationaux utilisant les compagnies congolaises !
Ci-dessous l’intégralité de la réaction du Gouverneur militaire du Nord-Kivu au rapport de Global Witness.